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ROCK PSY- PROG- JAZZ ROCK  |  STUDIO

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1969 Mercator Projected
1971 New Leaf

EAST OF EDEN - Mercator Projected (1969)
Par LE KINGBEE le 19 Janvier 2021          Consultée 1140 fois

EAST OF EDEN se forme à Bristol en 1967 à l’instigation de Dave Arbus (le gars au violon sur le "Baba O Riley" des WHO), de l’organiste saxophoniste Ron Caines, tous deux membres du Contemporary Jazz Quintet. Ils sont rejoints par le guitariste Geoff Nicholson, le batteur Stuart Rossiter et le bassiste Mike Price, bientôt remplacé par Terry Brace, lui-même éjecté au profit de Steve York (futur VINEGAR JOE, MANFRED MANN, Robert PALMER, Gary MOORE).
Le groupe se produit sur toutes les scènes anglaises et connaît un succès inattendu grâce au violon d’Arbus, instrument alors peu en vogue. L’Américain Papa Long Creach n’a pas encore rencontré JEFFERSON AIRPLANE, et It’s A Beautiful Day, groupe du violoniste David LaFlamme vient tout juste de se monter. Chez nous, Jean-Luc Ponty n’a pas encore enregistré "More Than Meets The Ear", Jerry Goodman n’a pas encore intégré The Flock ou le MAHAVISHNU ORCHESTRA de John McLAUGLIN, même constat avec Mik Kaminski, futur membre d’ELO et Ray Shulman, le plus jeune des trois frères Shulman œuvrant au sein de GENTLE GIANT.
Après avoir adopté le nom Picture Of Dorian Grey, le groupe s’oriente vers un autre roman célèbre en se transformant en East Of Eden, influencé à la fois par le livre de Steinbeck et peut-être par un verset de la Bible. En 1968, la formation enregistre un premier single pour Atlantic, mais l’affaire s’arrête là, faute de succès, et découle sur le départ de Rossiter remplacé par Dave Dufort.

Malgré cette déception, Dave Arbus parvient à décrocher un contrat avec Deram, filiale anglaise de Decca, qui envoie le groupe en studio. Le groupe placé sous la houlette de Noel Walker, un producteur sans grand génie qui tournait dans le giron des Bachelors, de The Big Three, Zoot Money et de John O’Neill (alias "Whispering" Jack Smith). Si Walker s’est fait la main avec des groupes Folk de seconde zone, le choc va être rude tant le répertoire d’East Of Eden bouscule le conformisme musical anglais de l’époque, mais Walker a le bon sens de ne pas trop serrer la bride des musiciens et ainsi de laisser libre-cours à une créativité débordante d’idées.

Si chez nous, le groupe n’a recueilli que quelques louanges polies de la critique, la pochette laisse un meilleur souvenir avec cette femme assise et nue dont le dos met en valeur une sorte de cartographie rappelant le procédé du tatouage. On doit cette superbe pochette à David Wedgbury, designer attitré du label Decca spécialisé dans la musique classique et la Pop (SAVOY BROWN, Marianne FAITHFULL, MOODY BLUES). Cette image nullement anodine constitue une trame logique avec le titre de l’album. Le mercator projection est un appareil de projection cylindrique permettant la restitution de cartes marines, comme celles figurant sur le dos de la femme de la pochette. Curieusement, la pochette dorsale en noir et blanc renvoie à Sam The Sham, créateur du mythique "Wooly Bully" avec des tenues et des coiffes bien dans le sillage de celle portée par Yul Brunner dans le film Les Dix Commandements.

Si sur scène Dave Arbus est le maillon fort du groupe et l’élément le plus charismatique avec son violon électrique et sa flûte, Ron Caines demeure le principal pourvoyeur en matière d’écriture avec pas moins de quatre titres et participant à la coécriture des quatre titres restants.
D’entrée, on est surpris par le caractère de "Northern Hemisphere" à l'intro reproduisant des bruits d’oiseaux. On se croirait en pleine nature ou dans un parc naturel. Très vite, une grosse ligne de basse dans une ambiance stoner chasse les volatiles pour nous envoyer vers un délire où s’emboîtent Rock Psy, Prog Acid. Un curieux décor avec incorporation d’une flûte, du violon électrique, d’une ambiance tribale alors que le morceau s’achève sur un bruit d’explosion nucléaire annonciatrice d’un cataclysme. "Waterways" diffuse dans un premier temps deux minutes d’ambiance mélancolique teintée d’une touche de romantisme via un entrelacs de flûte et de violon avant de s’orienter plus près de Shiva avec une bascule dans le Rock Psyché et un final des plus improbables avec le bruit d’une chasse d’eau dont on se demande ce qu’elle vient faire là.
Avec son intro de flûte à cheval entre JETHRO TULL, IF et la flûte de pan, "Isadora" nous entraine dans une farandole ésotérique où se mêlent diverses influences hindouistes et orientales. Changement de cap avec "Centaur Woman", un bouillon instrumental de Hard- Rock Prog dans lequel harmonica, flûte, saxophone et une basse privilégient l’improvisation sur un rythme totalement débridé, le dernier quart du morceau se rapprochant d’un Boogie complètement barré. "Bathers", premier titre de la face B, pourrait faire figure de synthèse entre PINK FLOYD (du début), les MOODY BLUES ou SOFT MACHINE. Sur ce coup, c’est dans une ambiance mélancolique mais poétique dans laquelle le groupe s’enferme. Les fans de JETHRO TULL pourraient croire qu’Ian Anderson a fait une infidélité à son band, en découvrant "Communion", titre plein de nuances et dans lequel le violon passe par toutes les couleurs d’un arc en ciel. Les linguistes s’apercevront que les trente dernière secondes proviennent d’un échange en slave entre Steve York et ses partenaires. Le bassiste suivait des cours de Serbe et s’amusait à faire quelques exercices de prononciation. A l’écoute de "Moth", les fans des BEATLES feront probablement le rapprochement avec "I’m The Walrus" malgré l’intro de percussions et de kalimba ; le chant de Ron Caines pourra évoquer par intermittence des intonations propres au regretté Greg Lake. Le disque s’achève sur "In The Stable Of The Sphinx", un instrumental de plus de huit minutes débutant par une sonnerie de téléphone, un Prog parfumé de fragrances orientales et de quelques zestes tziganes dans lequel les instruments s’engouffrent avec goinfrerie.

Note réelle 3,5.

Sorti quelques mois avant le célèbre "In The Court Of Crimson King" de KING CRIMSON, ce premier opus figure parmi les bonnes pioches anglaises de l’année 69. Mention à "Northern Hemisphere", "Waterways" et au boogie bluesy "Centaur Woman", trois titres aux reflets variés qui devraient remporter une solide adhésion. Une musique inventive fusionnant Rock Psy, Prog, Jazz Rock, Canterbury et Folk ethnique. Album parfois classé en Rock Prog chez certains de nos confrères. Les textes complètement barrés nous incitent à ranger l’opus dans le tiroir du Rock Psyché.
Signalons que le disque a été réédité en format CD avec des titres bonus.

Remerciements à Yves "Big Legs", un ancien de chez Pygmalion, pour m’avoir confié le pressage anglais. Cette chronique provient des écoutes des pressages UK et français.

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   LE KINGBEE

 
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- Geoff Nicholson (chant, guitare)
- Ron Caines (saxophone, orgue, chant 4)
- Dave Arbus (violon électrique, flûte, cornemuse, saxophone, cl)
- Steve York (basse, harmonica, kalimba)
- Dave Dufort (batterie, percussions)


1. Northern Hemisphere
2. Isadora
3. Waterways
4. Centaur Woman
5. Bathers
6. Communion
7. Moth
8. In The Stable Of The Sphinx



             



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