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POST-HARDCORE/NOISE ROCK  |  STUDIO

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1991 Drive Like Jehu
1994 Yank Crime

DRIVE LIKE JEHU - Drive Like Jehu (1991)
Par K-ZEN le 20 Janvier 2021          Consultée 462 fois

DRIVE LIKE JEHU – que je pourrais nommer plus loin D.L.J par confort – ou l'histoire d'un groupe à la longévité limitée mais cependant suffisante pour laisser dans le sillage de ses deux albums une épaisse fumée noire et une forte odeur de soufre en héritage. En effet, pas de « Relationship Of Command sans D.L.J » selon le chanteur chevelu d’AT THE DRIVE-IN Cedric BIXLER-ZAVALA. BOTCH ou encore DEFTONES, via diverses interviews ou reprises, souscriront également à ce constat.

Le groupe se structure en 1990 autour du noyau formé par le guitariste John REIS et le préposé au chant et guitare rythmique Rick FROBERG. Le duo est familier, ayant joué ensemble au sein de PITCHFORK entre 1986 et 1990. Ils sont rejoints par Mike KENNEDY à la basse et Chris BRATTON dans un premier temps, vite remplacé par Mark TROMBINO derrière les fûts, deux transfuges de NIGHT SOIL MAN. Muni d’un trop-plein d’énergie, REIS forme aussi l’alter-égo ROCKET FROM THE CRYPT un mois plus tôt.

Son patronyme est inspiré de phrases issues du second Livre des Rois, ouvrage biblique, relatant l’histoire du roi d’Israël Jéhu : « Le guetteur annonça : Il est arrivé jusqu’à eux, mais il ne revient pas. La façon de conduire le char est celle de Jéhu, fils de Namsi, car il conduit comme un fou ! » Moi qui croyais à une anecdote routière concernant un pote mauvais conducteur, je n’étais pas si loin.

Chant passionné, structures complexes voire progressives, tension permanente, ruptures rythmiques, riffs de guitare intriqués, basse aux reins solides, batterie toujours sur la brèche ; un ensemble généreusement assaisonné d’une redoutable mélodicité. La recette concoctée par DRIVE LIKE JEHU est mise en pratique dès ce premier album avec un certain succès tout au long de ces neuf morceaux denses et entropiques.

Maturés lors de jam sessions sur le matériau guitaristique nu amené par REIS, les compositions hésitent entre implosion et explosion. Cohabitent ainsi "O Pencil Sharp", neuf minutes allant titiller SONIC YOUTH sur son propre terrain sans vergogne, avec les tubes hardcore instantanés comme cet imparable "Spikes To You". Ce contraste illustre en vérité très bien les difficultés éprouvées il y a trente ans par les critiques à classifier la musique de D.L.J. En fait, en plus d’édifier un pont reliant noise et math rock, il contribue simplement, à son niveau et à l’instar de FUGAZI, RITES OF SPRING ou d’autres groupes signés sur le fameux label Dischord, à la lente mutation de l’emo, devenant au milieu des années 90 aux Etats-Unis ce post-hardcore enrichi par l’esprit du rock dit indépendant et l’aspect immédiat et do-it-yourself du punk. FROBERG signe ainsi le cover-art illustrant ce premier jet, auquel je dois avouer être totalement hermétique.

Heureusement, ce même Rick FROBERG s’avère excellent aux vocaux, entre cris stridents à la limite de la rupture (redoutable d’intensité "If It Kills You") ou chant clair monocorde juvénile, bien plus convaincant que REIS qui s’essaye avec moins de succès sur "Step On Chameleon", titre toutefois sauvé par son excellent refrain. Les vocalises mutent parfois en spoken words, validant l’influence exercée par SLINT (talent identique pour le packaging minimal d’ailleurs), coexistant avec SONIC YOUTH, WIPERS voire le krautrock incarné par NEU !

Côté guitare, John REIS, néanmoins bien soutenu par FROBERG, est tout aussi inventif, multipliant plans déstructurés, solos acides et riffs labyrinthiques : ceux, énormes, de "Good Luck In Jail" et "Turn It Off", reconnaissables, incrustés, jusque dans les recoins des larsens, au cœur d’incertains instants. Son admiration vis-à-vis du guitariste d’HONOR ROLE Pen ROLLINGS, pointant son style très « expressif » muni d’énormément « de personnalité pour un guitariste punk » prend alors tout son sens.

Avec ce skeud inaugural, DRIVE LIKE JEHU s'affirme comme un des groupes de post-hardcore les plus passionnants et véhéments de sa génération, se permettant même en comparaison de faire passer FUGAZI pour un gentil animal de compagnie. Cet album a également permis d’attirer l’attention des gros labels, menant les groupes jumeaux à signer un deal plutôt lucratif avec Interscope Records. Le produit de cette signature sera matérialisé trois ans plus tard avec Yank Crime.

D.L.J ou une des incarnations les plus véritables et fidèles du terme abrasif.

3.5/5

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   K-ZEN

 
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- Rick Froberg (chant, guitare)
- John Reis (guitare, chant)
- Mike Kennedy (basse)
- Mark Trombino (batterie)


1. Caress
2. Spikes To You
3. Step On Chameleon
4. O Pencil Sharp
5. Atom Jack
6. If It Kills You
7. Good Luck In Jail
8. Turn It Off
9. Future Home Of Stucco Monstruosity



             



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