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- Membre : The Silencers

The CELTIC SOCIAL CLUB - The Celtic Social Club (2014)
Par MARCO STIVELL le 14 Juillet 2014          Consultée 3449 fois

La musique, que dis-je, les musiques celtiques font partie des premiers courants traditionnels à avoir épousé les mouvements actuels en grande pompe, depuis les années 1950 et 60. Dans les périodiques rock, on citera les influences indiennes des sixties, bien plus partialement (rappelons que le rock descend du blues et en partie de la country, fortement imprégnée de musique irlandaise et écossaise...). Le mot celtique est arrivé à une forme de polygamie des styles, et aujourd'hui, on ne rougit plus en parlant du concubinage avec l'électro, le rap, le reggae même. Preuve que les musiques en général se recoupent facilement ; le reste n'est qu'une affaire de complexes...

C'est en ce sens qu'intervient le CELTIC SOCIAL CLUB, dans un monde artistique en quête de renouvellement perpétuel, autant que de rencontres. À l'occasion d'un mixage dans un studio de New York, Jean-Pierre Riou et Manu Masko, du groupe breton Red Cardell, diffusent une vidéo de leur Fest-Rock qui fait une excellente impression à Frequency, producteur d'Eminem et Snoop Dog. Quelques mois plus tard, Manu Masko, visionnant à son tour une prestation du Buena Vista Social Club, est séduit par l'idée d'une formule inédite.

Masko, Jean-Pierre Riou et leur ami Mathieu Péquériau, également des Red Cardell, créent une formation de musiciens à laquelle s'ajoutent la voix et la guitare de Jimme O'Neill, leader des Silencers qui, à l'instar de Pat O'May, fait partie des Gaels établis en Bretagne. Le violon est tenu par Pierre Stéphan, la basse par Richard Puaud et la cornemuse par le désormais bien connu Ronan Le Bars. L'idée est donc une ouverture au sens large de la musique celtique, sous forme de grande fête et, logiquement, avec un certain nombre d'invités.

Néanmoins, le CELTIC SOCIAL CLUB se démarque de l'Héritage des Celtes, par exemple. En effet, le projet de Dan Ar Braz, fer de lance de la seconde vague celtique durant les années 90, était aussi important sur le plan musical que personnel. L'orchestre était énorme, les vedettes intervenaient à tour de rôle, mais figuraient à plein temps. Le CELTIC SOCIAL CLUB est plus modeste, avec un noyau dur de sept musiciens et des invités occasionnels, au moins pour l'album.

Un album d'une quarantaine de minutes, enregistré et produit à La Sirène de la Rochelle, publié par Keltia Musique. Les morceaux contiennent des emprunts à des airs de tous les pays celtiques, de la Bretagne à l'Irlande en passant par la Cornouailles et la Galice, auxquels sont apportées d'autres influences, essentiellement orientées black-music, mais surtout adaptées en fonction de l'intervenant(e). À ce titre, Colline Hill, bretonne de Belgique, vient prêter sa voix superbe à la ballade «Time to Love», non moins élégante.

La surprise vient essentiellement des premiers et derniers morceaux, florilèges de croisements entre celtes et chanteurs de rap (l'Américain IC Will) ou de reggae (le Jamaïcain Winston McAnuff), eux-mêmes descendants de Gaels irlandais et écossais. Un sentiment jusqu'au-boutiste se dégage ainsi d'une atmosphère aussi authentique qu'audacieuse, qui risque fort d'ulcérer les puristes. Pourtant, comment ne pas adhérer aux enchevêtrements des voix de IC Will et de Jean-Pierre Riou sur le reggae explosif de «Celtic Social Club», ou la formule soul-ska de «Loudéac» interprétée fort à-propos par Winston McAnuff ? Vous pensez à Kingston, au Bronx : ça vient de Bretagne...

«Carolan's Party» et «Rose in the Heather» sont propices à des récréations dansantes, chantées ou non, où le banjo, le violon et la cornemuse portent la rythmique. Sur «Kroas Hent», un tempo blues rural sert une complainte bretonne. Le dernier titre, «Goadec in da Club», utilise un sample de la voix de Louise Ebrel, fille d'Eugénie Goadec, cadette des soeurs du même nom, voix légendaires de la Bretagne, et qui prouve à elle seule combien le mariage du kan ha diskan et du rap paraît naturel. Le travail sur ce titre évoque par ailleurs celui d'Alan Stivell sur «La Mémoire de l'humain» (1 Douar, 1997), en plus actuel.

Dans une ambiance très différente, le planant «A Song of the Islands» nous perd dans la brume d'Iroise, et la ballade à tendance irlandaise «Princess of Lorient», hantée par le chant éraillé de Jean-Pierre Riou, font briller les uilleann pipes de Ronan Le Bars, à la manière de Paddy Moloney... La diversité est donc de mise. On peut considérer ce premier essai, joliment soigné côté réalisation (ce n'est pas forcément toujours le cas des premiers albums sans titre), comme plutôt concluant, fortement enthousiasmant. Au point que le groupe apparaît comme création de l'année aux Vieilles Charrues ce mois de juillet, entre Tinariwen et Sir Elton John...

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   MARCO STIVELL

 
   GEGERS

 
   (2 chroniques)



- Manu Masko (batterie, claviers, samples, choeurs, direction ar)
- Jimme O'neill (chant, guitares)
- Jean-pierre Riou (banjo, mandoline, guitares, chant)
- Ronan Le Bars (uilleann pipes, low whistle)
- Mathieu Péquériau (harmonica, washboard, guimbarde, choeurs)
- Pierre Stéphan (violon)
- Richard Puaud (basse, choeurs)
- + Winston Mcanuff (chant)
- Ic Will (chant)
- Colline Hill (chant)
- Louise Ebrel (chant)
- Steven Bodenes (bombarde)


1. Celtic Social Club
2. Loudéac
3. My Blessed Boy
4. Princess Of Lorient Intro
5. Princess Of Lorient
6. Carolan's Party
7. A Song Of The Islands
8. Kroas Hent
9. Rose In The Heather
10. Time To Love
11. Ar Martolod Farw
12. Goadec In Da Club



             



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