Vous savez ce qu'on dit du fer ? Ouais il faut le battre tant qu'il est chaud ! Le premier album de Mr KERSHAW date du début 84 et nous revoici 10 mois plus tard avec son deuxième opus entre les mains. Le marketing est à son top : auréolé par le succès de ses singles, Nik arbore un mulet de fière allure sur cette superbe photo prise devant l'arbre torturé de la plage de Chesil dans le Devon. L'artiste ne semble douter de rien, alors il se lance avec toute la fougue de ses 24 ans, et, guitare en bandoulière, il s'impose comme artiste solo dans un paysage musical dominé par les groupes, c'est fort !

"The Riddle" est juste une des plus grands chansons de l'histoire, il se passe rarement une journée sans que je la fredonne. Cette mélodie est d'une pureté proche de la perfection, c'est d'ailleurs un des hymnes de la new wave, alors au sommet de sa mode en 84. La video réminiscente d'Alice au pays des merveilles est belle et impose sa marque avec à propos, et les photos de la fabuleuse plage de Chesil, dans le sud de l'Angleterre boucle la boucle de son épopée. On peut écouter ce titre 100 fois d'affilée en boucle et on sera toujours à chanter béatement au bout de trois heures. Un chef d'oeuvre, pas moins ! Le monde entier la connaît et l'aime.

Les deux autres singles atteignent le top 10 : c'est "Wide Boys" qui est chargé de la succession du méga classique, pas simple ! Tous les compositeurs savent quand ils ont fait le titre de leur vie, il n'est jamais simple de rebondir après cela. Bien sur que cette composition ne s'aligne pas face à son aîné, mais le ton est doucereux, facile, la mélodie très sympa, de la synth pop easy listening mais fort bien foutu, avec un très chouette refrain. L'eau qui coule puis l'énorme basse de "Don Quixote" nous change des ritournelles habituelles du natif de Bristol. On est très proche de DURAN DURAN sur ce titre à la gloire de l'homme de la mancha, ce qui nous donne une vidéo bien ensoleillée Le résultat est très pop, avec beaucoup de synthés pompiers qui éructent quelque peu, mais aussi une jolie guitare. Le refrain se laisse apprivoiser.

Pour le reste, il y a un peu de tout : une rythmique hard rock sur "You Might" on sait que le Nik est un bon pourfendeur de manche, le voilà à l'oeuvre sur ce titre quasi hard FM plutôt sympa. "Roses" chasse sur les terres de ses grands classiques, avec des guitares QUEENiennes et un esprit frondeur très sympa. Et des préoccupations écologiques ! Ca alors : "Save The Whale" est là pour éveiller les consciences. Un synthé doux est sensé représenter la baleine qui chante. Le chant de Nik est fataliste, la chanson sonne comme une aube... 35 ans plus tard ,le soleil ne s'est toujours pas levé sur cet aspect du fonctionnement de nos sociétés.

Le reste est moins remarquable : la basse tellement électro funk de "Know How" - Mark King est dans la place diantre ? -, les quelques aspects jazzy fusion de "Easy", bien agréables, et cette foios, c'est bien le leader de LEVEL qui fracasse sa quatre cordes. "Wild Horses" présente des points communs avec le RUSH très pop de ces années là, c'est mélodiquement cool sans être remarquable. Enfin, "City Of Angels" est très pop, mais manque d'un je ne sais quoi pour accéder à la division supérieure.

Nik KERSHAW est au sommet des charts en ces mid eighties, il sera en bonne place au concert du Live Aid, pour d'excellentes interprétations de ces classiques. Quoi qu'il arrive désormais, le jeune auteur s'est forgé une réputation et a pondu plusieurs titres dignes de l'imaginaire collectif. C'est fait, il est au sommet ! En un an ! C'est une sacrée performance même dans les superficielles années quatre vingts. A l'heure de la note cependant, me voici confronté à un dilemme, l'album est nettement supérieur à son premier, et contient à mon sens un des plus grands classiques de la new wave. Comme pour A-HA et EURYTHMICS en leur temps, je choisis donc de mettre un 4 un peu généreux à cet album.