Revoilà Jimmy BARNES ! Nous l'avions laissé au beau milieu de ses influences soul dans les régions les plus reculés du sud des Etats Unis, puis autour d'un feu de camp avec des enfants. Le chanteur au look de taulard nous livre aujourd'hui son 17eme opus, mais il s'agit du premier avec du matos original depuis 2010. Comme à l'accoutumée, COLD CHISEL étant en semi sommeil, ses membres s'en donnent à cœur joie. En tout cas, si vous ne connaissez pas et que son look ne vous impressionne pas, sa voix aura tôt fait de vous convaincre que voilà un gars qui ne rigole pas avec son art. IL faut croire qu'il semblait trop dangereux à Angus Young pour prendre la place du Brian ! Bon, la quasi totalité des compos est de Jimmy, voyons de quoi il retourne.

Tout commence avec les deux singles. On débute par le titre éponyme "My Criminal record", ça prête à sourire tant on imagine bien le gars dans une prison avec sa bonne trogne de truand. Pas de doute, voilà un titre en droite ligne des classiques du burin froid, c'est excellent, et la tranche de vie narrée a la même gueule que notre chanteur, ça le fait donc grave. Je dois à la justice de préciser que la compo est de Don Walker, l'âme derrière les compos de COLD CHISEL, rien d'étonnant donc à sa qualité. Puis "Shutting Down ur Town" sonne tellement SRINGTEENienne qu'on ne s'étonnera pas un seul instant de la reprise du Boss un peu plus loin. La chanson est jolie, et dénonce comme dab les injustices sociales qu'on retrouve souvent en Ozz Land. Je n'irai en revanche pas jusqu'à dire que le choix comme single est judicieux, mais elle se laisse bien écouter.

Sinon du lourd de chez lourd, en voila : Un piano bluesy entame "I'm In A Bad Mood" et on se dit de suite qu'on aurait pas envie de rigoler avec ce type là, la gratte rugie et l'ambiance sonne enfiévrée comme dans un bar perdue d'Adelaïde vers 4 heures du mat, à l'heure ou l'alcool provoque les pires bagarres. Ce genre de titre me laisse perplexe, car ils sont largement à la hauteur de celles de COLD CHISEL, pourtant les compositions sont rarement signées de notre chanteur renfrogné. Je n'ai pas d'explications. Le break à l'orgue est tout croquignolet, et le solo déchire. Une très belle composition ! Et parfois, comme il se doit avec le bonhomme, c'est roots, voyez donc cette National qui introduit "My Demon" ou l'homme évoque sur un air très southern rock ses divers combats face aux addictions, le refrain est indéniablement digne de LYNYRD SKYNYRD, bluffant ! Le recours à Dieu n'a rien d'étonnant non plus quand on connait le background chrétien puis bouddhiste du chanteur.

Beaucoup d'histoire de castagne, l'homme joue sur son image à merveille et voilà les deux parties de "Stolen Car". La première est d'un calme tout relatif et on signale de suite une très belle performance au chant. Rien à dire, c'est superbement conçu. La deuxième portion de la chanson est plus rapide, plus raide, n'a rien perdu en pêche, mais rentre dedans comme un gnon dans la tronche. La gratte y tient un rôle de premier plan et on se dit qu'on s'éclate avec cet album... décidément, voilà du Pub Rock de superbe extraction.

Jimmy se souvient qu'li est un dur sur "Money And class" ou la gratte nous pond un riff totalement hard rock, et on se rend une fois de plus à regretter que Monsieur BARNES ne soit pas à la place d'un certain Axl Rose. Quel dommage ! Jimmmy se fend d'une performance de tout premier choix sur la piano de "Belvedere And Cigarettes", il y a du BEATLES sur les harmonies de ce titre et il peut en être fier. Mais que c'est bon ! Puis du rock burné avec des touches AOR, cela donne "If Time Is On My Side", les choeurs proprets et la gratte rappellent Bryan ADAMS, même si la voix est incomparable. Petite comptine à la MELLENCAMP, "I Won't Let You Down" penche entre AOR et intonations folky pop, c'est bien foutu. Et toujours ces promesses si dures à tenir !

Que donnent les reprises ? Ah les chansons sacrées, Jimmy en a pondu des tonnes, mais cette fois le voici qui s'attaque à son idole de jeunesse en la personne de John LENNON. "Working Class Hero" correspond à merveille à ses propres compositions au niveau social, c'est le moins qu'on puisse dire. Il lui donne un peu de son âme et s'en sort très bien même si l'originale est intouchable. Et donc "Tougher Than The Rest" fait planer l'ombre du boss à coté de celle de son collègue australien qui ne lui concède en rien question qualité. Mais tout ceci n'est pas nécessaire à la cohésion de l'album. Je calme de suite les Hardos, non, "Stargazer" n'est pas la reprise de RAINBOW ? Avouez qu'il eut fallut faire le grand écart, monsieur Long John Silver ! Nous avons ici une ballade, un mid slow crépusculaire qui se positionne dans la continuité de son dernier album en date destiné aux enfants, et ça reste bien cool.

Je ne devrai pas être surpris de la qualité de cet opus. La carrière solo de Jimmy, celle du légendaire Burin glacial australien, parlent pour lui en tous points. La voix rauque et éraillée de notre gueulard n'a rien perdu de son mordant, bien au contraire, et comme les années lui donnent un air de parrain mafieux presque respectable, on en vient à considérer l'artiste comme majeur, tant il en impose. Voyez ce regard sur la pochette, il n'incite pas à la franche rigolade. C'est le cas de cet album qui à l'instar des derniers COLD CHISEL se révèle excellent de bout en bout, perclus de blues et d'ambiance roots rock parfois crasseuses, parfois AOR, toujours réussies. C'est très très recommandable et apporte un grand bol de fraîcheur en ce début de chaleur. Allez-y les yeux fermés