Après avoir été le projet solo et parallèle de l’excellent guitariste de RPWL, Kalle WALLNER (le W, c’est lui), voici le quatrième album studio de BLIND EGO avec, désormais, un line-up stabilisé depuis la sortie en 2017 de son témoignage en public Liquid Live. Pour rappel, les trois opus précédents avaient vu passer, parmi les instrumentistes et chanteurs ayant officié dans le combo, rien moins que le groupe ARENA (John Jowitt, John Mitchell, Paul Wrightson et Clive Nolan) Tommy Eberhardt (PLAYHAUS, THE WORKS), Yogi Lang (RPWL), Sebastian Harnack (RPWL, SYLVAN), Michael Schwager (DREAMSCAPE), Igor Cavalera (ex-SEPULTURA), Ralf Schwager (SUBSIGNAL), Heiko Jung (JUNG/JUNG, PANZERBALLETT), Arno Menses (SUBSIGNAL), Erik Ez Blomkvist (DREAMSCAPE, MOLTEN TRAIL) et Aaron Brooks (A DYING DREAM, THE GHOST INSIDE). Désormais, le line-up comprend, outre son leader, Scott Balaban (AMON RA - chant), Michael Christoph (batterie), Sebastian Harnack (basse) et Julian Kellner (DANTE - guitares additionnelles) en supplément de Kalle Wallner qui assure la plupart des parties de basse et de guitares en sus du clavier.

Et cela s’entend, BLIND EGO sonne désormais comme un vrai groupe avec une orientation plus lourde permettant à Kalle Wallner de s’exprimer comme il ne peut le faire au sein de RPWL. Le groupe a enfin trouvé sa voix (voie), Scott Balaban offrant une unité de ton à l’ensemble de Preaching To The Choir, dès l'introductif et efficace "Massive" qui lorgne vers un mélange sympathique de heavy metal au son progressif typé RPWL. BLIND EGO est plus évident ici que sur n'importe lequel de ses autres enregistrements- studio, ce que reflète également le positionnement de ses titres. Par ailleurs, alors que les trois premiers albums en studio pouvaient sonner différemment d'une chanson à l'autre, ressemblant presque plus à des compilations qu'à des blocs construits, Preaching to the Choir ne laisse plus de place au doute à partir du morceau éponyme qui paraît être la suite logique de son prédécesseur. Un couplet lourd avec la voix déformée par un vocoder, puis une accélération du tempo pour le refrain. Imparable. Les guitares sont bien grasses, le kick entre dans le crâne, la basse chaloupe à souhait. Un moment fort du disque. Les 6 minutes de la piste passent à vitesse grand V.

Des moments comme celui-ci, le disque en regorge, tels "Line in the Sand" avec son intro au clavier puis des sons presque industriels entre les couplets et les refrains dans une veine 'Prog-Metal' bienvenue. La basse est mixée en avant avec le gras des grattes. Beau travail de production. Ou même "In Exile" qui se situe dans la même veine, avec quelques évocations dans la voix de Billy IDOL, sans parler de la rythmique qui vous fait headbanger, pour un bon rock prog mélodique à se mettre entre les cages à miel. Le mid-tempo "Broken Land " (écoutez l’utilisation de la Whammy dont Kalle Wallner s’est fait la spécialité) ne déroge pas par son côté industriel dans la partie couplets avant un refrain se tournant vers le hard FM sans pour autant que ce soit guimauve.

Parfois, les guitares utilisent le delay et les chorus pour des effets planants lors des couplets avant l'explosion au moment des refrains. Ainsi, le titre choisi comme single, "Burning Alive", ou la ballade "Dark Paradise" vous accrochent par leurs mélodies presque radio-friendly. Nous ne sommes pas dans le heavy bien lourd mais plutôt dans un style AOR élaboré, comme si BON JOVI avait rencontré FOREIGNER ou JOURNEY au milieu des mecs d’IT BITES. Ainsi, "Dark Paradise", très agréable à l’écoute, tranche un peu par rapport à la première moitié du disque par son intro d’arpèges de guitare électrique et un chant particulièrement mis en avant, avec presque un petit style rock FM, avant le solo de Kalle qui n’en fait jamais trop. "Heading For The Stars" et sa basse qui ronronne avec un lick de guitare légèrement syncopé à la CURE mâtinée de PORCUPINE TREE (surtout dans la partie solo) est aussi un autre exemple de diversification, dans un seul titre, de la production pour une progression dramatique très intéressante sur 5 minutes particulièrement riches. Très beau travail du couple Wallner/Kellner qui se répondent à coup de légatos.

Et puis, arrive déjà la fin. Le disque de seulement neuf chansons clôt notre voyage par un titre de près de 9 minutes, "The Pulse". Progression lente pour le moment le plus heavy-prog du skeud jusqu’à ce que les basse, batterie et voix prennent de l’ampleur sur du lourd et du gras et que, au détour d’un break, un solo aérien ne jaillisse pour se fondre dans des sons émulés de clavier en mode PORCUPINE TREE ou RPWL (mode "Transformed", par exemple). Les trois dernières minutes sont clairement planantes et Kalle Wallner se rappelle à nous comme étant un de ceux qui maîtrisent le mieux, comme Bjorn RIIS, le style de David GILMOUR, même s’il sait s’en détacher.

Après trois albums de haut niveau, Kalle Wallner et BLIND EGO semblent avoir franchi un cap avec Preaching To The Choir[fi), faisant passer le groupe de petit combo inconnu et sympa à formation qui compte dans ce milieu du hard-prog-FM. C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter, Kalle Wallner ayant des qualités évidentes pour nous pondre de sympathiques brûlots à des dizaines de lieux de son groupe d’origine. Pas révolutionnaire mais très bien fait.

Note réelle, 3,5/5.