Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


MAMA LION - Preserve Wildlife (1972)
Par LE KINGBEE le 20 Mai 2021          Consultée 817 fois

Enfant de la balle, Lynn Carey débute dans le mannequinat dès l’enfance. Originaire de Beverly Hills, Lynn a de qui tenir, fille de McDonald Carey, un acteur poète qui a joué pendant plus de trois décennies le rôle du Dr Horton dans la série "Day Of Our Lives", elle se lance à l’adolescence dans le cinéma. Les chiens ne font pas des chats comme on dit.
Dotéee d’un joli minois et d’une plastique gracieuse, Lynn apparaît au milieu des sixties dans plusieurs séries télé : "Lassie", "Les agents très spéciaux" avec Robert Vaughn aka Napoleon Solo et David McCallum,"Run For Your Life" avec Ben Gazzara. Elle est également au générique du film "Lord Love a Duck" avec Roddy McDowall et Tuesday Weld, une autre blondinette.

Mais Lynn a d’autres cordes à son arc, elle est passionnée de musique. C’est ainsi qu’elle collabore à la bande son de deux film de Russ Meyer, grand spécialiste du registre Sexploitation. Sur un plateau, elle rencontre le guitariste Neil Merryweather (ex-The Mynah Birds, Rick JAMES, Flying Circus). Alors qu’elle chante au sein de CK Strong, elle décide de faire équipe avec le Canadien. Les deux compères enregistrent "Vacuum Cleaner" ⃰ pour la RCA en compagnie du guitariste Kal David. Par l’entremise de Morey Alexander, manager du Canadien, Lynn et Neil décrochant un second contrat avec la RCA gravent une seconde galette, épaulés par l’harmoniciste Charlie MUSSELWHITE sous le nom de Ivar Avenue Reunion.

Devant la faible retombée de leurs deux collaborations, la blondinette à l’opulente chevelure bouclée décide de lisser ses cheveux et de tenter une troisième aventure. Assis devant le Mama Lion, un restaurant de Los Angeles où le couple s’est établi, Lynn et Neil fondent leur troisième groupe et prennent tout simplement le nom du restaurant où ils viennent d’ingurgiter leur assiette. Les deux larrons font appel au batteur Coffi Hall, présent sur l’opus précédent, et recrutent le guitariste Rick Gaxiola et l’organiste Jim Howard qui se fera connaitre plus tard comme compositeur pour le cinéma, Hollywood étant situé à un jet de pierre.

MAMA LION attire l’attention d’Artie Ripp, ancien cofondateur de Kama Sutra et Buddah Records, qui vient de monter le label Family. Suite à un profond désaccord avec Billy JOEL proche de quitter la petite maison de disques, Ripp est à la recherche de nouveaux talents. Certains ne pourront s’empêcher de penser que le brave Artie a en réalité été attirée par la Une de la revue Penthouse sur laquelle figurait Lynn Carey.

Deux ans après le décès de Janis JOPLIN, la mode est encore aux jeunes chanteuses blanches qui ont du coffre. De nombreuses interprètent tentent de marcher sur les traces de celle qui a rejoint le célèbre club des 27. Au Royaume- Uni, Maggie Bell se fait remarquer au sein de STONE THE CROWS ; en Amérique Barbara Hudson vient de poser son micro avec Ultimate Spinach, stoppant sa carrière; Pattie Santos et It’s A Beautiful Day commencent à rentrer dans le rang ; Grace Slick et le JEFFERSON AIRPLANE vont bientôt se transformer en un modeste Jefferson Starship. Oui mais voilà, n’est pas Janis JOPLIN qui veut !

Soyons honnêtes, si ce disque fait autant parler de lui à sa sortie, cela est essentiellement dû à sa pochette. Si le visuel frontal nous révèle le visage de la chanteuse derrière les barreaux de ce qui ressemble à une cage, la pochette centrale offre un autre aperçu de la chanteuse. Sur une idée de Merryweather, Lynn donne la tétée à un lionceau d’à peine trois semaines. La photographe Maria Del Ré signe cet étonnant visuel pris dans une réserve au Nord de Los Angeles. Rien de bien dérangeant, après tout Brassens avait fait les éloges de Margot, dégrafant son corsage pour donner la gougoutte à son chat. Si l’Amérique puritaine s’offusque de cette pochette plus que de raison, il en est de même dans d’autres contrées où un autocollant vient se poser sur les tétons de la chanteuse.

MAMA LION propose ici une moitié d’originaux dont Carey et Merryweather sont les principaux pourvoyeurs. "Be Bad With Me" se déguste comme un honnête Blues Rock dans la ligne de mire de BIG BROTHER & The HOLDING COMPANY. Le titre ne s’éternise pas en longueur. La guitare de Rick Gaxiola s’offre un bon solo et Lynn Carey démontre une puissance vocale impressionnante, mais également ses limites. "Wildcat" se révèle plus groovy, la guitare fuzz de Gaxiola porte à elle seule le morceau, tandis que Jim Howard s’offre un beau passage au piano. La face B s’ouvre sur "Mr Invitation" où, après une intro de 60 secondes dans laquelle Howard nous offre une variation impressionniste d’Erik SARTIE et une Nocturne de Gabriel FAURE, les guitares prennent le relai alors que Lynn Carey donne l’impression d’avoir bouffé du lion, un comble avec une telle pochette. Quatrième compo avec "Sister Sister (She Better Than A Man)" qui débute sous les auspices d’un bon Boogie Blues avant de bifurquer vers le Boogie Psy avec une chanteuse déchainée. Dernière compo, "It’s Only A Dream" est un Rock Psy qui met en avant la puissance du chant. Contrairement à la tendance du moment qui exigeait que certaines pistes dépassent allègrement les 5 ou 6 minutes de durée, toutes les compos se situent au-dessous des 3 minutes, hormis "Mr Invitation".

Les reprises éclectiques témoignent d’une identité bigarrée. Sur "Ain’t Too Proud To Beg", un titre popularisé par les TEMPTATIONS, Neil Merryweather lâche les chevaux tandis que, fidèle à son habitude, Lynn Carey booste le morceau presque à son paroxysme. Une version qui nous semble plus captivante que les futures reprises des STONES et qui relègue à des années lumière les essais de Phil COLLINS ou de GAROU. Grand succès de Roy ORBISON à l’orée des sixties, "Candy Man" et son intro d’harmonica est ici revu et corrigé, ivoires, guitares wah wah et fuzz prenant le relai et Lynn Carey donnant une autre visée au titre. Une version qui nous semble plus palpitante que celles de Wanda Jackson, The Hollies ou Charlie McCoy. La chanteuse arrête de rugir momentanément sur "Can’t Find My Way Home", superbe compo de Steve WINWOOD popularisée par BLIND FAITH. Enregistré pour la première fois en 1951 par Ruth Casey, "Cry" sera mis à toutes les sauces (Country, R&B, Soul, Jazz Vocal). Là, Lynn nous offre un moment de douceur, mais le naturel revient souvent au galop et au tiers de la chanson, la tendresse se transforme en une rage à la Janis JOPLIN. Une version moins gnangnan et bien éloignée de celles de Tammy WYNETTE, Gene McDaniels ou Paul Anka. Terminons, une fois n’est pas coutume, par la piste d’ouverture "Ain’t No Sunshine", petite pépite désenchantée de Bill WITHERS. Si on reste généralement attaché à l’original, MAMA LION s’en sort plutôt pas mal, l’orgue livrant au milieu du morceau un bien beau passage.

MAMA LION tisse ici une toile entre Rock Psy et Blues Seventies aux racines aussi blanches que californiennes. Il semble aujourd’hui évident que le groupe mise avant tout sur la puissance vocale et le physique de Lynn Carey. Mais cette vigueur vocale s’avère en fin de compte le maillon faible du groupe. Lynn Carey a souvent tendance à trop en faire, à partir en vrille. Il suffit parfois de peu de chose pour faire un bon disque, mais la chanteuse, toujours sur le fil du rasoir, ne parvient presque jamais à laisser reposer les soupapes et, comme bien souvent dans ce cas, les dérapages prennent le pas sur la maitrise. Ajoutons qu’Artie Ripp propose ici une production guère soignée, malgré quelques succès retentissants et inattendus à l’image du "Just One Look" de Doris Troy. Ripp avait aussi la fâcheuse réputation d’avoir un oursin dans ses poches et ne s’est jamais illustré dans le domaine de la production. Les compositions ont le mérite de ne pas s’éterniser inutilement, évitant ainsi de perdre l’auditeur en route. Un disque qui ne vaut pas plus qu’un petit 3, mais dont on se souvient par le biais d’une pochette aguicheuse venant ainsi contredire l’adage et la chanson de Willie DIXON : "You Can’t Judge A Book By Its Cover". Réédité à maintes reprises par Philips et en 2010 au format CD par Universal Music Group.

⃰ Edité sous un pressage anglais, le nom du groupe apparaît comme Vacuum Cleaner (RCA SF 8210)

A lire aussi en ROCK PSYCHÉDÉLIQUE par LE KINGBEE :


La REVOLUCION DE EMILIANO ZAPATA
La Revolucion De Emiliano Zapata (1971)
Du rock psy face à la répression etcheverianne




ORANG-UTAN
Orang-utan (1971)
Excellent groupe de rock psy volé par une cloche.


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Lynn Carey (chant)
- Neil Merryweather (guitare, basse, chœurs)
- Rick Gaxiola (guitare)
- Coffi Hall (batterie)
- Jim Howard (claviers, piano, chœurs)


1. Ain't No Sunshine
2. Be Bad With Me
3. Ain't Too Proud To Beg
4. Wildcat
5. Candy Man
6. Mr. Invitation
7. Sister Sister (she Better Than A Man)
8. Can't Find My Way Home
9. It's Only A Dream
10. Cry



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod