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NOTHING BUT THIEVES - Moral Panic (2020)
Par ERWIN le 4 Mars 2021          Consultée 990 fois

Les dépressifs anglais de NOTHING BUT THIEVES ont rapidement remis le couvert pour ce troisième opus après leur maxi E.P What Did You Think When You Made me This Way ? Bref, le quatuor va profiter de l'éloignement relatif des MUSE vers la synthwave et autres dubstep pour rafler la mise sur le marché de l'alternatif. La comparaison n'a rien de foireux si on considère les premiers opus de chacun des groupes. Mais les sudistes ont toutefois une réelle identité qui trouve sa quintessence dans la voix du leader Conor MASON. La pochette est à nouveau propice – ouais comme sur le E.P ! - à débauche d'orange, couleur qui colle si fort à notre époque malgré ses tons criards et peu esthétiques, et le titre bien pessimiste donne un aperçu du ton de la musique à laquelle il faut s'attendre : tout ceci ne respire pas la joie !

Ils ont choisi d'extraire cinq singles de cet album : bien longtemps avant la sortie du L.P, sortait "Is Everybody Going Crazy", un riff très typé avec une basse en béton à la Wolstenholme. Des consonances pop traversent l'ensemble de manière fulgurante, mais on reste dans le pré-carré des grands frères – voilà qui va plaire à certains membres de l'équipe, salut à toi le pirate ! - sans atteindre des sommets. "Real Love Song" prend la suite avec ses faux accents new-wave, et de gros synthés telluriques. Synth ? On remarque le joli refrain qui explose avec quelques arpèges de guitare. "Unperson" ne saurait être plus MUSEienne. Mais est-ce un défaut si la qualité est là ? Les avis seront partagés, mais j'aime à nouveau le refrain éthéré ainsi que la dynamique générale du titre, très sympa.

C'est cependant avec les deux singles suivants que je range le groupe dans ceux à surveiller du coin de l'oeil dorénavant. Alors, peut-être que certains auditeurs vont trouver tout ceci trop "entendu" mais j'adore personnellement les sensibles accents de Conor sur la fabuleuse "Impossible" assortie de son énigmatique vidéo. Tout dans cette chanson touche à la perfection de l'alternatif, nanti de quelques vibrations pop bien sûr. Et puis il y a "Phobia", le dernier single, son ambiance sourde et délétère et sa vidéo orange et bleue, une ode au mal être, symbolique du mal de notre temps, l'internet en première ligne Deus ex machina impersonnelle, destructeur temporel aux réseaux sociaux annihilateurs de personnalité, qu'on devrait montrer dans les écoles avec analyse à la clé. Magnifique, voilà de l'art, c'est très fort !

La slow "Before We Drift Away" propose de jolies paroles sans doute prémonitoires et une orchestration sympa qui prend un rythme consistant pour achever le disque de belle manière. "There Was Sun", avec ses efficaces nappes de synthés et ses guitares saturées, continue de répandre la parole d'un monde en proie au doute, de générations sacrifiées à l'immédiateté des portables et qui ne regardent plus le soleil. Lancinant et répétitif, "Can You Afford To Be An Individual" soulève une question existentielle, vu notre époque ! Comme souvent sur cet album, la musique se mue en compte à rebours vers une catastrophe annoncée. On y jouxte des élans très métalliques.

Quelques élans pop ponctuent le disque, tout en propageant le message qu'on va tous crever de ce monde. "Free If We Want It" apporte quelques touches d'espoir. La chanson est plus mainstream mais continue tout de même sur un ton accusateur, ou alors "We Can Stay In This lane All Alone"... Dur ! L'éponyme "Moral Panic" est symbolique de la déprime sévère des membres du groupe, impuissants devant la situation, qu'ils ne peuvent que stigmatiser. Le titre est d'un pop taillé pour les billboards. Au début de "This Feels Like The End", la boîte à rythme, les synthés et même le chant évoquent la new-wave des eighties. Bien sûr, les lyrics restent bien sombres et le refrain rend au groupe son aspect alternatif.

Pas exempt de défauts, ce troisième opus des Anglais de NOTHING BUT THIEVES est d'une excellente tenue, plusieurs titres parmi lesquels les singles "Phobia" et "Impossible" sont certes raides dans leur message, mais une implacable force s'en dégage. Plus : le message délivré par les membres du groupe, et désespérément mis en chant par Conor Mason, est d'une actualité flagrante mais sans doute pas encore acté par la majorité. Nous entrons de plein pied dans la critique constructive à l'égard des usages du monde d'aujourd'hui, les réseaux sociaux, les portables, le "smart" et autres addictions sorties du monde virtuel d'internet. C'est bien, la musique est vraiment chouette, même si un brin morbide, cela mérite un quatre des familles !

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   ERWIN

 
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- Conor Mason (chant-guitare)
- Joe Langridge-brown (guitare)
- Dominik Craik (claviers-guitare)
- Philippe Blake (basse)
- James Price (batterie)


1. Unperson
2. Is Everybody Going Crazy
3. Moral Panic
4. Real Love Song
5. Phobia
6. This Feels Like The End
7. Free If We Want It
8. Impossible
9. There Was Sun
10. Can You Afford To Be An Individual
11. Before We Drift Away



             



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