Vous en avez assez de toute cette violence ? Vous ne supportez plus ce stress permanent ni cette haine jusqu'à plus soif ? Vous désirez intensément trente minutes de confort ouaté et de simplicité douillette. Ceci tombe bien car votre préposé Richard docteur es-bien-être a ce qu'il vous faut. Le premier album de ces Moscovites est la solution idéale en ces temps pas vraiment roses. Le quintet est loin d'être une bise froide de l'Est qui cingle la joue. Il serait même plutôt du genre douce caresse des plus agréables. Moins rêche que leurs compatriotes d'AEROFALL, moins complexes que leurs amis de BLANKENBERGE, les Russes vont rapidement devenir un remède efficace à la morosité ambiante.

Lorsqu'un genre musical tend à étouffer sous le nombre de productions qu'il propose, il devient bien difficile de faire le tri, voire même de connaître l'existence des galettes dignes d’intérêt. C'est à l'évidence le problème qui se pose avec le revival dream pop-shoegaze depuis quelque temps. LIFE ON VENUS fait partie de ces formations que seul le hasard ou la curiosité aident à la découverte. Mais une fois que la petite pépite est trouvée, même précieuse, il est crucial de ne pas la garder pour soi. Car oui, sous leurs airs de ne pas y toucher, ces trente minutes gagnent à être exposées au maximum d'oreilles. Si le nom de SLOWDIVE sera fatalement évoqué à l'écoute de cet album, le groupe délivre cependant de très beaux paysages sonores avec déjà une identité et une maturité étonnantes pour son si jeune âge.

De douce lumière, il en sera question tout au long de ce paisible road trip traversant d'interminables routes boisées. Cet éclat léger, c'est celui tombant en fin de journée et qui transperce « Around The Sun » et « May », les deux premiers titres de la galette. Archétypes d'une subtile pop automnale, ils baignent dans l'eau délicate de la nostalgie et des souvenirs des jours heureux. Les voix de Lina et de Dmitry, à l'image de celles de Rachel Goswell et Neil Halstead de SLOWDIVE, se répondent et se complètent à merveille. Les guitares comme les premières feuilles qui tombent virevoltent et vous font sentir irrémédiablement mélancoliques. Il ne faut pas plus de cinq minutes au combo pour planter brillamment ce décor aux teintes sépia. LIFE ON VENUS, c'est la sérénité incarnée, un périple sans heurt ni saute d'humeur, une croisière alternant introspection et passages un peu moins retenus et contemplatifs.

LIFE ON VENUS se présente même parfois sous des atours tellement pop que l'on pourrait croire qu'il est la dernière signature réactivée du label pop par excellence de Bristol que fut SARAH RECORDS au tournant des années 90. Ecoutez plutôt l'immédiateté de « Pale » et de « Her Hands Are Weak ». Le constat est rapide. On est irradié par l'évidence de la mélodie et la simplicité des émotions qui nous envahissent. Les Russes ont également ce désir inhérent à leur scène de remplir les moindres recoins de l'espace de réverbérations et de guitares légèrement saturées. Ils dessinent alors d'une main sûre des espaces aux atmosphères nourries de zébrures électriques comme le soulignent les courtes 120 secondes brumeuses de « Kingdom Of The Day ». Les Russes à l'image de leurs glorieux modèles étirent également au maximum leurs climats qui à l'instar de « Secrets » ou du conclusif « Rosetta » permettent de plonger l'auditeur ravi dans une douce torpeur.

LIFE ON VENUS n'aura jamais d'exposition internationale. C'est bien dommage car leur album dévoile avec un talent certain une dream pop subtile. A vous donc de changer un peu cette donne, si vous le désirez. C'est votre bien-être qui vous le demande.