La carrière discographique de THE ZOMBIES a commencé en 1965, il y a 58 ans ! Il faut aller chercher du côté des ROLLING STONES, des BEACH BOYS et de THE KINKS pour trouver pareille performance. Alors certes, comme ces derniers, les ZOMBIES ont une discographie peu fournie et ont connu de gros trous d’air durant leur carrière. En effet, après leur album de référence, Odessey and Oracle (1968), le groupe s’est fait très discret jusqu’en 2000. Mais une telle longévité reste assez surprenante. Et la question qui vient légitimement à l’esprit est de savoir ce qu’un groupe de cet acabit a encore à offrir dans ces circonstances.

Rod Argent (chant et claviers) et Colin Blunstone (chant), les seuls membres originels, ont manifestement encore des choses à dire sur le plan musical à près de 80 ans. Different Game est effet un album très plaisant, qui parvient à concilier fidélité à leur passé et évolution.
Cela est parfaitement illustré par la chanson qui donne son titre à l’album. En effet, si "Different Game" renvoie irrémédiablement au "Whiter Shade of Pale" de PROCOL HARUM, notamment du fait du son d’orgue de Rod Argent, le refrain, bien plus lourd et grave que les couplets, s’éloigne fortement de la Pop estampillée années 60, la marque de fabrique du groupe. Lors de celui-ci, le chant bluesy, qui n’est pas sans rappeler celui de Jimmy BARNES, apporte une puissance à laquelle THE ZOMBIES ne nous avait pas habitués, alors qu’avec "Dropped Reeling & Stupid", les claviers nous amènent presque à une douceur et à un Jazz Rock à la YELLOWJACKET.
Mais, à côte de cela, nous avons également de la Pop sirupeuse à souhait, comme en témoigne le léger et sucré "Rediscover" aux chœurs suaves et à la batterie décontractée, le tout réalisé avec un bonheur certain.
"Merry-go Round" évoque un peu le DEEP PURPLE de l’époque Purpendicular, notamment du fait d'un chant proche de Ian Gillian. Alors qu’avec "Love You while I can", un morceau tout à la fois poignant et lyrique, c’est plutôt du côté de l’univers musical de CUTTING CREW que THE ZOMBIES évoluent.
Pour autant, l’ensemble de ces références/ressemblances ne se révèle absolument pas gênant et à aucun moment un sentiment de mimétisme ne vient ternir le plaisir qui émane de l'album. Le fait que le chant soit partagé entre les deux vétérans du groupe, ce qui apporte une réelle épaisseur aux vocaux, ceux-ci pouvant passer de tonalités douces à des expressions plus rocailleuses et graves, y contribue probablement.

Au final, Different Game se révèle un excellent travail d’équilibriste qui parvient à concilier de bien belle manière des éléments Pop, Jazz et Rock, mais également des sonorités issues d’un mélange de modernité et d'ambiances années 60/70, notamment du fait d’harmonies vocales et de claviers de toute beauté.