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The HELLECASTERS - Escape From Hollywood (1994)
Par BRADFLOYD le 18 Avril 2020          Consultée 1138 fois

Le 4 octobre 1994, Danny GATTON s'est enfermé dans le garage de sa ferme à Newburg dans le Maryland, et a mis fin à ses jours par arme à feu. Pour ceux qui ne sauraient qui est Danny GATTON, l’écoute de "Unfinished Business" sorti en 1987 est très hautement recommandable, Danny étant l’un des deux maîtres de la telecaster en cette fin du 20ème siècle, titre qu’il se partageait avec Roy BUCHANAN. Mais tandis que BUCHANAN (lui aussi suicidé, mais en 1988) était un des rois du blues, GATTON lorgnait plus vers le jazz et la country, étant beaucoup plus barré (dans le bon sens du terme) que BUCHANAN. Un guitariste inimitable et qui a laissé trop peu de témoignages sonores dignes d’intérêt dans la mesure où son nom a été exploité après sa mort à coups de fonds de tiroirs ou de disques live avec productions dégueulasses ne rendant pas justice à cet immense artiste.

Pourquoi mentionner Danny GATTON en préambule à la chronique de ce disque des HELLECASTERS ? Tout simplement parce que celui-ci, proposé dans les bacs en cette fin 1994, lui rend hommage et de la plus belle des manières. Prolongement de The Return Of The Hellecasters sorti en début d’année, Escape From Hollywood sort du chemin balisé par son prédécesseur et explore d’autres voies musicales dans un voyage sonore encore plus extraordinaire qu’espéré.

Tout commence par cette triplette magique "Danger Man", "Inspector Gadget" et "Valley Of The Pharaohs". Un des plus beaux démarrages d’album que je connaisse. Trois styles différents, et pourtant l'agencement est magique. Dès les premières notes arabisantes de "Danger Man" composé par Will Ray, on se prend à voyager. Mais c’est un leurre. Parce que le rock qui déboule est magistral. Chaque note est pensée. Toutes les techniques y passent, glissando, sweeping, tapping … C’est un film qui se déroule dans votre tête (Will Ray indiquant avoir puisé son inspiration dans les films d’espionnage type "James Bond") avec une dramaturgie mise en évidence dans sa conclusion. Dans la foulée, après l’espionnage, l’inspecteur Gadget entre en scène, utilisant le gimmick répété de la phrase "Hé là, qui va là, Inspecteur Gadget" tout au long du morceau. C’est frais, super bien foutu, marrant à souhait. Les trois compères s’en donnent à cœur joie comme dans le premier album. On est là avant tout pour s’amuser. Comme le signalait John JORGENSON, son créateur, c’est un peu comme si Les PAUL rencontrait Charlie CHRISTIAN et Django REINHARDT. Et enfin, ce morceau magnifique de Jerry DONAHUE, "Valley Of The Pharaohs", d’un lyrisme à pleurer tellement c’est beau, où chacun des instrumentistes se partage, non pas un solo, mais deux, à chaque fois différents. On est dans l’Ouest américain, c’est une bande-son pour un film d’aventure. Puissant.

Après cette entrée en matière, il est difficile de maintenir ce niveau. Pourtant, les trois Axemen réussissent à garder notre intérêt particulièrement élevé, même sur les morceaux lents. "Son Become Father" et son solo sans esbroufe, joue sur l’émotion avec des notes tenues et harmoniques dans un lyrisme qui fait immanquablement penser, dans sa progression dramatique, à "For The Love Of God" de Steve VAI. "Between Twilight and Dawn", pour sa part, pourrait avoir été composée par Will Ray tant cette influence blues mâtinée de reggae de l’intéressé transpire dans ce morceau, alors qu’il s’agit d’un titre de Jorgenson. L’art de la fausse piste des trois compères. D'autant plus que le solo du milieu nous rappelle à quel point Jorgenson est doué dans son approche à la SATRIANI de la guitare. On pourrait croire que l’on se disperse, mais c’est loin d’être le cas. La construction est subtile et jamais ennuyeuse. "Hanging At Tom & Rita’s" est un blues lent sautillant, typique du jeu de Will Ray utilisant ses anneaux coulissants, avec un pont qui emmène l’auditeur dans des espaces déjà défrichés par Roy BUCHANAN.

Mais "chassez le naturiste, il revient au bungalow" comme le chantait si bien le groupe belge STELLLA. "Lost In Kashmir" est le morceau le plus hard de l’album alors qu’il a été écrit par Donahue. L’art encore de nous perdre. "Axe To Grind" se veut country mais pas que. Rapide, joué en open tunning, mélangeant le Hard au style bluegrass, il est la quintessence de ce que notre trio est capable de faire en apportant, pour chacun des instrumentistes, ses influences pour un titre très enlevé. "Mad For Mothra" et sa progression inquiétante science-fictionnesque convoque les fantômes de MADNESS avec son orgue VOX, et "Le Journee Des Tziganes" (notez la traduction approximative du titre), d’inspiration pourtant manouche, s’en éloigne toutefois en raison de la production plutôt funky, ses breaks jazzy et ses soli parfois inspirés par le lyrisme de la musique progressive ou jazz-rock. Gros travail sur les percus de Luis Conte.

Album le plus diversifié du trio et entièrement composé par nos trois lascars, contrairement à son prédécesseur, "Escape From Hollywood" peut vous emmener tantôt dans des espaces à caractères prog, Tex-Mex (imaginez Clint Eastwood traversant une ville mexicaine, dixit Will RAY, dans "Bordertown"), heavy-metal, country, jazz, blues et, pour certains auditeurs, cela fonctionne à la fois en sa faveur et contre lui. A titre personnel, cela fonctionne particulièrement bien, au point que les 58 minutes passent relativement vite, quand bien même un album totalement instrumental puisse rebuter dans la longueur un auditeur lambda. Un ou deux titres en moins, peut-être "Bordertown" et "A point In Time", plus dispensables, n’auraient pas nuit à la qualité de l’album qui se clôt pourtant sur "Major Troutage", un jazz électrique bien amené et de très haute facture. Enfin, oui et non pour ce qui concerne la clôture puisque, comme pour "The Return… ", l’album comporte une trentaine de "titres", 13 en réalité plus le reste correspondant à des titres vides et le "dernier", sur 14 secondes, faisant le résumé de l’album dans son intégralité. Toujours la volonté de bien se marrer et de surprendre.
Note réelle : 4,5/5.

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   BRADFLOYD

 
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- Jerry Donahue (guitars, gong, 'noise' solos, organ)
- Will Ray (guitars, sitar, 'noise' solos, organ, synthesizer)
- John Jorgenson (guitars, vox organ, synthesizer, tambourine, hammo)
- Dennis Belfield (bass, low bass)
- Steve Duncan (drums)
- ...
- John Hobbs (hammond organ, synthesizer)
- Luis Conte (percussions, congas, timbales)
- Michael Mcdonald (major slatage at intro of 'major troutage »)


1. Danger Man
2. Inspector Gadget
3. Valley Of The Pharaohs
4. Son Becomes Father
5. Hanging At Tom & Rita’s
6. Axe To Grind
7. Between Twilight & Dawn
8. Mad For Mothra
9. Lost In Kashmir
10. Le Journee Des Tziganes
11. Bordertown
12. A Point In Time
13. Major Troutage



             



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