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1968 Just Because I'M A Woman
2023 Rockstar

Dolly PARTON - Just Because I'm A Woman (1968)
Par LE KINGBEE le 31 Octobre 2020          Consultée 1348 fois

Outre Atlantique, au pays de John Wayne, de Clint Eastwood, des bisons et des vastes étendues sauvages, une petite blonde aux formes généreuses a défrayé le paysage de la Country Music. Si aujourd’hui certains se moquent de Dolly PARTON suite à diverses retouches d’opérations esthétiques, certains la comparant même à une sorte de phénomène de foire, il ne faut pas oublier que la chanteuse s’est imposée à Music City dans un domaine des plus machiste grâce à des dons d’écriture et la qualité de sa voix et ce depuis le milieu des années soixante.

Petit retour biographique sur cette icône de la Country US.
Dolly Rebecca Parton voit le jour en janvier 1946 à Locust Ridge, un hameau paumé dans les Great Smoky Mountains, dans l’est du Tennessee. Quatrième enfant d’une famille qui en comptera douze, Dolly vit dans une cabane en bois nichée dans la plantation de tabac familiale. Si la famille connait la pauvreté, elle mène une enfance heureuse dans une contrée fortement isolée. Son grand père paternel ayant officié comme pasteur pentecôtiste, Dolly ne peut échapper à l’église. Mais c’est par le biais de sa mère, une modeste chanteuse amateur, qu’elle se passionne pour le chant. A dix ans elle manie la guitare et effectue ses premiers pas pour une radio de Knoxville. Trois ans plus tard elle se retrouve sur la scène du Grand Ole Opry et enregistre son premier single pour le label Goldband d’Eddie Shuler. Le succès n’étant pas au rendez-vous, elle retourne sagement au collège afin de terminer ses études.

En 1964, elle décide de retenter sa chance à Nashville où elle est hébergée par son oncle Bill Owens. La belle poupée blonde se marie avec Carl Dean et entame une carrière sans gloire dans les bouges et honky tonk locaux. Entre 1964 et 1967, elle grave une douzaine de singles pour le label Monument. "Dumb Blonde" lui permet de se faire connaitre du monde de la Country, mais c’est Porter Wagoner qui la conduit au succès via son émission télé. Le bon Porter a décidé de remplacer Norma Jean, son habituelle partenaire, par une chanteuse plus jeune, plus belle et plus maniable. Avec ses robes à frou frou, ses perruques, ses hauts talons, ses robes de cowgirl ultra courtes et son air de petite ingénue, Dolly rencontre très vite le succès.

Si Dolly peut parfois paraitre naïve et godiche, son vocal juvénile et un talent pour l’écriture lui permettent de décrocher dès 67 un contrat chez la RCA, la même crémerie que Wagoner. Cette embauche va se révéler fructueuse pour la RCA, le duo décrochant les Awards du meilleur duo vocal en 68, 70 et 71. Dolly Parton va devoir attendre 1971 pour connaitre de beaux succès, moment où elle enregistre ses propres chansons. Remarquable femme d’affaire, Dolly Parton a fait preuve de patience pour faire décoller sa carrière, mais sa sensibilité, un répertoire cohérent n’offusquant pas les traditions de la Country US, ses tenues vestimentaires parfois outrancières, un sens du spectacle avisé lui permettront de devenir la chanteuse Country préférée des péquenots du Sud.

Just Because I’m A Woman provient de trois sessions enregistrées dans les studios de la RCA à Nashville les 11, 18 et 26 décembre 1967 ⃰. Ce second opus fait suite à Just Between You And Me, disque gravé en compagnie de Porter Wagoner en octobre. Juridiquement, la RCA devait attendre la fin du contrat de sa chanteuse avec Monument Records pour pouvoir l’enregistrer en solo et surtout la publier. Sorti mi avril, le disque connaitra un bon petit succès se classant à la 22ème place au Billboard Hot Country LP. Un mois plus tard, la RCA lancera un single regroupant "Just Because I’m A Woman" couplé à "I Wish I Felt This Way At Home", moyen de promotion un peu tardif pour défendre réellement le 33 tours.

Produit par Bob Ferguson, Dolly Parton est entourée ici par la moitié des sessionmen présents sur son précédent disque. On y retrouve les guitaristes Wayne Moss (ex Bob DYLAN, Roy Orbison) et George McCormick (ex Louvin Brothers), la même rythmique, le banjoïste Buck Trent et le violoniste Mack Magaha. Parmi les nouveaux venus, la blondinette peut compter sur Jerry Stembridge (alias Chip Young), entendu brièvement auprès du King Elvis, et le steel guitariste Lloyd Green (ex Bob Wills, Johnny Paycheck).
Dolly Parton fait honneur à son statut d’auteure avec un quart d’originaux. On peut penser que la RCA avait placé un frein face aux compositions de la chanteuse. C’est avec une compo que s’ouvre l’album avec "You’re Gonna Be Sorry". Un titre comme Nashville en édita à la pelle en cette fin sixties. "I'll Oilwells Love You" se révèle plus rythmé, Dolly pouvant à l’occasion faire preuve d’humour. Elle dévoile des aspects nettement plus sombres sur "The Bridge", histoire d’une pauvre fille enceinte lâchée par son compagnon et qui finira par se jeter du bridge en question. "Just Because I’m A Woman" qui donne son titre à l’album, dévoile déjà un esprit d’émancipation dans une Amérique puritaine. Le fiddle, la steel et la guitare rythmique de McCormick nous expédient là en plein Honky Tonk. Stella, la plus jeune sœur de la fratrie Parton, reprendra le titre en 2016, dans un tribute à sa frangine.

Parton fait preuve de fantaisie avec "False Eyelashes", un gadget de maquillage très apprécié de la chanteuse. Ecrit par le texan Neal Merritt spécialement pour l’album "The Only Way Out (Is To Walk Over Me" se dévoile entre ballade nashvillienne et honky tonk avec bon passage de steel. Curly Putman, un compositeur tournant dans le giron de Porter Wagoner, lui offre "Little Bit Slow To Catch On". Avec son timbre faussement candide, Dolly fait encore preuve d’humour sur ce titre plus rythmé. Le brave tonton Bill lui apporte deux petites sucreries "Love And Learn" porté par une voix expressive, on dirait presque du post Patsy CLINE. "I’m Running Out Of Love" s’annonce plus rustique et Dolly se fait enjôleuse en diable, mais on pourra se montrer sceptique quand elle affirme manquer d’amour. "Baby Sister", création du guitariste Shirl Milete, s’avère larmoyant au possible, la steel déverse un torrent de larmes tandis que Dolly tente de sortir sa jeune sœur des griffes d’un souteneur. Une version largement plus expressive par rapport à celle de Vernon Oxford. Composé par la doublette McCormick/Trent "Try Being Lonely" avait fait l’objet de reprises bien boursoufflées via Porter Wagoner et Norma Jean. Le chant puissant et plus limpide s’appuie ici sur une orchestration plus sobre reléguant les versions antérieures aux oubliettes. Œuvre du prolifique Harlan Howard, "Wish I Felt This Way At Home" chanté sans grand succès par son créateur, avait été repris par Bob Wills et Bonnie Owens dans des versions mitigées. Dolly parvient à maintenir l’attention grâce à son chant plein de conviction et un pouvoir de séduction. On conseillera l’interprétation du regretté soulman de Memphis Lattimore Brown.

Alors aujourd’hui ce second opus de l’icône blonde, propriétaire de Dollywood un parc d’attractions, semble bien daté. En dehors d’un petit tiers de faces valant avant tout par la qualité du chant, des textes sortant du lot pour l'époque et le charisme de la chanteuse, les deux autres tiers du disque nous immergent en plein Nashville Sound, une sonorité inventée de toute pièce par la RCA, Capitol et Chet Atkins dès le début des sixties. L’héritage avec le Hillbilly et l’Old Time allait être rompu en deux coups de cuillères à pots, celui du Nashville Business et des arrangements sirupeux. Il faudra attendre encore trois ans pour que la plantureuse Dolly ne commette quelques cartons, une période de succès qui sera bientôt plombée par une orientation vers une Country Pop des plus indigeste. Mais ça ... c'est une autre histoire. Si cette chronique fait suite à la demande d’un lecteur, (espérons qu’il ne soit pas trop désappointé) il n’en reste pas moins vrai qu’il était temps que Miss Dolly soit enfin présente sur le site, malgré une note que certains jugeront probablement sévère.

⃰ Les dates indiquées par le site Wikipédia sont fausses, mais avouons qu’il n’y a là pas mort d’homme.

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   LE KINGBEE

 
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- Dolly Parton (chantwayne moss )
- Jerry Stembridge (guitare)
- George Mccormick (guitare)
- Charles 'buck' Trent (banjo électrique)
- Lloyd Green (steel guitare)
- Roy Junior Huskey (basse)
- Jerry Carrigan (batterie)
- Mack Magaha (fiddle)
- Hargus Robbins (piano 1-2-3-4-7-8-12)
- David Briggs (piano 6-9-10-11)
- Anita Carter (chœurs)
- Dolores Edgin (chœurs)


1. You're Gonna Be Sorry
2. I Wish I Felt This Way At Home
3. False Eyelashes
4. I'll Oilwells Love You
5. The Only Way Out
6. Little Bit Slow To Catch On
7. The Bridge
8. Love And Learn
9. I'm Running Out Of Love
10. Just Because I'm A Woman
11. Baby Sister
12. Try Being Lonely



             



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