Deux années se sont écoules depuis la sortie du deuxième opus de Nik KERSHAW. L'artiste britannique est cependant clairement un des ténors de la nouvelle vague, un statut indiscutable dont on pourrait croire qu'il lui assure une fan base confortable et fidèle. Alors Nik choisit de produire lui-même son album à venir et s'entoure d'une pléthore de musiciens prestigieux comme les frères Brzezicki (BIG COUNTRY, ULTRAVOX, etc), le fabuleux batteur Simon Phillips, Iva Davies de ICEHOUSE, bref du beau monde. L'album s'annonce comme très attendu, mais attention, les superficielles eighties ont déjà fait des victimes en deux ans !

C'est avec "When A Heart Beats" que Nik tente de reprendre le pouvoir sur les tops du monde entier. La belle guitare rageuse et les solos qui émaillent la chanson sont autant d'indicateurs des changements d'orientation de sa musique. On reconnaît sa diction facétieuse, et ce titre est pas mal foutu du tout. C'est sans doute moins original que ses plus grands succès, mais ça reste très écoutable. La guitare très volubile est tout de même surprenante et nous éloigne des ambiances oniriques et très synth pop de "The Riddle" ou de "Wouldn't It Be Good".

Deux singles vont suivre. "Nobody Knows", avec sa grosse guitare - toujours tenue par Nik – est certainement symptomatique de la direction que va prendre sa musique à l'avenir, un AOR teinté d'un lointain esprit new wave mais pourvu de très belles harmonies et d'un refrain magnifique. "Radio Musicola" est un très chouette morceau de pop gorgé de cuivre et de bonne humeur, les choeurs assurent les cachous et on se demande pourquoi ce valeureux single n'a pas eu plus de succès au billboard. Je vous le conseille vivement, même si on est clairement sur des pentes moins new wave qu'auparavant. Chacun de ses titres va rester aux portes du top 40 en prude Albion, malgré des qualités évidentes.

Les précédents album de KERSHAW étaient consciencieusement bâtis autour des singles, voyons voir de quoi il retourne ici. "Running Scared", de belle facture, qui ressemble au DURAN DURAN de la belle époque contient de belles parties de guitare et des synthés agiles. Un titre que j'aurais volontiers sorti en single. Je le trouve réussie ! "James Cagney" présente les qualités qu'on attend d'une composition de Nik, une mélodie agile, presque gracile, et un chant élégant. Le sujet est sympa, et il s'agit d'un titre en pleine osmose avec son environnement. Là aussi cette composition aurait pu sortir en single sans rougir. On repart avec une ambiance à la LEVEL 42, entre funk et new wave sur "Don't Let Me Out Of My Cage", un morceau de musicos joué rapidement, plutôt impressionnant, voyez le solo de gratte par Nik !

Les deux slows sont bien sympas : "Life Goes On" se veut langoureux, avec les belles intonations du refrain. Puis l'album se termine magnifiquement sur "Violet Blue". Nik y chante fort bien, la mélodie est sympa, les choeurs s'adjoignent et créent une ambiance un peu soul de fort belle allure. Enfin, il nous reste deux titres un peu fillers : on est presque dans la variété avec "LABATYD" malgré un rythme funky et si "What The Paper Says" confirme la direction AOR, la chanson est anecdotique.

Au final, cet album tient fort bien la route. Il manque certes un classique mais les amateurs de belle pop vont s'en contenter largement. La qualité est là, pourtant le succès sera largement moindre. Nik est très objectif devant ce demi-échec : trop de temps entre les albums, décision de produire lui-même l'album et bien sûr, élément incontrôlable, les fans ont porté leur regard vers d'autres artistes. C'est ce qui s'appelle louper le coche ! En termes de musique cependant, on est sur un 3 de très bon aloi !