Après l'éponyme de 2016 et Young Romance en 2019, Polydans est le troisième album de Marius Lauber alias ROOSEVELT. Le chanteur touche-à-tout (instruments, production) originaire de Köln/Cologne en Allemagne, ne dévie pas de sa synthwave, de son "nu" disco d'un iota.

Jusqu'ici, ses réalisations ont mêlé d'excellentes chansons ("Heart" en 2016, "Under the Sun" en 2019) à des ensembles parfois plus quelconques, mais qui s'écoutaient avec un constat positif. Que l'on aime ou non cette musique, ROOSEVELT ne la charge pas autant que d'autres et fait preuve de talent en termes de mélodies et d'arrangement.

Sur Polydans, on peut aller directement au vif du sujet, en parlant d'un titre d'ouverture comme "Easy Way Out", typique de la grande époque avec une production maîtrisée (notamment sur la batterie), et où la durée globale se trouve bien gérée. La progression, le refrain planant avec ses "ouh" prolongés, le jeu sur les harmonies au synthé, tout cela témoigne d'une certaine qualité.

Autre morceau de bravoure : "Forget", porté par une boîte à rythmes et des percussions aux accents exotiques, une mélodie plaintive soulignée par les claviers. Voilà un bel exemple de groove et de répétition mais dans le bon sens. On peut ajouter, au rang des bonnes surprises, "Montjuic", plus sombre et bluesy, les vagues de synthés graves se superposant à la Linn Drum et au pédalier basse.

Le reste de l'album est agréable mais garde une certaine forme de légèreté, chose flagrante sur "Closer to My Heart", "Echoes", "Strangers" qui flirte davantage avec la pop moderne. Certains refrains sont très bubblegum et "roses" dans l'esprit, mais la qualité demeure au rendez-vous sur "Strangers", dans certains arrangements comme ceux de "Echoes" et "Feels Right".

Sur "Lovers" en revanche, le synthé sifflant par trop enfantin officie pour preuve de certains choix pas toujours judicieux. Le final sur "Sign" se veut optimiste, formé d'élans rythmiques après un début lent et solennel, appréciable malgré un arrêt brutal. Ensemble correct comme à chaque fois avec ROOSEVELT, chansons plus ou moins inspirées mais qui s'écoutent sans mal, auxquelles il ne manque qu'un souffle (des musiciens extérieurs ? Voix féminines ?) pour leur permettre de décoller, mieux s'ancrer en mémoire.