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DONOVAN - The Hurdy Gurdy Man (1968)
Par LE KINGBEE le 16 Décembre 2022          Consultée 1270 fois

Les cinéphiles et amateurs de séries télé devraient reconnaitre la chanson titre de l’album, elle figure au générique de la saison 1 de la série Britannia avec Zoë Wanamaker, Kelly Reilly et l’excellent Nikolaj Lie Kaas. Si le titre n’a guère de lien avec le scénario ni avec cette histoire de conquête de la Bretagne par les légions romaines, il retranscrit parfaitement l’atmosphère ésotérique et psyché avec l’univers Fantasy. Hollywood s’est aussi abondamment servi du hit de DONOVAN, celui-ci intégrant plusieurs bandes originales : Dumb And Dumber – Sleepers - Zodiac – The Conjuring ou American Animals pour ne citer que les plus connus.

A tout seigneur, tout honneur, débutons par "The Hurdy Gurdy Man", chanson donnant son nom à l’album et titre phare de la galette. Après avoir sorti A Gift From A Flower To A Garden, son premier double album, DONOVAN planche déjà sur cette nouvelle compo en décembre 1967. En 1968, l'écossais traverse la planète pour étudier la méditation transcendantale sous la houlette du gourou Maharishi Yogi, phénomène très tendance à l’époque, les BEATLES, Mike Love des BEACH BOYS ou l’actrice Mia Farrow s’adonneront eux aussi à cette mode sensée mener à la transe spirituelle.
Plusieurs rumeurs viendront se connecter à ce qui deviendra un standard du Folk Psyché. S’il est difficile de démêler le vrai du faux, certains témoignages étant contradictoires et certains souvenirs diffus pour cause d’absorption de produits hallucinogènes, George HARRISON aurait contribué à un couplet. Idem pour les accompagnateurs, certains noms peuvent laisser sceptiques, les accréditations diverses et futurs interviews laissent planer un certain flou même si on pense connaitre aujourd’hui la constitution exacte de la line-up. Toujours est-il que l’écossais tisse ici un modèle de ballade Psyché flirtant avec mysticisme et ésotérisme. Si Donovan débute son titre en fredonnant, à l’instar de certains mantras, la guitare de Jimmy PAGE nous entraine sur de curieux chemins de traverse. Mais sous une arrière-pensée complètement barrée, Donovan nous délivre ici une chanson d’amour chantée comme une transe : It was then when the Hurdy Gurdy Man - Came singing songs of love. On notera pour l’anecdote que la vielle à roue (le hurdy gurdy) n'est pas présente une seule seconde dans l’album, alors que l’instrument connaissait un certain renouveau via le Folk Boom du milieu sixties. Repris par une myriade d’artistes de tout horizon, on reste assez attachés à la version originale, seule la version planante de Steve HILLAGE nous semble avoir un gage d’intérêt à contrario des essais d’Eartha Kitt (surfaite et maniérée) ou des Four Freshmen (gnangnan).

En dehors de cette chanson titre intemporelle, c’est l’éclectisme du répertoire qui frappe dès les premières écoutes. Certains penseront que cela est dû à la production parfois pleine de surenchère de Mickie Most, plus à l’aise dans la Pop que dans le Folk Rock Psyché. Cette impression pourrait même être certifiée par les deux inscriptions de la rondelle (Produced by Mickie Most – A Mickie Most Production). Second constat, Eddie Kramer immense ingé-son connu pour ses trois associations à long terme (HENDRIX, LED ZEP, KISS) apporte involontairement de la diversité à l’ensemble. Mais cette impression d’hétérogénéité se rapporte à la période d’enregistrement, Donovan ayant mis plus d’un an pour mitonner une marmite dont les multiples ingrédients changeaient au fil du temps, des tendances et de l’esprit créatif du chanteur.

C’est ainsi qu’on retrouve plusieurs Folks, registre qu’on divisera en deux parties. D’un côté, figurent des pièces teintées de mysticisme oriental : "Peregrine" diffuse une sonorité d’apaisement, sous les auspices d’un faucon pèlerin survolant montagnes et océans, se cache une tranquillité d’esprit comme il le chante à la fin de sa chanson. "Tangier" avec le son d’un tambura et des percussions africaines nous renvoie comme son titre l’indique vers la célèbre ville du Nord du Maroc, lieu longtemps prisé par certaines vedettes de la Beat Generation. A contrario de sa mélodie, le texte sombre se révèle sans concession sur la misère des gens du cru. Avec "West Indian Lady" il nous offre un dépaysement brutal avec une invitation au calypso et à la Rumba, une ritournelle ayant pour toile de fond une jolie femme sur un poster. Si les paroles de "The River Song" demeurent incompréhensibles pour qui n’a pas fumé la moquette, cette ballade Psyché pleine de douceur s’écoute aussi agréablement que si vous vous laissiez dériver par le doux courant d’un cours d'eau.
D’autres titres s’orientent vers un Folk plus traditionnel : le court "The Entertaining Of A Shy Girl" diffuse une ambiance presque médiévale, un peu à l’image de PENTANGLE. Si la mélodie de "The sun is a very magic fellow" se révèle plus gaie avec ses petits coups de flûtes, la chanson demeure un beau prétexte à un cours d’astronomie, registre revu et corrigé par l’imagination sans borne de l’artiste.

Donovan demeure toujours un bon petit artisan du Rock Psyché. Avec son intro de clavecin suivi d’une bordée de cordes et de cuivres, "Hi It’s Been A Long Time" évoque l’univers des Beatles. Autre ballade qui pourrait provenir du même décor avec « Jennifer Juniper », une déclaration d’amour déguisée. "A Sunny Day" laisse place à un décor aussi champêtre que bucolique.
Changement total de cap avec "As I Recall It" qui diffuse une ambiance entre baroque et cabaret avec une bordée de cuivres derrière des textes tanguant entre bonne humeur exubérante et un sentiment de nostalgie profond. Donovan nous surprend encore avec "Get Thi Bearings", une petite pépite de Jazz Vocal bien groovy avec sax et contrebasse. KING CRIMSON reprendra le titre à plusieurs reprises. En guise de fermeture, "Teas" une ballade Psyché avec flûte, guitare acoustique et cuivres relance le grand débat existentiel de l’homme et de ses désillusions.

Si "West Indian Lady" et "As I Recall It" plombent à eux deux l’album et si Mickie Most s’est fourvoyé dans la production de plusieurs morceaux et dans la conception chronologique des chansons, cette galette aux confins de la poésie et de textes embrumés par d’étranges substances (champignons hallucinogènes et mescaline) demeure malgré tous ses défauts un Must du Folk Psyché de la fin sixties. Autre attrait, le recueil reflète l’amitié que le troubadour écossais entretenait avec trois membres des BEATLES. Le vinyle a été réédité par EMI en format CD avec 7 titres bonus dont un duo avec LULU en 2005, l’année de la sortie de la biographie "The Hurdy Gurdy Man". Après trois ans de silence radio total du à la pandémie et une certaine lassitude, Donovan Leitch s’est produit en mai 2022 dans l’église de Cork, ville au sud-ouest de l’Irlande où il s’est établi depuis de longues années.

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   LE KINGBEE

 
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- Donovan (chant, guitare, tambura, harmonium)
- Jimmy Page (guitare)
- John Paul Jones (basse)
- Clem Cattini (batterie)
- Danny Thompson (contrebasse 5)
- Harold Mcnair (saxophone, flûte)


1. Hurdy Gurdy Man
2. Peregrine
3. The Entertaining Of A Shy Girl
4. As I Recall It
5. Get Thy Bearings
6. Hi It's Been A Long Time
7. West Indian Lady
8. Jennifer Juniper
9. The River Song
10. Tangier
11. A Sunny Day
12. The Sun Is A Very Magic Fellow
13. Teas



             



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