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FOLK/CHANSON FRANçAISE  |  STUDIO

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Sylvie BERGER - Fi De L'eau (la Bergere) (2007)
Par MARCO STIVELL le 29 Décembre 2019          Consultée 2237 fois

Il n’y a pas à tergiverser : le deuxième album de LA BERGÈRE, que l’on considère le pseudonyme de Sylvie BERGER seule ou le trio qu’elle a monté avec Emmanuel Pariselle et Julien Biget, est un bijou à l’état pur !

Toujours produit par Gabriel YACOUB, le projet mené par la chanteuse reste dans la même veine "chanson traditionnelle originale" que le premier album, Ouvarosa, cinq années plus tôt en 2002. Il s’y ancre même mieux dans le sens où on trouve moins d’emprunts, à des anonymes ou de grands auteurs, pour plus d’investissement personnel dans l’écriture des textes.

Un des premiers qui retient l’attention, toutefois, vient de Dick ANNEGARN, le génie hollandais. "La limonade", même très court (trente secondes) reste bien en tête pour sa légèreté, son ambiance petits plaisirs simples amené par LA BERGÈRE en polyphonie vocale (la reprise, plus loin, est jouée à la concertina seule par Emmanuel Pariselle).

Gabriel YACOUB garde une empreinte forte en matière de textes. "Fi de l’eau", au refrain d’une belle efficacité autant rythmique que mélodique, ainsi que "La dame ira les ramasser", chanson sur les souvenirs, se rejoignent par l’idée de l’âge qui avance, la perspective d’une vie nouvelle. Et ce sont des chansons fortes, pour bien commencer ce nouvel opus empli de magie. Les parties vocales et en priorité celle de LA BERGÈRE, comme les instrumentations où les guitares et accordéons s’entremêlent, en font toute la richesse en dehors des mots.

D'autres perles suivent. "Saint-Jean", dans la lignée d’un certain groupe folk français mythique dont nous avons déjà longuement parlé, pose les exigences d’une femme qui mène un échange amoureux. Extrêmement bien écrite, trépidante, dont la musique 'piquante' révèle l'emploi de quartes augmentées, ces notes dissonantes prohibées au Moyen-Âge, tant elles pouvaient évoquer le Diable. Il faut dire ici que le jeu de la séduction prend un sacré tour ! Pour continuer dans l’audace musicale, "Le prix des roses" évoque Jacques BREL avec un esprit tango, et une mélodie très osée en ce que certains musicologues nomment 'mode superphrygien'. C’est-à-dire de la quarte augmentée, de l’effet oriental, de la dissonance même (pour nous Occidentaux) bien sûr. Et ça sonne du tonnerre !

Passées ces quelques considérations qui visent à montrer combien ces chansons peuvent être étonnantes en termes techniques et en même temps qu’elles nous enchantent, on retourne à des idées plus simples. À côté des morceaux susmentionnés : le court instrumental "Twice" où la guitare et l’accordéon réveillent, eux aussi, quelque chose de païen. "La rivière", ballade aux arpèges crépusculaires superbes, voix de YACOUB planant dans les chœurs. Très, très beau.

Tout le reste n’est formé que de chansons essentielles : "La saison des fruits rouges" et son ton estival, enfantin mais avec dissonances encore (et les fredonnements adorables de Sylvie BERGER à la fin), "Si tu lisais" plus solennelle avec l’idée de la mort qui guette les personnes âgées, "Elle allait" sur le bonheur qu’une femme peut voir facilement se tarir sous l'emprise du temps, "comme sa mère avant elle".

"Quand je serai grande", dans la même veine que cette dernière, revient à plus de légèreté, pleine d’argot d’écolier au début, avant de mentionner différents passages de la vie d’une femme (coiffeur, restaurant, photo de classe à la fin). C’est féerique, et en même temps, cela donne le sourire ; en un mot, excellentissime ! On parlait d’ANNEGARN et il y a une filiation, dans le caractère croustillant. Puis, "Retournons à la maison" rappelle la nostalgie d’un être aimé perdu au fil du temps, tout en élégance.

Le disque se termine par un traditionnel soigneusement choisi : une femme aime et, pendant des mois, attend un marin qui ne revient pas ; il la trompe en réalité. L'air de "L'amant de Nantes", douce mélodie valsée un rien funèbre, la fin avec les musettes à la manière d'un hymne religieux, c'est d'une beauté... La fin qui convenait à ce disque magnifique ! Ajoutons la participation d'invités de marque : Yannick Hardouin, bassiste et Gilles Chabenat, vielliste avec lequel YACOUB joue beaucoup à l'époque, et puisque son nom à lui revient, une certaine Marie Sauvet (de MALICORNE !)... Un essentiel du folk français, post an 2000 qui plus est !

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   MARCO STIVELL

 
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- Sylvie Berger (chant, guitare)
- Julien Biget (guitares)
- Emmanuel Pariselle (accordéon, concertina)
- Alain Bruel (accordéon chromatique)
- Gilles Chabenat (vielle à roue)
- Yannick Hardouin (basse)
- Frédéric Paris (clarinette)
- Marie Sauvet (chant)
- Gabriel Yacoub (percussions, autoharpe, chant, production)


1. Fi De L'eau
2. La Limonade
3. La Dame Ira Les Ramasser
4. Le Prix Des Roses
5. Saint-jean
6. Twice
7. Elle Allait
8. La Rivière
9. La Saison Des Fruits Rouges
10. Si Tu Lisais
11. Retournons à La Maison
12. Quand Je Serai Grande
13. La Limonade
14. L'amant De Nantes



             



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