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FABIAN - The Fabulous Fabian (1959)
Par LE KINGBEE le 14 Janvier 2021          Consultée 931 fois

A la fin des fifties, de nombreux disques se retrouvent parés de la mention The Fabulous, preuve d’une grande originalité. Une semaine après la sortie de cette galette, Shirley Bassey a le droit à son Fabulous. Comble de l’ironie, ce sont souvent les disques les plus mauvais des artistes concernés. Mais, que voulez-vous, on n’échappe pas à une tendance, il faut parfois se plier aux exigences d’une stratégie marketing.
En 1959, tout est Fabuleux : en février, Buddy Holly, The Big Bopper et Ritchie sont victimes d’un tragique crash d’avion. En Suisse, un référendum refuse le droit de vote aux femmes. Le dalaï-lama doit se refugier en Inde pour échapper aux Chinois. Fidel Castro investit la Havane. En Afrique, on assiste à la création du Mouvement de Libération de la Palestine et, plus près de chez nous, à la fondation de l’ETA, tandis que les premiers soldats américains tombent comme des mouches au Vietnam. A part ça, tout est fabuleux comme l’annoncera plus tard AZNAVOUR (Non lui c’est Formidable).
Tout est fabuleux sauf pour les gars évoqués plus haut et pour Anthony Fortes, malgré son beau sourire, FABIAN est victime de harcèlement de la part de Bob Marcucci qui n’hésite pas à l’occasion à tabasser son chanteur pour que celui-ci lui rapporte plus de pépettes, le nerf de la guerre. Les tracasseries et les aléas dont fut victime le jeune chanteur seront révélés des années plus tard avec une humilité incroyable. Il est alors bien regrettable qu'un mouvement comme ≠ me too n’existe pas encore. Mais c’est là un autre débat.

FABIAN passe dans les plus grosses émissions de télé pour teenagers. Marcucci sait très bien que l’embellie ne va pas durer et qu’il lui faut battre le fer pendant qu’il est chaud. L’adolescent est sur la brèche, entre un père malade, des shows qui se succèdent, des tournées harassantes, des sessions d’enregistrement souvent réalisées à la va-vite et l’inlassable présence d’un producteur bourreau qui veille au grain.

"Hold That Tiger" ne s’est pas vendu comme escompté, alors que Marcucci pensait décrocher le cocotier avec le beau sourire de son chanteur et la présence d’un tigre en peluche, plus baudruche que prédateur, à l’image des singles "I’m A Man" ⃰, "Tiger", "Turn Me Loose" ou "Hound Dog Man". Marcucci ne prévoit aucune promotion si ce n’est un E.P quatre titres dont la pochette reprend celle du 33-Tours, un sous est un sous ! A une époque où les acheteurs privilégiaient encore le single ou l’E.P, Marcucci allait encore se planter, la cupidité est souvent punie.

La rapacité et l’avidité du producteur apparaissent ici comme le nez au milieu de la figure. Au lieu de faire appel à une bonne équipe d’auteurs-compositeurs, il se contente de l’équipe de bras cassés qui traînent leurs guêtres dans les bureaux du label. Le premier titre nous plonge d’entrée dans le ton de l’album du Rock' n' Roll pour midinette ou pour jeune prépubère. Sans être mauvaise langue, "Remember Me" ne laisse que peu de souvenirs. Peter De Angelis, cofondateur du label Chancelor, et Marcucci apportent deux sucreries : "You Excite Me", un Teen-Rock bourré de chœurs, et "Everything Is Just Right" qui lui ressemble comme un gant, tant au niveau du tempo que d’une orchestration peu captivante.
Au rayon des reprises, on lui impose "Gimme A Little Kiss", une ballade sentimentale des années vingt popularisée par Jack "Whispering" Smith. Cette guimauve reprise par Sarah Vaughan et le countryman Eddy Arnold, qui virait parfois sa cutie pour se transformer en crooner, n’a pas sa place dans le répertoire du jeune rocker. En dehors d’arrangements presque parodiques par rapport au Nashville Sound, les paroles sonnent terriblement vieillottes dans la bouche d’un si jeune chanteur. "Gonna Make You Mine"°, un Hillbilly Rock à la sauce Nashville, vaut surtout pour la guitare d’Al Caiola. "I’m Sincere" aurait pu prétendre à mieux mais à l’instar du Canada Dry et de d’alcool, il ne s’agit que d’une pâle copie rappelant vaguement le goût du Rock' n' Roll. Avec "Any Ole Time", un sucre gorge plus collant qu’une pomme d’amour avec une légère coloration exotique, on touche le fond. Même chose avec "Give" qui sonne comme un pastiche de variétoche. Impression similaire avec "Gotta Tell Somebody" pourtant écrit par le tandem Doc Pomus/Mort Shuman. "You’ll Never Tame Me", une compo du même tandem, se révèle plus efficace et plus authentique par rapport à la version gravée quelques semaines avant par Bobby Rydell.

Peu de titres parviennent à surnager. "Learnin", avec un vocal légèrement syncopé et une orchestration plus rurale sous l’influence de Carl Perkins, s’avère une bouée de sauvetage. Paradoxalement, Fabian s’en sort plutôt pas mal sur un morceau doux avec le standard de Fats Waller "Ain’t Misbehavin’". Les puristes préfèrent très certainement les interprétations instrumentales du guitariste Tiny Grimes ou celles plus cuivrées de Ruby Braff, Houston Person ou Sonny Stitt.

Arrive le moment fatidique, celui de dresser un bilan. Avec une orchestration des plus basiques, des arrangements sommaires, peu délicats et sans aucune idée novatrice, le jeune chanteur n’est guère aidé. On peut même penser qu’il n’y croyait plus du tout, n’ayant qu’une envie, celle de quitter le navire le plus rapidement possible. Hormis deux titres, il n’y a pas grand-chose à sauver ici. Les chansons se ressemblent, se différenciant uniquement par les tempos : d’un côté des sucreries extra lentes qui collent au palais à l’image des berlingots, de l’autre des Teen-Rocks pollués de chœurs et d’arrangements à la Chet Atkins. Deux titres parviennent à retenir l’attention, ce qui fait trop peu pour mériter la moyenne. On conseille aux amateurs de Rock fifties une compilation du chanteur ou à défaut un film, Fabian est le propriétaire d’une filmographie dans laquelle se trouvent de bons films.

⃰ Titre homonyme à celui de Bo Diddley.
°Titre homonyme à ceux des Shadows Of The Knight et Lou Christie.

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- Fabian (chant)
- Al Caiola (guitare, orchestre 2-5-11-12)
- Ray Straigis (claviers, orchestre 1-3-7-8-9-10)


1. Remember Me
2. Ain't Misbehavin'
3. Gotta Tell Somebody
4. Every Is Just Right
5. Gimme A Little Kiss
6. Learnin'
7. Gonna Make You Mine
8. I'm Sincere
9. You'll Never Tame Me
10. Any Ole Time
11. Give
12. You Excite Me



             



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