Dans le cadre des suiveurs de MUSE, donnez moi le petit coquin qui les imite mieux que personne tout en faisant preuve d’une belle personnalité ? Oui les collègues grands bretons de NOTHING BUT THIEVES sont bien ceux-là. Nous en étions restés au superbe Moral Panic. La couverture reste à dominante rouge, rien d’étonnant vue la teneur de leur musique et Conor Mason a visiblement articulé les concepts autour de la même difficulté à survivre dans ce monde fou. On reconnaît la cathédrale de Brasilia mais pas la limace, probablement stade de foot derrière elle. Bref, les héritiers de l’alternatif sont dans la place, Sony est toujours là pour les appuyer, voyons donc s’ils tiennent leur rang.

"Welcome To The DCC" est le premier single qui émane de cet opus. Toujours ces couleurs psychédéliques qui dominent leurs vidéos. UN brin d’esprit dance et toujours cette voix qui imprime tristesse, Conor fait le job toujours aussi bien. Le refrain du deuxième single se retient bien et propose une vibe pop évidente qui va de pair avec un certain matraquage sur les ondes et les dance floor. "Overcome" nous permet aussi de vérifier que le goût vestimentaire du chanteur n’a guère évolué avec ce pull aux couleurs de la Grande Bretagne. "Keeping You Around" est le dernier single extrait de l’album et c’est ce lui qui me plaît le plus, cette lenteur dans la traitement avec un Conor autotuné, le refrain est une vraie petite merveille.

Alors quand on cause MUSE, c’est toujours pour provoquer moult débats dans la rédaction, tant le groupe divise les opinions. Et bien, ce "Tomorrow Is Closed" sonne comme un pastiche du groupe, on croirait presque Matthew Bellamy au chant et les ambiances sont à l’avenant. Et toujours cette fameuse basse de Philip Blake "à la Wolstenhome" comme sur la superbe "Members Only". Conor lance "City Haunts" en falsetto, puis laisse le riff lui donner une piste de décollage idéale, un petit côté coquinou s’échappe de cette composition où il est difficile de ne pas taper du pied ou de headbanguer. "Pop The Balloon" avec tous ses effets de distorsion sort du même tonneau, inquiétude et stress au programme, mais le bridge nous invite au calme et à la réflexion, pour s’achever sur un riff qui doit tout au grunge de SOUNDGARDEN.

Quelques aspects plus dance émanent de "Do You Love Me", presque une ambiance disco, Conor nous lâche un peu d’autotune, et on s’éloigne un brin du pré carré habituel du groupe. Le beat de synthé se laisse bien apprivoiser. Des synthés quasi synth wave sont à l’œuvre sur "Foreign Language", j’y perçois même quelques influences de space funk a la JAMIROQUAI, l’ensemble n’échappe pas à l’alternatif, mais l’évolution est évidente. C’est aussi un peu plus plat, moins rentre-dedans que leurs précédentes compositions. "Talking To Myself" est plus laidback… en mode alternatif bien sûr, mais la tête du titre est drôle, Conor semble vouloir se relaxer, ou alors il fume un Blunt de belle dimension pour se donner du courage. Le titre est langoureux et se nourrit de jolies émotions. Enfin, nous avons un petit slow avec "Green Eyes", ou les nappes de synthé nous plongent dans une transe alternative de haute volée.

Je suis un brin moins impressionné par cet album que par le précédent. La musique a un peu évolué, de l’alternatif grésillant des débuts le groupe est passé à une pop dance alternative au son plus policé. Il nous reste toujours quelques influences MUSEienne mâtinées d’aspects grungy, et il faut admettre que le chanteur Mason Connor tient toujours aussi bien la barque malgré un look des plus timides. Je pose un 3 mais l’album est dans la catégorie des 3,5.