Après une longue période de veille, leur dernier album datant de 2001, les STONE TEMPLE PILOTS nous reviennent en 2010 avec un album éponyme qui ne doit pas être confondu avec leur autre album du même nom qui paraitra en 2018. Au regard de l’insistance de son label, Atlantic, pour que le groupe sorte son dernier album sous sa licence, et des moyens investis sur ce disque en termes de production et de promotion, nous étions en droit d’attendre le meilleur de celui-ci. Et de fait, la première écoute nous dévoile un groupe dans une forme des plus clinquantes. Le son est puissant, bien rond, les compositions oscillent entre saveurs 70’ et accessibilité Pop, la recette du bonheur semble donc trouvée.

Malheureusement, très rapidement, l’écoute de ces douze titres se révèle assez laborieuse. En effet, le tableau idyllique un instant espéré laisse place à d’amères questions : pourquoi ces talentueux musiciens font-ils de la musique ? A quoi leur sert leur savoir-faire ? L’écoute de cet album laisse en effet un goût amer en bouche. Et surtout plus d’interrogations que de plaisir. Pourquoi le groupe a-t-il tourné le dos à son style de prédilection ? Qu’il y a-t-il derrière ce soudain revival Classic Rock un peu stérile ?

Nous sommes ici sur la mince frontière entre inspiration et plagiat. "Huckleberry Crumble" est ouvertement inspiré par AEROSMITH. Le groupe site d’ailleurs Brad Whitford, le guitariste de ces derniers, comme une de ses influences majeures sur ce disque. Sur "Hickory Dichotomy" on peut presque visualiser David BOWIE accompagnant AEROSMITH (le fantôme du Thin White Duke reviendra d’ailleurs hanter le popisant "First Kiss On Mars"). L’énumération pourrait continuer avec "Dare If You Dare" dont le refrain est pompé sur le "All The Young Dudes", et les vocaux sur les expérimentations des BEATLES sur Abbey Road (1969). Quant à "Hazy Daze", c’est vers du sous LED ZEPPELIN qu’il nous entraîne.

Alors certes, il y a bien pire comme influences et, le talent des musiciens aidant, nous devrions être à la fête. Las, le résultat déprimant nous amène à nous interroger à nouveau sur le sens de ce disque et sur l’intérêt d’attendre six années pour pondre un album manquant aussi cruellement d'originalité ? Nous avons le sentiment que S. T. P cherche avec opportunisme à conjuguer le Classic Rock des années 60/70 avec une production et des sonorités modernes. La sensibilité du Rock de la fin du siècle dernier avec la propreté d’une production dernier cri. Il en ressort un recueil de morceaux extrêmement bien construits et produits, mais qui peinent à procurer le moindre frisson, la plus petite étincelle d'émotion. Il est surprenant de constater à quel point l’interprétation et l’orchestration riment ici avec une telle fadeur et platitude d'âme.

Là où un groupe comme GRETA VAN FLEET, pourtant taxé de mimétisme, insuffle de la passion et de la vie dans ses compositions, STONE TEMPLE PILOTS semble inventer la musique générique, une musique sans génie qui se contente de singer, sans émotions, l’esprit de grands artistes. C’est d’autant plus pathétique et triste qu’ils furent eux-mêmes de grands artistes. Tragique !

Il est à noter que ce sera le dernier album du groupe avec leur chanteur historique, Scott Weilland, celui-ci décédant cinq années plus tard. Je ne saurais que vous conseiller son premier album solo, 12 bar blues (1998). Une petite merveille de sensibilité.