On se doutait qu’il n’était pas en grande forme The Good Doctor, depuis qu’il avait annulé, fin 2017, ses concerts au Tipitina’s et que Sarah Morrow, sa trombone et chef d’orchestre jouait avec d’autres musiciens.
Néanmoins, et comme pour Allen TOUSSAINT, son décès le six juin 2019 a provoqué une immense tristesse et pas seulement à la Nouvelle-Orleans. DR JOHN c’est cinquante années de musique, ce sont des collaborations avec un nombre faramineux de musiciens, de tous horizons, de tous les styles.

Il était curieux, toujours prêt à expliquer sa démarche, se mettant derrière un piano pour illustrer ses propos. On retiendra certainement la période du Night Tipper, ses plumes, sa tête de mort sur son piano, ses costumes violet, ce funk torride et sa voix d’outre-tombe, si spéciale, mais tellement envoûtante, plongeant dans la grande tradition vaudou de sa ville. Car on ne peut pas dissocier DR.JOHN de la Nouvelle-Orleans. Il est une part incontournable de son histoire, une fresque peinte recouvre une maison au carrefour de Toledano et Baronne et chacun dans la ville peut raconter une histoire sur lui. Et les vidéos de la second line qui sont visibles sur le Net démontre que sa musique réunissait noirs et blancs, riches et pauvres dans une superbe harmonie.

J’ai vu à plusieurs reprises DR.JOHN en live et je me souviens du dernier concert à Paris, quand il arrive en claudiquant appuyé sur sa canne sculptée, mais quand il s’installe au piano il se métamorphose, et rajeunit de vingt ans devant nous. Magique…. Et ce regret d’avoir loupé une de ses dernières prestations à la Jazz Fest en 2017. Ce jour-là une pluie diluvienne s’était abattue sur la ville et l’ouverture du festival avait été retardée. A dix-sept heures nous apprenions que les concerts de Tom PETTY et du Doctor étaient maintenus, mais craignant, le froid et la boue nous n’y étions pas allés…. Tom et le Doctor sont tous les deux décédés….

Et assez bizarrement, un album live du Doctor est sorti pour le Record Store Day uniquement sous forme de double LP aux USA. La pochette contient peu d’éléments sinon que le concert a été enregistré à Tokyo en 1992 sans précisions sur le line-up qui accompagne le pianiste. Il intègre les grands classiques "Iko Iko"," Big Chief", "Let The Good Times Roll", "My Buddy"…dans des versions excellentes, il faut préciser que les différents groupes qui ont accompagné le Dr tout au long de sa carrière étaient toujours composés de très bons musiciens.

Aussi cet album est un excellent ticket d’entrée pour découvrir la musique de Malcolm John Rebennack
Et si on veut plonger dans l’univers de l’homme, il me semble que Gris-Gris (1968), Babylon (1969), Remedies (1970) Dr John’s Gumbo (1972) sont incontournables pour les seventies même si le son est peu "daté". Dr. John Plays Maco Rebennack (1981) dévoile une autre facette, "Goin Back to New Orleans" (1992) et le superbe "Locked Down" (2012) font partie des incontournables plus récents ainsi que "Creole Moon" (2001) et sa pochette vaudou.

Incontournable également The Musical Mojo Of DR.JOHN : Celebrating Mac And His Music où de nombreux artistes jouent ses morceaux dans un concert fabuleux. Enfin, n’oublions pas les nombreuses collaborations sur les albums de (entre autres) ROLLING STONES, Greg ALLMAN, Johnny WINTER, BLUES BROTHERS, CANNED HEAT, Jimmy VAUGHAN…..

« Such a night, it's such a night / Sweet confusion under the moonlight / Such a night, such a night / To steal away, the time is right »