Ah, Nik KERSHAW ! Enfin, ai-je envie de dire ! Un des rares artistes solos à avoir percé au milieu de la pléthore de groupes à déferler en ces mid-eighties de la prude Albion. Une starlette de la new-wave à tendance pop, pourrait-on dire. Voyez donc cette coupe de cheveux, ça vous pose un artiste ! Nik est né dans une famille upper class de Bristol en 1958, des parents musiciens et une jeunesse assez privilégiée nous amène jusqu'à son départ de l'école – avant l'obtention du bac le vilain – pour se lancer dans le rock à Ipswich. Il trouve un job alimentaire, ce qui lui permet d'écumer les groupes de la région. C'est son manager qui lui décroche un deal avec MCA, à une époque où le look et la dynamique comptent plus que la technique ou le feeling, on comprend mieux le pourquoi !

C'est ainsi que sort son premier single "I Won't Let The Sun Go Down On Me", titre à rallonge mais pas à tiroirs ! Des guitares rocksteady, des synthés, une basse gonflée, la voix est intéressante mais le titre est assez plat à mon goût. Il sera pourtant son plus haut fait de gloire si l'on en croit les chiffres, lors de sa ressortie quelques mois plus tard après "Wouldn't It Be Good". C'est festif et franchement pop. Mais c'est donc le single suivant, le bien nommé "Wouldn't It Be Good" qui amène à Nik son breakthrough, avec la fameuse video où il endosse son costume science fictionnaire. Ce morceau vaut avant tout pour son sublime refrain, qui marque au fer rouge les auditeurs. Un immense succès de l'année 84, croyez-moi, on en a bouffé !

L'album qui sort en même temps et casse le mur du son ! Deux singles supplémentaires en sont extraits. Le premier "Dancing Girls" nous emmène droit sur les sentiers de la synth pop, quelques réminiscences DEPECHE MODienne perceptibles sur le refrain et l'utilisation des sons, sans émuler pour autant les collègues de Basildon. L'éponyme "Human Racing" est là pour en terminer avec les singles, titre à consonance pop, c'est mignonnet et à la pointe de la mode d'alors.

Et donc, de la muzak pour les dancefloors, ça part avec "Drumtalk" nanti de pas mal de percussions, ça va avec les cheveux brushés et les fringues de toutes les couleurs. C'est sans doute bien pour se trémousser devant les nanas mais pas d'une importance capitale en matière d'évolution musicale. "Cloak And dagger" ressemble à du sous A-HA, c'est vous dire le niveau... même à l'époque ! S'il le faut, on retient la jolie basse de « Faces » et le refrain vraiment naze de "Bogart". "Shame On You" est plus sympathique, malgré son avalanche d'effets vocaux, avec à nouveau une grosse basse très funk. Un lointain esprit caribéen règne sur les choeurs de "Gone To Pieces", avec une certaine jouissance du refrain très ensoleillé, qu'on pourra conseiller comparé au reste...

On n'est pas à la fête, car si cet assemblage de simili pop songs au vague esprit new-wave était au top dans les eighties, tout ceci a particulièrement mal vieilli. A part l'historique "Wouldn't It Be Good" et la coupe de cheveux de Nik, impossible de vous conseiller ce premier album, à moins d'avoir grandi dans les eighties et de ne pas avoir quitté cet espace temps. Je reste sur un deux faiblard grâce aux deux singles essentiels, mais j'aurais pu mettre un sans faire de cauchemars pour autant.