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Sylvie BERGER - Etreintes (la Bergere) (2014)
Par MARCO STIVELL le 24 Janvier 2020          Consultée 1002 fois

Comme ses deux prédécesseurs, cet album n'a pas nécessité un long processus de création. Et pour cause, non seulement l'alchimie avec Emmanuel Pariselle et Julien Biget reste telle qu'elle est, enrichie par les années, mais en plus Sylvie BERGER a choisi de renouer mieux encore avec une tradition qu'elle n'a jamais démentie. Les nouvelles chansons en 2014 sont toutes issues du folklore français, arrangées et même parfois mises en musique par le trio lui-même, sauf une, "Grand maître de la nuit", empruntée au multi-instrumentiste Jacques "Ben" BENHAIM. C'est donc une approche radicale, différente de Fi de l'eau (2006) et aussi d'Ouvarosa (2002) qui mêlaient les deux aspects.

Dès la première écoute, on se rend compte à quel point la réalisation de ce disque est personnelle, plus encore que celle des précédents. On sait que chant, chœurs et instrumentation viennent du trio seul. Il faut bien quelques exceptions, et sans avoir besoin de parcourir le livret, on devine aisément les rares intervenants, venus de "la famille" : Yannick Hardouin à la basse pour la reprise du "Grand maître de la nuit" et Gilles Chabenat à la vielle à roue sur un nouvel arrangement des "Métamorphoses". Ce texte a toujours semblé receler un sort, quelque chose d'ensorceleur, et le chant de Julien Biget conjointement à Sylvie BERGER, n'y sont pas étrangers dans cette version-là. Meilleure que celle de MALICORNE, moins bonne que celle de René WERNEER & L'HABIT DE PLUMES.

La dynamique des deux chants apporte également beaucoup à "Un jour, un jour" et sa rythmique à 5 temps faussement boiteuse, elle aussi envoûtante, ainsi qu'à "La fille de parmi ces bois". L'occasion parfaite pour décrire cet album plus que jamais très féminin, même si Sylvie BERGER chante moins seule en "lead". Avec Etreintes, le titre et son contenu, pochette étonnante en sus, le trio nous conte des histoires de filles qui connaissent l'amour, pas forcément dans les meilleures conditions ni de la manière la plus appropriée qui soit, bien au contraire.

Après tout, "Enceinte" a de quoi surprendre l'auditeur, au départ, en relatant un dialogue entre une jeune femme qui vient de perdre son pucelage et son aînée qui fait valoir son autorité ! La jeune raconte son premier rapport de façon crue et métaphorique, en gardant pour ornementation la scène d'une lessive qu'elle était en train de faire... C'est quand même assez bien tourné, et dans la voix de Sylvie BERGER, cela prend une drôle de saveur, s'écoute avec attention ; évitez de le faire en présence des enfants ou (malgré la précocité de l'époque moderne) des ados. Et puis, la vieille femme a beau se sentir outrée et froncer les sourcils, l'autre lui rappelle "Mais vous, Mère, à mon âge, comment faisiez-vous ?"

La suite est plus sage dans ce genre de rapport, tout en restant bien sentie, comme l'histoire connue du "Galant noyé" par sa propre femme, ou d'autres textes sanglants : "Un jour, un jour" ("il la frappait si durement que la belle a perdu le sang", tournure à l'ancienne donc) et "La fille de parmi ces bois", exécutée pour avoir voulu tuer un enfant qu'elle ne pouvait élever seule. "Sur les quais du Havre", tout aussi narratif, "L'aurore du jour" où la belle voit son étreinte défaite par l'amant soumis à la conscription, et le "Grand maître de la nuit", sur laquelle plane l'ombre du Diable, ont elles aussi de quoi retenir l'attention de l'auditeur. Seule "Le plaisir de rester à table", portant bien son nom, se démarque d'un ensemble résolument féminin.

Un disque très intéressant et réussi, au début et à la fin surtout. Il est mené par la voix toujours aussi belle de Sylvie BERGER, à peine plus rauque par moments, et les arpèges de guitare ou bouzouki magnifiques de Julien Biget, dans des partitions blues ("L'aurore du jour", "Sur les quais du Havre"), crépusculaires ("Le plaisir de rester à table").
Plusieurs tableaux complétés par Emmanuel Pariselle qui diversifie les effets d'accordéon, souvent en bourdon, ou suivant les mélodies. Pour rares variations, sur le dernier morceau, Pariselle joue de la flûte, et sur "Mariniers de Loire", on entend le trio en polyphonie vocale, très prenant.

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   MARCO STIVELL

 
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- Sylvie Berger (chant)
- Julien Biget (guitares, bouzouki, chant)
- Emmanuel Pariselle (accordéon, flûte, chant)
- Gilles Chabenat (vielle à roue)
- Yannick Hardouin (basse)


1. Enceinte
2. L'aurore Du Jour
3. Le Galant Noyé
4. La Fille De Parmi Ces Bois
5. Un Jour, Un Jour
6. Mariniers De Loire
7. Sur Les Quais Du Havre
8. Les Métamorphoses
9. Le Plaisir De Rester à Table
10. Grand Maître De La Nuit



             



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