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1982 Vs..

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1985 The Horrible Truth About Burma

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1988 Forget

MISSION OF BURMA - The Horrible Truth About Burma (1985)
Par K-ZEN le 6 Mai 2021          Consultée 885 fois

Avant le salvateur oubli, que l’on imaginait permanent, il y avait eu l’adieu fragmenté, presque réglementaire.

Mais revenons quelque temps auparavant.

Alors que MISSION OF BURMA prenait forme, son guitariste Roger Miller savait que sa contribution ne serait sans doute que temporaire. Les acouphènes le dérangeaient déjà, mais il les ignora dans la joie de l’instant, jusqu’aux sessions assourdissantes du premier album studio Vs. qui exacerbèrent les symptômes, de sorte qu’il fut bientôt impossible de les passer sous silence. Même les bouchons d’oreille ou le casque protecteur qu’il arborait n’avaient que peu d’effet, les sons ne se contentant pas du canal auditif, visitant les os du visage et du crâne. En tournée, la nuit, le silence ne l’était pas vraiment. Il précise dans une interview pour Boston Rock : En septembre, j’ai d’abord eu un mi dans l’oreille gauche. Et en décembre, un do dièse est apparu aux côtés de ce mi. Dans l’oreille droite, j’ai eu droit à un léger mi dièse à partir d’octobre. […] Quand tout est silencieux, la nuit, ces notes hurlent.

Miller aborda le sujet avec le groupe en octobre 1982. Une conversation étrange où il avait l’impression de foutre la vie en l’air de 4-5 personnes. Quelques mois plus tard, en janvier de la nouvelle année 1983, il annonça qu’il quittait le groupe. Aucun des membres ni le producteur Rick Harte ne furent abattus. Monta dans l’air plutôt un soulagement pervers que tout ceci s’arrête. En effet, BURMA faisait des albums géniaux, bénéficiait d’un soutien sans faille des radios et des magazines mais ne parvenait pas à transformer l’essai des ventes, que ce soit via ses productions ou ses shows. En outre, d’autres problèmes se posaient. Le trac, les situations étranges et les longs moments d’ennui ont mené au rassurant dieu alcool, notamment Clint Conley qui mentionne sans doute sa cure de désintoxication dans le souterrain "Mica", meilleur titre de Vs.

En somme, tous sentaient que c’était le moment de passer à autre chose. BURMA a fait son temps certes, cependant le boulot accompli restait de qualité. BURMA est sur le point de mourir, vive BURMA !

Deux concerts d’adieu furent programmés le 12 mars 1983 à Boston (Michael Azerrad indique le 13 dans son livre mais les affiches figurant dans la réédition mentionnent bel et bien le 12). Ils furent annoncés en grandes pompes par un nouveau petit malin de service, le chargé de presse Mark Kates, déclarant ceci : Il se pourrait bien que le guitariste de BURMA devienne sourd. Grâce à cette malsaine attention des médias, une foule de curieux se massa pour voir de plus près les héros locaux. La performance, bien que sur-vitaminée, fut toutefois irréelle, les gens étant dans le déni quant au futur du groupe, imaginant sans doute que les mauvaises vibrations n’étaient qu’une passade. Signe que le moment était bel et bien exceptionnel : la présence pour la seule et unique fois de Martin Swope sur scène, jouant de la guitare sur "See My Friend".

Toutefois, tout n’était pas encore tout à fait terminé. Quelques soirées bien rémunérées avaient été prévues après cela par le manager Jim Coffman. Trois représentations aux humeurs bien différentes.

A Détroit (20 Mars), l’ambiance était bienveillante, avec un parterre composé essentiellement de la famille de Miller. A Washington (18 Mars), un public hostile de punks hardcore fut moins amène. Le groupe se donnait toujours à fond, même si seulement six personnes purent entendre cette version démente de "Heart Of Darkness" empruntée à PERE UBU et teintée de no-wave à Chicago (19 Mars).

Vint ensuite le dernier repas spirituel.

Le dernier concert au Paramount Theatre de Staten Island (New York le 26 Mars) s’avéra un complet désastre, un cauchemar dixit Peter Prescott. Bien que le groupe soit toujours éblouissant, les pépins s’amoncelaient. Techniques tout d’abord, avec l’interdiction de la part du management de PUBLIC IMAGE LTD., dont ils assuraient la première partie, d’utiliser la sono, fouet à l’appui, conduisant à un premier set chaotique où le chant ne passait que par les moniteurs de la scène. Humains ensuite, pour une fois que le public était nombreux, il avait pris de l’acide de mauvaise qualité.

L’horrible vérité concernant BURMA. Ce document compile les derniers instants en concert – sauf Washington, oblitéré – d’un groupe qui était finalement sur le point de décoller, ayant récolté un article dans Rolling Stone à cet instant, même si lui-même n’en avait pas conscience. Le manager Jim Coffman matérialise cette frustration : Le public les aime maintenant mais ils se séparent. Qu’est-ce qui ne va pas chez ces mecs ?

Un intitulé dénotant également de l’autodérision habituelle, le groupe semblant toujours désirer démontrer que leurs concerts étaient loin d’être aussi fédérateurs et cohérents que leurs disques. C’est ce qu’il a toujours recherché en fait. On se souvient du sentiment de rejet qui l'avait animé lors de la sortie de Signals, jugé trop propret. Est-ce cela qui rend Clint Conley si dubitatif sur cette photo animant la couverture ?

Encore que… Mouais. Malgré cela, je le trouve finalement assez fidèle à lui-même, habituel. Peut-être est-ce à cause des retouches studio signées Harte, qui ont sucré l’enregistrement. Plus monomaniaque c’est sûr ("Dirt"), brut sans disconvenir, cacophonique parfois sans aucun doute ("Dumbells" ou "Go Fun Burn Man" pratiquement hardcore et incertain dans ses rythmes). Il est toujours atteint de sa marque de fabrique : une mélodicité remarquable, en phase terminale toutefois.

En outre, on y retrouve également des morceaux peu familiers, dont la rareté sera réparée par la compilation Peking Spring. "Tremolo", calligraphié "Tremelo", est une ouverture instrumentale passionnante, donnant ses lettres de noblesse au terme du même nom. "Trem Two", atmosphère incroyable et meilleure chanson de BURMA, figure parmi les rappels, n’étant simples bonus en vérité. Avant d’aller faire du surf sur de la lave ("Blackboard") et en plus de "Heart Of Darkness" déjà mentionnée, on flashe sur une autre cover : l’inévitable "1970" des STOOGES. Introduite par un Nous devons faire cette chanson. Nous DEVONS le faire, orage ou passage obligé avec un Roger sous cocaïne, nous avons affaire à une relecture proprement flippante, du niveau de l’originale avec une griffure mortelle en guise de riff et des hurlements en échos impitoyables. Un putain de chaos digne de l’ambiance originelle, et ce même sans saxophone.

Précisons en guise de conclusion que le concert complet au Bradford Hotel est immortalisé en DVD bonus sur la réédition cd signée du label Matador. Je pense en faire une chronique spécifique ultérieurement, armez-vous de patience. Quant aux aventures de BURMA, la suite se passe au millénaire suivant.

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- Clint Conley (basse, chant)
- Roger Miller (guitare, chant)
- Peter Prescott (batterie, chant)
- Martin Swope (boucles, manipulations de bandes)


1. Tremolo
2. Peking Spring
3. Dumbells
4. New Disco
5. Dirt
6. Go Fun Burn Man
7. 1970
8. Blackboard
9. He Is, She Is
10. Heart Of Darkness
11. That’s When I Reach For My Revolver
12. Weatherbox
13. Trem Two
14. Learn How



             



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