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1997 Feelin' Good
1999 Rollercoaster

The NIGHTPORTERS - Feelin' Good (1997)
Par LE KINGBEE le 13 Juin 2019          Consultée 945 fois

Tout amateur de musique peut se remémorer des concerts d’anthologie. A titre personnel, je me souviens parfaitement des prestations de J GEILS BAND, George THOROGOOD, ZZ TOP, Tony Joe White, ou MAGIC SAM dans les années 80, comme si elles s’étaient déroulées hier. J’ai également de superbes souvenirs de formations nettement moins connues comme les toulousains d’AWEK, le Flying Gumbo Special de Bordeaux, MERCY, un trio de Swamp dévastateur, ou bien encore du guitariste américain Sean Carney. Les NIGHTPORTERS peuvent se targuer de rentrer dans cette catégorie de groupe méconnu aux prestations scéniques généralement ravageuses.

Originaire de Torbay, au Sud de la Perfide Albion entre Plymouth et Exeter, ville où auront habité WISHBONE ASH mais aussi les auteurs Agatha Christie ou Rudyard Kipling, le combo s’est fait connaitre à la fin des nineties en multipliant les concerts sur ses terres mais aussi en Belgique, Pays Bas, Allemagne, Scandinavie. Chez nous, le quatuor s’était livré à une performance dantesque au Centre Jean-Roger Caussimon de Tremblay, l’un des derniers bastions Blues d’Ile de France. Il fallait voir Chris Robbins-Davey jongler avec sa contrebasse comme d’autres trimbaleraient un ukulélé. En 1997, le quatuor décide de quitter ses pénates pour s’établir à Newton Abbot, une bourgade à 12 bornes plus au nord, toujours dans le Devon. En avril de la même année, le groupe enregistre alors son premier album studio se retranchant au Sawmills Studio, un petit studio basé à Fowey dans les Cornouailles, là où Robert Plant enregistra « Fate Of Nations » et où MUSE mettra en boite ses trois premiers disques.

Formé en 1993, si la formation avait jusqu'alors sévi sur la scène européenne en proposant des concerts hauts en couleurs, bourrés de peps et de bonne humeur tout en respectant les schémas les codes du Blues et du R&B, l’apparition d’un premier album studio pouvait étonner, on attendait plutôt le groupe autour d’un Live. Si le combo est avant tout un groupe de scène, il réussit remarquablement sa mutation en studio, proposant à la fois un travail où le sérieux et les classiques viennent s’emboîter à des relectures souvent ahurissantes et festives, tout en honorant les us et coutumes du Blues. Tout un art !

D’entrée « Mellow Down Easy »⃰, grand classique de Willie DIXON popularisé par Little Walter puis le rockeur Ric Cartey, met les choses au point. L’harmonica virevolte, la contrebasse rentre dans la danse alors que la rythmique ne cesse de mettre la guitare au diapason. Un morceau de 3 minutes et des brouettes qui parait trop court, on aurait pouvoir sautiller sur le titre quelques minutes de plus : « You jump jump here- You jump jump there-You jump jump jump everywhere-Then you mellow down easy … ».

Seconde plage et seconde vague dévastatrice avec « Let’Er Roll », un inusité de Sid King gravé à l’origine en 1956 pour la Columbia. On se demande comment une telle tuerie n’est pas montée dans les charts en son temps ? Martin Vowles délivre ici des passages de guitares dignes de ceux de Billy King, le petit frangin de Sid pour une pépite de Rock n Roll texan. Avant de connaitre la gloire avec ELVIS, Johnny CASH et Jerry Lee LEWIS, le label Sun avait enregistré quelques bluesmen noirs, parmi lesquels Junior Parker, l’auteur de « Feelin’ Good », un proto rockabilly bien rustre et brut de décoffrage. Si certains connaissent les versions des FABULOUS THUNDERBIRDS, des INMATES ou de l’ancien et regretté chroniqueur Cub Koda, ils ne devraient pas être déçus avec la présente version qui monte crescendo, le chant et la guitare de Ian Roberts prenant de l’amplitude.

Les NIGHTPORTERS ont beau imprimer une cadence infernale, ils savent que la pâte à crêpe doit se reposer de manière à bien gonfler une fois dans la poêle. « Blue And Lonesome », hit mineur de LITTLE WALTER et blues lent par excellence permet de laisser reposer les soupapes. Une version sur laquelle la guitare tisse une intensité dramatique superbement maîtrisée et à notre sens, bien supérieure à la récente version des STONES. Peut-être la meilleure reprise avec celle de Billy Boy Arnold.
Avant de tomber dans l’escarcelle du Delta puis du Chicago Blues via Muddy WATERS, « Rollin’ And Tumblin’ » œuvre du songster Hambone Willie Newbern fera la joie des tavernes de Brownsville. On ne compte plus les reprises, les puristes se tourneront vers celles d’Elmore JAMES, Johnny Shines ou R.L. Burnside, les amateurs de Blues Rock vers CREAM, BLACKFOOT ou Johnny WINTER, les fans de Pub Rock vers DR. FEELGOOD. A chacun sa sauce mais nos anglais nous assènent encore une démonstration où viennent se conjuguer feeling, groove, maîtrise, sens du rythme et fantaisie. Petit intermède avec « Certainly All », une obscurité New Orleans de Guitar SLIM, délivrée ici sous forme de Rag Boogie. Sympa mais plus anecdotique qu’essentiel.

Le CD s’achève sur un moment de douceur avec « Love In Vain », œuvre de Robert Johnson gravée en juin 1936, connu pour son pacte avec le diable et auteur de 29 titres mythiques. Les Nightporters nous offrent une version moins acoustique que celle des STONES que certains jugeront aujourd'hui un brin scolaire privilégiant la slide pour intensifier l’aspect dramatique. Mais comment ne pas terminer cette chronique par « Hip Shake », très proche variante du « Shake Your Hips » de Slim Harpo avec une version étourdissante de plus de 7 minutes se buvant comme du petit lait. Si le titre a connu moult versions (Lou Ann Barton, Joan OSBORNE, STONES (encore eux), Love Sculpture ou les Big Town Playboys de Mike Sanchez) Ian Roberts et ses potes nous invitent à remuer des hanches sur un tempo aussi imparable qu’indémodable. Même un sourd serait capable de se tortiller à mourir sur un tel rythme : « I wanna tell you about a dance- Don’t move your Head- Don’t move your hand- Don’t move your lips- Just shake your hips- Do the hip shake, babe ».

Si les anglais n’apportent aucune composition, ils nous offrent ici huit relectures pleines de saveur, de sincérité et d’authenticité. Un album studio qui met en exergue tout le charisme d’un groupe rompu au groove et à la scène. En 2013, le groupe s’est reformé afin de fêter ses 20 ans et donnera quelques sueurs froides à certains programmateurs en mettant carrément le feu aux planches. Si le groupe ne semble plus exister aujourd’hui, on retrouve quelques uns des membres au sein des Wildcards, de Vince Lee Big Combo ou du Primitive Noise Band, trois formations qui aiment en découdre sur scène.
Et n’oubliez pas le principal : Shake your hips, babe ! Le chaînon manquant entre les INMATES et les STONES.

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   LE KINGBEE

 
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- Ian Roberts (chant, guitare, harmonica)
- Martin Vowles (guitare, chant)
- Chris Robbins-davey (contrebasse, basse, chœurs)
- Kevin Crowe (batterie, chœurs)
- Ben Waters (piano 1-7-8)
- John Dyke (orgue 5)


1. Mellow Down Easy
2. Let 'er Roll
3. Feelin' Good
4. Hip Shake
5. Blue And Lonesome
6. Rollin' And Tumblin'
7. Certainly All
8. Love In Vain



             



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