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BRITISH BLUES  |  STUDIO

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1968 Scratching The Surface
1969 Blues Obituary

The GROUNDHOGS - Scratching The Surface (1968)
Par LE KINGBEE le 14 Juillet 2021          Consultée 968 fois

Nous sommes en 1963, l’Angleterre est en pleine permutation musicale. En février, les ROLLING STONES sont engagés par Giorgio Gomelsky au Crawdaddy. En mai, Dick Rowe, le charlot qui avait refusé de signer les BEATLES, se décide à embaucher les STONES. Au début de l’été, l’affaire Profumo secoue le pays. Le ministre de la Défense a une liaison avec une call-girl au service des Russes ; les BEATLES rendent les jeunes filles hystériques, les revues dédiées à la musique évoquent enfin des jeunes groupes émergeants. Les radios bien en avance sur les nôtres diffusent du Folk, du R&B et du Blues, la célèbre BBC n’hésite pas à embaucher Alexis Korner comme interviewer dans l’émission 'Roundabout'. En septembre, les YARDBIRDS remplacent les STONES au Crawdaddy de Richmond.
Le pays est en plein boom économique, les 2/3 de la population disposent d’une télé en noir et blanc, le petit écran fait la part belle à de nouveaux petits groupes à travers de multiples émissions ("Saturday Club", "Top of the Pops", "Top Gear" ou "Ready Steady Go" sur ITV). Alors que Scotland Yard pourchasse les braqueurs du fameux train postal Glasgow-Londres, le guitariste Tony McPhee s’associe au chanteur John "Lee" Cruikshank, un collègue de la Post Office, à son frangin Pete, bassiste de son état, pour fonder The Dollarbills, bientôt rejoints par le batteur Dave Boorman et le pianiste Bob Hall.

Fortement influencé par Robert JOHNSON, Leadbelly et les anglais Cyril Davies et Alexis Korner, McPhee n’a aucun mal à orienter ses compagnons vers le Blues. Les Dollarbills se transforment en John Lee’s Groundhogs ("Ground Hog Blues" est un titre de leur idole John Lee HOOKER). La formation se produit abondamment en concert, accompagne Memphis SLIM, Champion Jack DUPREE, Little WALTER et John Lee Hooker venus en terre anglaise. Le groupe enregistre peu, il faut attendre 1965 pour qu’il mette en boîte un premier single édité par Planet, un 45-tours qui ne connaît aucun succès. Mc Phee grave un single sous son nom pour Purdah Records sans plus de succès, avant de monter Herbal Mixture avec Pete Cruickshank et Mike Meekham. Devant l’insuccès commercial, le trio se dissout fin 67.

Mais si McPhee est un guitariste au style rugueux, c’est aussi un battant qui ne veut pas lâcher le morceau. En 1968, avec son fidèle compère bassiste, il fonde The GROUNDHOGS dans lequel figurent le batteur Ken Pustelnik et l’harmoniciste Steve Rye. Sous contrat avec Liberty, le groupe enregistre entre le 5 et 13 octobre au Marquee Studios de Londres Scratching The Surface sous la houlette du producteur Mike Batt, un débutant de 18 ans.

Alors si vous trouvez que nos voisins anglais sont parfois bizarres, la pochette risque de confirmer l’impression. Faut être un peu barge (ou british) pour aller s’accroupir tout habillé dans l’eau froide de la Tamise. Le dorsal apporte une touche humoristique, nos quatre larrons regagnant la terre ferme pieds nus le pantalon mouillé sous le bras.

Musicalement, le groupe propose un répertoire personnel avec sept originaux pour neuf titres, McPhee demeurant le principal pourvoyeur avec cinq compos, Rye en apportant deux autres. Une accréditation quelque peu trompeuse, "Early In The Morning" provient du répertoire de Sonny Boy Williamson, tandis que "You Don’t Love Me" demeurera à jamais le grand succès de Willie Cobbs. Rendons à César ce qui lui appartient !
D’entrée de jeu, "Rocking Chair" annonce la couleur avec du Chicago Blues rugueux. Le tempo se ralenti avec "Early In The Morning", un shuffle dans lequel l’harmonica marche sur les pas de Little WALTER. La rythmique primaire laisse le premier rôle à McPhee sur "Waking Blues" tandis que le chant de Steve Rye se fait de plus en plus déclamatoire. Au bout du quatrième titre, on se dit que la qualité sonore de l’enregistrement semble loin d’être une priorité, le groupe privilégiant feeling et énergie avec "Married Men".
La face B s’ouvre sur "Man Trouble", un long Blues à la coloration chamanique de plus de six minutes. Un morceau qui paraît bien longuet d’autant plus que McPhee n’offre pas le moindre solo sortant du lot. Changement de cap avec "Come Back Baby", un slow blues dans lequel harmonica et bottleneck se disputent le premier rôle sous la couverture d’une basse bien plus ronde. Un titre proche des CHICKEN SHACK de Stan Webb. Les bluesmen sont parfois de drôles de trompeurs s’inspirant plus ou moins les uns des autres jusqu’à se plagier en toute vergogne ou innocence. Compo' de Willie Cobbs, "You Don’t Love Me" a fait l’objet de recherches épiques; il se dit que Billy Lee RILEY aurait coécrit la chanson. Toujours est-il que la mélodie se rapproche très nettement de "She’s Fine, She’s Mine", titre de Bo DIDDLEY pour le label Checker en 1955. Sans en rajouter, les Anglais en délivrent une excellente version, l’harmonica imprimant un rythme aussi efficace qu’envoûtant.
Terminons ce tour d’horizon par les deux reprises dument accréditées : "No More Doggin", attribué ici au traditionnel, est en fait une chanson de Roscoe Gordon reprise par John Lee HOOKER. C’est bien de la version de leur idole que les quatre Anglais s’inspirent. Grand classique de Muddy WATERS, "Still Of Fool" a servi de détonateur à plus d’un apprenti bluesman. Parfois utilisé sous l’intitulé "Two Trains Running", le morceau avait fait l’objet d’une version Folk Blues de John Hammond assez léthargique avant que le Paul Butterfield Blues Band lui redonne ses lettres de noblesse. Les GROUNDHOGS nous en délivrent en fermeture d’album une honnête version bien qu’un peu trop longue à notre goût, reproche qui se traduit malheureusement sur au moins six titres, ce qui fait beaucoup.

En dehors d’une prise de son largement perfectible, ce premier disque s’avérait au moment de sa sortie assez encourageant. Aujourd’hui, quand on gratte la surface du British Blues, le disque ne se distingue pas d’une dizaine d’autres, preuve de la richesse des Britanniques. Autre bémol, si Steve Rye est un harmoniciste qui a la sagesse de ne pas en rajouter, c’est hélas un chanteur limité par rapport à certains de ses confrères anglais du moment. D’ailleurs, l’aventure pour lui s’arrêtera sur ce premier jet. Un disque que certains sites rangent parfois dans la colonne du Blues Rock. Un petit 3 !

Cette chronique provient de l'écoute du pressage anglais en Mono.

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   LE KINGBEE

 
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- Steve Rye (chant, harmonica)
- Tony Mcphee (guitare, chant)
- Pete Cruikshank (basse)
- Ken Pustelnik (batterie)


1. Rocking Chair
2. Early In The Morning
3. Waking Blues
4. Married Men
5. No More Doggin'
6. Man Trouble
7. Come Back Baby
8. You Don't Love Me
9. Still A Fool



             



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