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1972 Karthago
1973 Second Step

KARTHAGO - Second Step (1973)
Par LE KINGBEE le 11 Août 2020          Consultée 802 fois

On peut aujourd’hui sourire en visualisant cette pochette. On se croirait à l’ère de Pop Concerto Orchestra ou de Martin Circus. Nous devons cette belle pochette à Cornelius Hudalla, photographe producteur qui avait réussi on ne sait trop comment à bidouiller quelques pochettes de 45-tours et d’albums pour David BOWIE, Spencer Davis Group, T-Rex et Jeff BECK via des productions allemandes sans grand intérêt, selon nous. Remarquez, un tel visuel permet de situer plus ou moins l’époque, bien que les modes vestimentaires soient un éternel recommencement.

Si le premier disque éponyme du quintet allemand se tenait à la périphérie du Krautrock, le répertoire demeurait fortement ancré entre un assemblage de Jazz aux arômes latins et de Jazz Prog quelque peu hybride. BASF estime qu’il est temps de passer un palier et expédie le groupe en studio. Cette fois-ci, c’est à Hambourg au Windrose-Dumont Time Studio qu’on envoie KARTHAGO. Rien de bien surprenant ici, c’est là que NEU, NOVALIS, KIN PING MEH, Grobschnitt ou Frumpy enregistrèrent leurs premières galettes. Pour BASF, il est temps que le groupe passe à la vitesse supérieure. Le batteur Wolfgang Brock, qui a déjà pris la poudre d’escampette pour rejoindre Upperseption et plus tard The Rattles, vient d’être remplacé par Norbert Lehmann, un débutant qu’on retrouvera plus tard au sein d’Epitaph. Depuis un an, la formation s’est produite abondamment en concert. Non contente de se produire sur tous les festivals d’Allemagne, elle s’est aussi produite dans les pays voisins et a fait la rencontre de groupes étrangers, KARTHAGO faisant souvent office d’happening ou de première partie, une sorte d’amuse-gueule, si vous préférez.

De ces rencontres et longues et harassantes tournées, le groupe va quelque peu modifier son répertoire, lui donnant une orientation plus anglo-saxonne. Cette impression se ressent d’entrée de jeu avec "Pacemaker" un instrumental assez court qui nous renvoie vers Jon Lord et DEEP PURPLE. Virage à 90 degrés avec "I Don’t Care", à mi-chemin d'un Rock tapageur à la GRAND FUNK RAILROAD et d'un Rock Prog annonciateur des américains KANSAS et STYX. Les synthétiseurs, la guitare de Joey Albrecht et des baguettes en furie s'y livrent une bourre d’enfer. Même impression avec "Crosswords & Intermissions" chanté brièvement cette fois par Ingo Bishoff, les claviers avec un moog pouvant rappeler une sonorité proche de Rick Wakeman (YES) et la batterie souvent pleine de colère s’arrogeant les premiers rôles. Une première face qui s’achève sur "Don't Send Me Your Money, Send Me Your Heart", un Rock Prog AOR qui ne parvient pas à retenir l’attention. Si le chant d’Albrecht se révèle parfois trop percutant, l’orchestration et les tempos évoquent schématiquement les futures constructions de STYX, avec cependant quelques incursions dans le domaine du Free Prog.

"Wild River" ouvre la face B sous les auspices d’un Prog Folk qui se transforme très vite en Jazz Prog. La basse s’arrondit considérablement tandis que, pour la premières fois, les percussions du Péruvien Tony Goldschmidt sortent enfin de l’ombre. Partiellement chanté en espagnol par Tony Goldschmidt avec des strophes hurlées par Joey Albrecht, "Lamento Juvenil (Start To Fight)" se révèle à notre sens complètement incongru. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’une plaisanterie de la part du groupe, plaisanterie tombant plutôt à plat. Le chant s’avère sans saveur et parfois proche de la parodie tandis que la mélodie semble se planter comme une courge entre Bossa Nova Latin Jazz et un Prog Glam peu académique. Une vraie purge ! "California Giggin" avec sa guitare un brin funky et un jeu d’orgue jazzy fait aussitôt penser à SPIRIT, d’autant que Joey Albrecht délivre un bref passage d’harmonica. Le morceau phare de cette face B. Le métaphorique "Oberbaum Bridge", pont représentatif de l’ancien rideau de fer, sert de chaînon entre le Krautrock et le Prog. So british. On se demande ce que vient faire cette étonnante détonation et ces caquetages de canards au milieu du morceau, passage laissant place à 60 secondes de piano dans une sorte d’exercice scolaire suivi de 60 secondes récréatives complètement barrées dans le style de TRAFFIC, SPIRIT ou de nos MARTIN CIRCUS. Un titre bien bordélique qui évoque plus le cirque qu’un Prog. bien structuré.

Vous l’aurez compris, si l’opus précédent contribuait à apporter un vent de fraîcheur avec une truculente combinaison de Latin Jazz et de Rock Prog, ce Second Step témoigne, comme le veut l’adage, qu’il est souvent ardu de confirmer avec un bon second disque. On se demande pourquoi le percussionniste Tony Goldschmidt se retrouve autant sous l’éteignoir, alors que ses instruments apportaient une forte contribution au premier album. Mais c’est avant tout l'impression d’un collage épars de multiples tendances, un manque de groove évident, une cohésion effritée et une faiblesse mélodique qui étonnent défavorablement ici. On a l’impression qu’à vouloir se montrer original et novateur en piochant de-ci de-là que le groupe perd le Nord et ses auditeurs. Deux membres du quintet, Gerald Hartwig pour EMBRYO et Mombasa et le batteur Norbert Lehmann quitteront le navire après cette seconde marche, probablement trop dure à franchir. Bien que se situant à la lisière de plusieurs tendances, le disque est classé dans la catégorie Rock Prog. Seuls trois titres parviennent à surnager, ce qui fait trop peu pour récolter la moyenne.

Réédité par Brain en 1979, l’album connaît une réédition CD en 1998 via le label Repertoire avec deux titres bonus issus d’un 45-tour BASF, contenant le standard de Chuck BERRY "Johnny B Goode", titre gentillet n’apportant pas grand-chose et "Goin’ Down" un titre bluesy de Don Nix beaucoup plus groovy et enthousiasmant.

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- - Joey Albrecht (chant 2-4-5-8, guitare harmonica 7)
- - Gerald Hartwig (basse, chant 7, chœurs)
- - Ingo Bischof (orgue,piano, chant 3-8)
- - Norbert Lehmann (batterie, choeurs)
- - Tommy Goldschmidt (percussions,chant 6, chœurs)


1. Pacemaker
2. I Don't Care
3. Crosswords & Intermissions
4. Don't Send Me Your Money, Send Me Your Heart
5. Wild River
6. Lamento Juvenil (start To Fight)
7. California Gigging
8. Oberbaum Bridge



             



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