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1968 Scratching The Surface
1969 Blues Obituary

The GROUNDHOGS - Blues Obituary (1969)
Par LE KINGBEE le 12 Avril 2024          Consultée 197 fois

Nous sommes en 1969 : les BEATLES offrent leur dernière prestation sur les toits du label Apple. En mars, le premier disque de LED ZEP sort en Europe, deux mois après sa sortie américaine. En juillet, les STONES donnent un concert en hommage à Brian Jones décédé deux jours plus tôt; en août, le Woodstock Festival accueille plus de 500000 visiteurs; en fin d’année, Phillips lance sa filiale Vertigo, chez nous Hugues AUFRAY triomphe avec "Adieu Monsieur le Professeur" alors que Julien CLERC nous invite au voyage avec "La Californie".

Pendant ce temps-là, GROUNDHOGS enregistre dans l’anonymat le plus complet Blues Obituary, son second opus, dans l’antre du Marquee Studios au cœur de Londres. Alors que de nombreux groupes orientent leurs répertoires vers une sonorité de plus en plus Heavy, un univers gorgé d’électricité et de démonstrations guitaristiques, Tony McPhee et ses deux équipiers se retrouvent à la croisée des chemins. Si la pochette manie humour et désenchantement avec l’avis de décès du Blues, le trio campe résolument sur ses positions en revendiquant un Blues sans concession, une mixture conjugant le Delta Blues et celui de Detroit, le tout filtré en interpolation directe avec le Blues plus angoissant de la Tamise. En fait, en juin 69 si de nombreuses formations anglaises se tournent vers une évolution logique en direction de diktats commerciaux, financiers et de gloire, Groundhogs reste parmi le dernier représentant britannique à ne pas avoir viré son cuti avec CHICKEN SHACK et Peter GREEN.

En dehors de cette pochette qui a le désavantage d’avoir le cul entre deux chaises, entre esprit morbide, humour et flegmatisme à l’anglaise, encouragé par Roy Fisher leur premier manager, c’est McPhee en personne qui se charge de la production, celle-ci se révélant plus abrupte et moins consensuelle que celle de Mike Batt. A l’instar du premier disque qui ne comptait que deux covers, on ne trouve ici qu’une reprise, Tony McPhee restant l’unique pourvoyeur avec six originaux.

La face A entièrement constituée d’originaux débute avec "B.D.D.", acronyme de Blind Deaf Dumb (aveugle, sourd, muet), un titre terrien sans lien avec les trois singes de la sagesse, dans la lignée de certains titres de John Lee HOOKER* (que le trio accompagna souvent quand il venait en terre anglaise) marqué par une pointe de désenchantement lié à une rupture amoureuse et un manque de communication avec l’être aimé. Certains puristes y verront probablement une connexion mélodique avec "Last Kind Words Blues", titre de la guitariste Geeshie Whiley gravé en 1930 (récemment repris par Rhiannon GIDDENS et le duo Alison KRAUSS/Robert PLANT). Si ce titre ne connut guère de succès en Angleterre, il se classa Number One au Liban, preuve encore une fois que nul n’est prophète en son pays. S’ensuit "Daze Of The Weak", un instrumental au 3/4 de plus de 5 minutes, une sorte de ballade Hookerienne se transvasant dans la Mersey ou la Tamise. Si la rythmique veille sur la mise en place, c’est la guitare qui tient les rênes de l’attelage par ses changements de nuances. Impression quasi similaire avec "Times", une combinaison hypnotique rappelant "Dark Was The Night" une ballade religieuse de Blind Willie JOHNSON et un Hill Country Blues à la R.L. Burnside. Si la rythmique tente de préserver son rôle de gardienne du temple, c’est la réverb' et la slide qui maintiennent le titre du début à la fin. Inspiré par le "Big Road Blues" de Tommy Johnson, McPhee nous assène un "Mistreated" qui monte crescendo, le zest de Delta qui parfumait les premières notes laisse bientôt sa place à un Blues Garage rageur dans la lignée directe de John MAYALL.

L’enregistrement en provenance d’un 4 pistes accentue le caractère primitif et simpliste de la formule trio, c’est particulièrement le cas de "Express Man", un pur Blues Rock percutant dans la lignée des BLUESBREAKERS de John MAYALL ou des premiers LED ZEP. Entre l’éclosion du trio, son rôle de backing band pour John Lee HOOKER, Jimmy REED, Champion Jack DUPREE ou Little WALTER, Tony McPhee et Peter Cruickshank se sont brièvement produits au sein d’Herbal Mixture en compagnie du batteur Mike Meekham, un autre trio résolument ancré vers une sonorité plus Psyché. Ces influences sont clairement palpables sur "Light Was The Day", un long instrumental de presque 7 minutes dans lequel la guitare prend tour à tour des formes de sitar et de slide derrière une batterie se rapprochant des percussions tribales.

Seule reprise du disque, "Natchez Burning", enregistré par Howlin’ WOLF le 19 juillet 56 à Chicago et publié par Chess en novembre 59, rend hommage aux 209 victimes de l’incendie du Rhythm Club de Natchez, le 23 avril 1940, situé sur Saint-Catherine Street. C’est bien évidemment sur un tempo lent que McPhee et ses compagnons délivrent ce clin d’œil aux victimes et à l’orchestre de Walter Barnes dont seul le batteur est parvenu à se sortir des flammes de l’enfer. Chanteur assez quelconque, Tony McPhee parvient ici à nous faire dresser les poils des bras à l’écoute des paroles. Did You ever hear about the burnin’ – that happened way down in Natchez Missisippi town ? – The whole building got to burnin’- There my baby laying on the ground. Contrairement à la version du LOUP HURLANT, qui déclamait plusieurs prénoms de victimes, l’Anglais reste sobre. L’adage 'A toute chose, malheur est bon' prend ici une certaine saveur. Initialement, l’orchestre de Tiny Bradshaw devait se produire lors de ce concert, mais le chanteur pianiste annula le matin même sa venue au profit d’un show plus rémunérateur à l’Apollo de Harlem, remplacé donc au pied levé par Walter Barnes.

Si ce second opus au titre ambigu campe sur la même orientation que son prédécesseur, l’alchimie en trio prend de plus en plus de consistance, malgré l’échec commercial du disque. Si on peut regretter une production trop frustre et la faiblesse au chant de Tony McPhee, meilleur guitariste que chanteur, ce disque tombé dans les oubliettes de nos mémoires, bouffé par certains bestsellers du moment (LED ZEP, CREEDENCE, The WHO, The ROLLING STONES ou CROSBY, STILLS & NASH) mérite d’être redécouvert, malgré deux titres plus faiblards ("Mistreated" et "Express Man"). Le disque a été réédité par Fire Records en 2018 aux formats vinyle et CD avec deux bonus.

* Traduisible par les Marmottes, The Groundhogs doivent leur nom à une chanson de Hooker "Groundhogs Blues".

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   LE KINGBEE

 
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- Tony Mcphee (guitare, chant)
- Pete Cruikshank (basse)
- Ken Pustelnik (batterie)


1. B.d.d.
2. Daze Of The Weak
3. Times
4. Mistreated
5. Express Man
6. Natchez Burning
7. Light Was The Day



             



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