DIIV, c'est l'histoire d'un groupe comme il en existe des milliers aux Etats-Unis. Une énième bande de potes très Do It Yourself qui un jour en a assez des répétitions miteuses dans les caves de Brooklyn. C'est ainsi que Zachary Cole Smith la tête brûlée et pensante de ce projet embryonnaire décide de passer à la vitesse supérieure. Il quitte les très indie BEACH FOSSILS pour lesquels il officiait en parallèle et forme en 2011 DIVE. DIVE comme la chanson de NIRVANA qui deviendra DIIV pour ne pas faire d'ombre à un obscure combo d'EBM belge. Les quatre compères écument toutes les scènes locales et se font remarquer par l'excellent label new-yorkais CAPTURED TRACKS. Les voici dans la même écurie que celle de WILD NOTHING, Mac DEMARCO ou BEACH FOSSILS, tiens donc. Pour débuter, il y a sans doute plus inconfortable comme voisinage.

Si on ne fait que survoler rapidement l'entité DIIV, elle a tout l'air de la bonne vieille course aux clichés. Des étudiants qui n'ont jamais posé leurs fesses sur un banc de fac. Un leader vendeur d'herbe à l'occasion et accro à toutes les substances illicites possibles comme également Colby Hewitt le batteur au regard très...habité. Un look savamment négligé oscillant entre, en fait, je ne sais pas trop quoi, et des prestations scéniques parfois chaotiques complétant le tout. DIIV ou la parfaite représentation d'un groupe d'indie des années 2010 limite tête à claque. Même si Smith avec sa petite gueule d'ange déglinguée fait aussi des piges dans le mannequinat, c'est quand même bien la musique qui nous intéresse ici.

DIIV et ce n'est sans doute pas un hasard s'il se retrouve sur ce label américain rêveur effleure les contours d'une pop estampillée la tête dans les nuages, mais une tête un peu mal réveillée ou qui aurait heurté le plafond. En effet, si Oshin fait incontestablement la part belle aux guitares très aériennes, il distille malgré toute sa fraîcheur apparente comme un semblant de gris plus tourmenté. Smith aime la guitare et il est à l'aise avec. DIIV a dans son jeu trois superbes cartes. Elles devraient être étudiées dans toutes les universités dream pop dignes de ce nom. L'introductif "(Druun)" avec sa basse en avant et cette guitare aérienne donne le la. Les superbes "Earthboy" et "Follow" enfoncent quant-à eux tranquillement le clou d'une pop qui se nourrit de douceur cotonneuse et de reverb ouatée.

Si DIIV n'a pas été qu'un énième feu de paille de la sphère indépendante, c'est aussi parce que le groupe ne s'est pas exclusivement cantonné qu'à des espaces feutrés. Si on excepte "Home" la très belle berceuse qui conclut Oshin, les Américains comme disait l'autre ont branché la guitare, entonné le tambour et accordé la basse. Le furieux "Doused" (l'influence de COBAIN sur le leader sans doute) s'avère être un bel exemple. La seul petit bémol, c'est que cet album ne se dévoile pas dès les premières écoutes.Il semble même de prime abord monolithique, voire un tantinet monotone si on ne décide pas de prendre les devants ou d'être patient. C'est indéniablement aussi son charme. Smith confère ainsi pour les plus disposés d'entre nous comme un côté hypnotique et réussi à certains de ses morceaux. C'est le cas avec "Air Conditioning" et "(Druun Pt. II)" qui laisse une nouvelle fois la part à des guitares tourbillonnantes et à une rythmique infatigable.

DIIV sans s'éloigner fondamentalement des canons du genre grippe parfois un peu la machine et réussit à faire d'Oshin un album que la patine du temps rend à l'évidence encore plus savoureux.