Cela fait bientôt quarante ans que DINOSAUR JR trace sa route dans un anonymat presque total en Europe, et une quasi confidentialité sur ses terres de prédilections, les Etats-Unis. Si, au milieu des années 90, le groupe parvenait péniblement à atteindre la 44ème (Without a Sound, 1994) ou 50ème (Where You Been, 1993) place du Billboard, Give a Glimpse of What Yer Not, leur précédent album, n’a pas fait mieux que plafonner à la 72ème.
Pourtant, la musique du trio semble correspondre à merveille à une certaine Amérique. Celle qui encense le rock immuable et un peu rugueux de PEARL JAM, Neil YOUNG et feu Tom PETTY.
Immuable est un terme qui colle bien à ces vétérans de la scène Grunge dans la mesure où, année après année, la bande à J. MASCIS nous propose invariablement le même type d’album. A l’exception, peut-être, de la période 1998- 2004 (et encore, nous n’en sommes pas certains), durant laquelle le groupe s’est séparé.

Si, à la rigueur, on pourrait trouver Sweep Into Space légèrement plus mélodieux que ses prédécesseurs, il propose bien le même rock populaire et très électrique, reposant sur un mur de guitare et le chant légèrement trainant et mélancolique de J. MASCIS. Ce n’est ni mieux, ni moins bien que les onze albums qui l’ont précédé, mais c’est clairement tout aussi jouissif et agréable.
La formule reste inchangée au point de frôler parfois le caricatural lorsqu’on s’aperçoit, comme c’est le cas de leurs albums depuis 2007, que tous les titres sont composés par J. MACSIS, à l’exception de deux écrits par Lou BRALOW, positionnés immanquablement en cinquième (parfois 4) et dernière pistes, ou en avant-dernière, sur le disque.
On pourrait s’arrêter là, tant le groupe facilite le travail des chroniqueurs : 'Reprenez ma chronique de la dernière fois et changez le titre… '. Mais ce ne serait pas rendre hommage à ce groupe si attachant et à sa capacité à nous immerger dans des morceaux emplis d’émotions et de chaleurs qui, contre toute attente, sont parfois à même de nous surprendre comme c'est le cas de l’étrange "Take It Back", un titre léger, doté de parties de claviers minimalistes qu’on s’attendrait plus à écouter dans un disque des SPARKS que dans celui des DINOSAUR Jr.
Bon, il ne faut tout de même pas escompter une révolution, et les tables de la loi sont bien respectées. Avec notamment des guitares bien grasses et foisonnantes et une batterie qui ne s’autorise aucune fantaisie.
Comme toujours, les deux morceaux composés par Lou BARLOW, "You Wonder" et "Garden", tiennent très bien la route. Ce dernier titre aux accents Folk est, au surplus, l’occasion de l’entendre assurer le chant avec bonheur.

Alors, je ne vais pas vous tenir la jambe plus que de raison, vous avez bien compris que c’est inutile.
Si vous appréciez DINOSAUR JR, vous ne risquez pas d’être déçus. Si vous aimez PEARL JAM et NEIL YOUNG, vous pourriez bien accrocher avec le groupe, même si celui-ci ne possède pas le même talent pour pondre des hits imparables. Mais il est tout autant à même de distiller des morceaux qui fleurent bon le rock un tantinet sale et nostalgique.
Pas de surprise, pas de déception. Les DINOSAUR Jr sont au rendez-vous.