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BRITISH BOOM  |  STUDIO

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1964 Begin Here
1968 Odessey And Oracle
2023 Different Game
 

- Style : The Beatles , The Kinks

The ZOMBIES - Begin Here (1964)
Par ERWIN le 13 Mai 2020          Consultée 1205 fois

Vous connaissez Saint Albans ? Nenni ? Vous êtes des béotiens, cette ville possède avec sa magnifique cathédrale un pur joyau du patrimoine néogothique britannique. Sinon ? Bah c'est la banlieue un peu lointaine de Londres. Non, ce n'est pas tout, c'est aussi la ville d'origine des ZOMBIES. Comment ça, c'est pas Atlanta ? Oh, on regarde pas Walking Dead ici, bande de décérébrés netflixeux ! Ce groupe est l'un des majeurs du British Boom, rien que ça ! On éteint Netflix et on lit sagement.
L'organiste Rod Argent est à l'origine du groupe auquel se greffe rapidement le chanteur Colin Blunstone. Pas mal de ses membres font partie de diverses chorales d'église à l'origine, voilà qui n'est pas banal ! Ils gagnent un concours organisé par le quotidien londonien Evening news, et voilà qu'ils signent chez Decca leur premier album.

Un riff de gratte et un chant bien agressif attaquent l'introductive "Roadrunner". On sent d'emblée que leur conception de la musique est plus 'méchante' que celles de leurs collègues BEATLES ou HERMAN'S HERMIT : les breaks sont légions, il y a une nette inflexion vers la jam, tout ça n'a rien de propret, quoiqu'il fallait s'y attendre avec une reprise de Bo DIDLEY, preuve du bon goût des jeunes gens.
Déployant la même énergie, "Work'n'Play", une étoile particulièrement brillante, sur un rythme bien appuyé et une atmosphère chargée en darkness, voit l'harmonica de Rod prendre le pouvoir. Une belle compo superbement arrangée pour eux par Ken JONES.

Rod Argent est incontestablement le leader du groupe. Son orgue omniprésent insuffle une portée baroque aux compositions. "She's Not There", titre emblématique de la première époque des ZOMBIES, atteignant le sommet du billboard américain, s'impose comme un des grands classiques de l'année 64, une petite merveille de pop ciselée de main de maître par Rod. Les mix des voix du groupe font mouche à chaque instant, jusqu'à cette belle vidéo au ton baroque qui restera à jamais symbolique. C'est court mais que c'est bon !
La suivante "Tell Her No" aura aussi une très belle destinée au sommet des charts, composition certes moins remarquable, mais les choeurs et le ton général restent des plus addictifs, avec une rythmique de guitare bien moderne.

Rod amène trois titres de plus : à peine en-deçà, " I Remember When I Loved Her" est un autre slow ultra-romantique et vraiment dark, dont le solo d'orgue est à se damner. Comme souvent, le bassiste Chris White joint sa voix à celle de Colin pour emporter le chant vers les contrées filiales des EVERLY BROTHERS et du KINGSTON TRIO.
"The Way I Feel Inside" permet à Colin Blunstone de montrer à nouveau sa jolie voix sur une bluette toujours soutenue par l'orgue sans pareil de Rod Argent. Enfin, c'est un nouveau beat dans l'air du temps qui drive "Woman", avec gratte et orgue à l'unisson, la basse véloce de Chris White et le chant parfois écorché de Colin.

Le bassiste Chris White s'est pointé avec trois compositions dans sa besace, lui qu'on retrouve systématiquement aux très efficaces backing et harmonies vocales du groupe. La polissonne et répétitive "I Don't Want To Know" est très pop et tout à fait dans l'air du temps, alors que "What More Can I Do" déploie une belle énergie sous la houlette du bon berger qu'est Mr Argent, avec un solo de gratte de Paul Atkinson pas piqué des vers pour l'époque. Tout cela renforce cette sensation mixant un aspect très esthétique et une puissance assez rare en cette lointaine année. En revanche, "Can't Make Up My Mind" ne brille que par son refrain.

Les boys laissent aussi libre court à leur admiration pour leurs aînés du Rythm'n'Blues. Ainsi, le diptyque "You've Really Got A Hold On Me/Bring It On Home" signé Sam COOKE et Smokey ROBINSON leur permet d'adapter le blues à leur sauce si originale. La "Sticks And Stone" de Titus TURNER nous rapproche des BEATLES à la même période, l'orgue de Rod ARGENT en plus tout de même, avec un solo infernal et une guitare qui ne se laisse pas compter fleurette. On note bien plus d'agressivité, le chant de Colin en est une preuve éclatante. On signale aussi l'harmonica sifflante de Rod sur la tonique version du standard "I Got My Mojo Working" de Muddy WATERS.

Une reprise particulièrement gonflée de "Summertime" termine l'album. Le rythme enlevé n'enlève rien à la beauté de la compo, l'orgue et les choeurs se chargeant de positionner un aspect romantico- noirâtre. Je suis le premier étonné : on s'attendait à une méga-catastrophe, mais les jeunes gens ont su être créatifs tout en restant respectueux : GERSHWIN sous le British Boom, ça existe ! Cela nous enjoint à une analyse assez unique pour un groupe britannique : si les ZOMBIES gagnent avec ce premier album une reconnaissance déjà internationale conquise de haute lutte, ils se signalent par un style original et baroque qui n'appartient qu'à eux et en fait un des groupes leaders du mouvement.

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   ERWIN

 
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- Colin Tumbstone (chant-guitare)
- Rod Argent (claviers-harmonica-chant)
- Paul Atkinson (guitare)
- Chris White (basse)
- Hugh Grundy (batterie)


1. Roadrunner
2. Summertime
3. I Can't Make Up My Mind
4. The Way I Feel Inside
5. Work'n'play
6. You've Really Got A Hold On Me/bring It On Home
7. She's Not There
8. Sticks And Stones
9. Can't Nobody Loves Me
10. Woman
11. I Don't Want To Know
12. I Remember When I Loved Her
13. What More Can I Do
14. I Got My Mojo Working
15. Tell Her No



             



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