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WEST COAST BLUES  |  LIVE

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1989 The Big Break!

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1991 Captured

LITTLE CHARLIE & THE NIGHTCATS - Captured (1991)
Par LE KINGBEE le 28 Mars 2020          Consultée 710 fois

C’est avec beaucoup de tristesse que nous chroniquons ce Live, Charlie BATY, fondateur du groupe avec Rick ESTRIN, étant décédé d’une crise cardiaque le 6 mars à 66 ans.

Nous aurions bien sur souhaité débuter ces lignes autrement, cette chronique sonnant malheureusement comme une triste épitaphe. Ce Live nous donne l’occasion de revenir brièvement sur cet excellent guitariste.

Charles Baty voit le jour en Alabama. Il a huit ans quand sa famille s’installe à Sacramento sous le beau soleil de la Californie. A l’adolescence il intègre la Berkley University où il étudie les maths et …l’harmonica. Pendant les sixties, il monte le Charlie Baty Blues Band en compagnie du guitariste Kenny "Blue" Ray qui incite l’harmoniciste matheux à s’orienter vers la guitare, instrument que Charlie maitrise rapidement. Fortement influencé par Tiny GRIMES l’un des maîtres du Swing Jump, les jazzmen Django REINHARDT, Charlie CHRISTIAN, il se révèle capable d’ingurgiter tel une éponge de nombreux styles allant du Chicago Blues (Jimmy ROGERS) à T. Bone WALKER. En 1973, suite à une rencontre pittoresque avec l’harmoniciste Rick ESTRIN, les deux musiciens fondent LITTLE CHARLIE & The NIGHTCATS, groupe qui allait écumer les scènes californiennes. En 1986, la formation est repérée par Bruce Iglauer, patron du label Alligator qui les signe avec à la clef un contrat de trois disques.

LITTLE CHARLIE enregistrera neuf albums au sein des NIGHTCATS avant de laisser sa place à son ami Rick ESTRIN, cofondateur du combo. On notera, comme un clin d’œil au destin, que le dernier album enregistré en 2005 par le guitariste au sein des Nightcats se nomme ironiquement Nine Lives, dont le titre fait allusion au nombre d’albums enregistrés pour Alligator mais aux fameuses 9 vies des chats En 2008, fatigué par des tournées de plus en plus épuisante et peut être par un égo démesuré, LITTLE CHARLIE quitte les Chats Nocturnes. Le guitariste va s’essayer au Jazz sans véritable succès. Plus ou moins en retraite depuis 2010, Charlie se produisait de temps à autre comme Invité. C’est ainsi qu’on le retrouve sur un disque de Mark HUMMEL. En 2016, il avait publié Skronky Tonk sous le nom de LITTLE CHARLIE & ORGAN GRINDER SWING. Ces dernières années, il s’était produit sur scène lors de mini-tournées aux côtés d’Anson FUNDERBURGH, Sugar RAY, J.W. JONES ou Nick MOSS. LITTLE CHARLIE venait d’enregistrer un disque au côté de BIG HARP GEORGE sorti en début d’année.

Captured provient de deux concerts enregistrés en 1991 au Slim’s de San Francisco⃰, club de Boz SCAGGS et au Melarkey’s de Sacramento⸋. D’une durée de 57 minutes, ce Live retranscrit parfaitement l’énergie, le charisme de Rick ESTRIN (de nombreux spectateurs ont longtemps cru que c’était lui le fameux Little Charlie) à travers un répertoire carré, cohérent et diversifié. La moitié des pistes provient du groupe et seuls trois titres figurent dans les trois premiers albums studio du groupe (un par disque). Par rapport aux opus précédents, Brad Lee SEXTON♠ (ex Joe Louis WALKER, Eddie KIRKLAND) un ancien équipier d’ESTRIN durant les sixties remplace Jay PETERSON.

Le show débute avec "Tomorrow Night", un inusité de Junior WELLS gravé en 53 pour le label States en compagnie des frères MYERS. La guitare impulse une ambiance West Coast par rapport à l’original qui nous renvoyait vers Chicago. Il faut bien tendre l’oreille et avoir de l’imagination pour reconnaître "Run Me Down", un vieux titre d’après-guerre de Washboard SAM enregistré par Jazz GILLUM. Le titre est connu des amateurs de Country et de DIRE STRAITS puisque repris par The NOTTIN HILLBILLIES. Les pizzicatos de gratte produisent des effets ténébreux sur "Rain", un West Coast Blues extrêmement lent qui monte en gamme et dans lequel le phrasé de guitare produit des étincelles sous un nappage d’harmonica chromatique. Un titre comme il devait en pleuvoir dans les clubs huppés de R&B durant les fifties.

"Dump That Chump", titre figurant dans l’excellent The Big Break, est le parfait prototype du Jump West Coast tendance Rockin’. La rythmique aussi sobre qu’efficace ne cesse de propulser la guitare et l’harmonica sur de bons rails. Changement d’ambiance avec "Ten Years Ago", là le groupe nous expédie d’un coup dans le West Side avec cette reprise d’un vieux titre de Buddy GUY. La guitare incisive touche sa cible à chaque note et peut se reposer sur la rondeur de la basse pour un super slow blues long de plus de 12 minutes. Si "Thinking With The Wrong Head" s’inscrit entre Jump et Blues californien, "Wildcattin’", une compo de Charlie BATY, se révèle comme un Rockin’ Blues tendance Jazzy instrumental dans lequel le guitariste se met en évidence. On notera, comme le veut la tradition, que Rick ESTRIN en profite pour présenter au public son leader. Le combo délivre une version roots de "Crawling Kingsnake", standard de Big Joe WILLIAMS, sous une forme ou la batterie et la basse se contentent de marteler le rythme comme dans une worksong, tandis qu’ESTRIN nous délivre une démonstration d’harmo diatonique tout en glissant quelques paroles pour le plus grand plaisir du public féminin. Une version qui n’a plus aucun rapport avec celles des DOORS, THOROGOOD ou Peter GREEN. Retour vers la Côte Ouest avec "Smart Like Einstein" dans lequel l’harmonica chromatique dirige l’attelage. Le concert s’achève avec le dynamique "Eyes Like A Cat", un Rockin’ Blues gravé à l’origine par Wonder Boy TRAVIS, un guitariste de l’orchestre de Clifton CHENIER, qui enregistra une poignée de faces pour le label Excello. Pour ce final, les paroles disparaissent quasi totalement pour laisser place à une guitare qui n’a qu’une envie en tête : en découdre !

Le genre de concert dont l’assistance se rappelle probablement 30 ans après les faits. Rick ESTRIN a repris les rennes du groupe en 2008 d’où le changement de nom (CQFD). Depuis le départ de Little Charlie BATY, la formation peut compter sur le flamboyant guitariste Kid ANDERSEN, peut être le meilleur guitariste producteur contemporain de la Cote Ouest. Groupe à l’affiche de nombreux festivals américains et européens, les Nightcats produisent généralement des shows chaleureux, cohérents et festifs dans lesquels le charisme de Rick ESTRIN éclate de toute sa splendeur.

⃰Le Slim’s a fermé ses portes le 20 mars suite à une ordonnance municipale. Boz SCAGGS a tout de suite assuré que le personnel serait repris dans une autre boite de la ville. Alison KRAUSS, Sheryl CROW, BECK ou RADIOHEAD débutèrent dans cette salle.

⸋Pat Melarkey, patron de la boite du même nom est décédé en février à l’âge de 88 ans. Véritable institution de la vie nocturne de San Francisco, le club avait fait passer de nombreuses futures vedettes : The PLIMSOULS, Candy KANE, OASIS, BRIAN JONESTOWN MASSACRE.

♠Brad Lee SEXTON bassiste des NIGHTCATS entre 1990 et 1993 est décédé en 1995. Brad a perdu son combat contre le cancer. Jay "Jay" Petersen, mon guide et hébergeur lors d’un périple à Sacramento, est décédé d’un cancer en 1997. De la troupe d’origine, il ne reste que l’inoxydable Rick ESTRIN.

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- Little Charlie Baty (guitare)
- Rick Estrin (chant, harmonica)
- Brad Lee Sexton (basse)
- Dobie Strange (batterie)


1. Tomorrow Night
2. Run Me Down
3. Rain
4. Dump That Chump
5. Ten Years Ago
6. Thinking With Wrong Head
7. Wildcattin'
8. Crawling Kingsnake
9. Smart Like Einstein
10. Eyes Like A Cat



             



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