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BLACK MARBLE - Bigger Than Life (2019)
Par RICHARD le 17 Novembre 2019          Consultée 1642 fois

Petit point météo et musical pour débuter ces quelques lignes. Est-ce que le lieu où l'on vit a une incidence directe sur les compositions que l'on crée ? Je demande donc à la barre Evelyne DHELIAT et Patrick EUDELINE. J'y reviendrai dans un instant. BLACK MARBLE est apparu en toute discrétion en 2012 avec Weight Against The Door, un cinq titres proposant une synth-wave rêche sur laquelle planaient pour simplifier le désespoir de JOY DIVISION et les pulsations électroniques de DEPECHE MODE. Chris Stewart sa tête pensante captait l'essence urbaine de Brooklyn, sa monotonie, sa grisaille. A vrai dire sur le long terme, je ne donnais pas cher de l'intérêt de la chose. En effet, la synthpop surtout de l'autre côté de l'Atlantique était devenue à la mode, la quintessence de la hype pour ainsi dire. Il y avait pléthore de projets qui pullulaient et BLACK MARBLE semblait en être un parmi tant d'autres. Puis avec A Different Arrangement (2012) et It's Immaterial (2016), les deux premiers albums, un pallier avait été franchi. Plus sur et abouti, moins monochrome, le monde de l'Américain gagnait à l'évidence en intérêt. De milieu de peloton, BLACK MARBLE pouvait espérer se retrouver dans une belle échappée électroniquement nostalgique.

Avec ce troisième album, BLACK MARBLE ajoute à ses habituelles cinquante nuances de gris un éventail de couleurs plus douces. Pas nécessairement plus fortes, mais sans doute moins enclines à diffuser une tristesse retenue. Voici qu'arrive un possible élément de réponse quant à mon étrange interrogation initiale et que le peu de monde sur la toile commentant cet album s'est aussi posé. Est-ce donc le déménagement de Stewart qui a insufflé ce léger changement de direction ? En effet, il vit dorénavant à Los Angeles, dans le quartier d'Echo Park et le soleil de Californie a probablement réchauffé un peu ses idées et ses claviers. En même temps, cet état est également le berceau du death rock, CHRISTIAN DEATH ou MEPHISTO WALZ n'étant pas connus pour être les BEZU des sphère sombres, alors, cause, conséquence ? La question reste donc assurément ouverte. Non, ce qui demeure certain, c'est qu'avec ces onze titres, BLACK MARBLE nous invite à un agréable road-trip, une traversée faite d'espoirs déçus, de rêves inassouvis et de souvenirs précieux.

Bigger Than Life est dans une recherche constante d'équilibre fragile. Aux espaces sonores évoquant les figures évidentes du mouvement, vient se joindre la propre patte de l'Américain. On reconnaît ainsi facilement au détour de solides compositions par exemple la guitare aigrelette façon Bernard Sumner de NEW ORDER sur l'émouvant et très chillwave "Call". La noirceur habituelle s'estompe progressivement pour laisser filtrer une discrète clarté. Le fait le plus marquant tout au long de ce voyage Walkman et patin à roulettes aux roues oranges, c'est la nouvelle direction prise par la voix de Stewart. Elle est enfin audible. Stewart ne se cache plus dans une armoire avec un mouchoir dans la bouche pour nous toucher. Le plus bel exemple est sans conteste pour moi le superbe "One Eye Open" sur lequel planent l'ombre de Vince CLARKE et de poignants souvenirs aux couleurs délavées par le temps. La mélodie est imparable et sa voix sur la fin tout en réverbération est du plus bel effet. Stewart n'a même plus peur de s'exposer à une douce lumière, grand fou va ! L'Américain développe toujours ce son de synthés si particulier, sa marque. Il ne peut renier là encore DEPECHE MODE comme avec l'introductif "Never Tell" estampillé Basildon. Même s'il utilise des instruments vintage, Stewart n'est pas formolisé pour autant et englué dans un passéisme stérile.

Il faut également se concentrer quelques instants sur la qualité des mélodies, un point souvent sous-estimé dans ce genre. Loin d'être répétitives, ces lignes insufflent à chaque titre une identité qui lui est propre. Qui a dit que les claviers n'étaient pas de véritables instruments ? Je suis partisan de penser qu'à l'instar d'une guitare ou d'une basse ils sont ce que nous en faisons. Par conséquent, quelques notes réfléchies issues d'un synthé me font autant d'effet qu'un riff électrique bien senti. Qu'il est loin le temps où le lycéen que j'étais et les amoureux des vagues synthétiques passaient aux yeux des autres copains pour des baltringues Garçons Coiffeurs dénués de goût. Ainsi, le sautillant et délicat "Daily Drivers" parle pour lui et devrait assurément faire douter les plus sceptiques. Ces quarante minutes baignent dans une profonde mélancolie ouatée. BLACK MARBLE a quand même un talent certain pour créer cette sensation avec de l'électronique. L'excellent "Feels" est le genre de titre qui vous fait regarder derrière votre épaule et apparaît alors un peu la balance du bilan de votre vie, rien que ceci. On regrette juste la présence de deux courts instrumentaux ("The Usual" et "Hit Show") qui n'apportent rien de plus et cassent même le rythme général de l'album.

Bigger Than Life est un superbe album de nostalgie synthétique, un voyage sur des routes inondées par des teintes automnales, un voyage que l'on aimerait profondément sans fin.

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   RICHARD

 
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- Chris Stewart (chant et tous les instruments)
- Emily Edrossa (guitare sur 'private show')


1. Never Tell
2. One Eye Open
3. Daily Driver
4. Feels
5. The Usual
6. Grey Eyeliner
7. Bigger Than Life
8. Private Show
9. Shoulder
10. Hit Show
11. Call



             



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