En février 2020 et dans le cadre d'une interview de TRI YANN, Konan Mevel "confiait" à la rédaction de Forces Parallèles être alors en train de travailler à la réalisation d'un projet "pagan". Difficile d'imaginer qu'il s'agissait d'une nouvelle formule illustrant sa complicité avec Michèle Gaurin, la troisième après KOHANN et SKILDA !

Ainsi naît WIDILMA, duo-groupe auquel se prête le batteur-percussionniste Gurvan, frère de Konan, et qui revêt une esthétique du fond des âges celtiques, inspirée des druides et de fait, tout ce qu'il y a de plus tribale. Il est amusant de constater que Bleunwenn, petite sœur Mevel, quelques semaines plus tôt à peine, a lancé VINDOTALE, son projet à elle et qui puise aussi dans une forme primitive de la cosmogonie celtique, de façon plus "douce" ; en dehors de SEVEN REIZH, il y avait longtemps que la grande fratrie musicienne bretonne ne s'était pas retrouvée de la sorte, même dans l'esprit, et séparément qui plus est !

WIDILMA se démarque par des prestations (y compris live, vidéo) qui illustrent complètement son univers créatif, avec tenues et maquillages, tambours et autres instruments (le dord et le carnyx, trompes dont l'origine remonte à l'âge de bronze, dont Konan Mevel avait été convié par Alan STIVELL de jouer sur son dernier album en date, Human~Kelt, 2018).

Le premier single/clip publié s'appelle "Eryr", "aigle", dont le texte emprunte à des poèmes gallois anciens. Le chant de Michèle KOHANN apparaît légèrement approximatif dans sa première incantation ; c'est surtout qu'il est très ornementé, avec sa tendance à "aspirer" les fins de phrase. Quoiqu'un peu surpris, on comprend vite de quoi il retourne dès lors que rentre l'orchestration.

Le timbre acidulé de KOHANN, ses formulations rappelant la grande époque du groupe trip-hop du même nom, sont une caresse dans une chanson qui marque par son timbre à la fois mystique et nostalgique. Un duo vocal se crée avec Konan Mevel le temps d'une strophe. Une énergie spirituelle se forme et nous happe, aux dessus de claviers graves et plutôt sombres, de percussions diverses. On rencontre même une partie instrumentale avec solo magique par Konan Mevel au pibgorn (instrument gallois du Haut Moyen-Âge, ancêtre du cromorne) et glossolalies au chant, qui n'est pas sans rappeler DEAD CAN DANCE !

Avec un faux air de ballade, "Eryr" nous plonge dans un autre temps dont elle dégage une belle profondeur. C'est peut-être la partie immergée d'un album plus touffu encore, mais une chose est sûre : ça promet !