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2000 Freedom Creek
2002 Living In A New World

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2004 Jukin' At Bettie'S

Willie KING - Freedom Creek (2000)
Par LE KINGBEE le 8 Mars 2016          Consultée 1599 fois

Aborder le nom KING dans le domaine du Blues reviendra deux fois sur trois à un immanquable renvoi vers les TROIS KING(S): BB, Albert et Freddie. Si si, je vous l’assure ! A la sortie d’un concert de Blues, l’amateur classique vous citera invariablement l’un de ces trois bluesmen. On peut même penser que BB KING, décédé l’an passé décrochera le jackpot.

En dehors de ces trois vedettes incontestées, on retrouve une sacrée flopée de KING ayant sévi dans le registre du Blues et de ses dérivés: Earl, Eddie, Bobby, Little Freddie, Little Jimmy, Pernell, Saunders, plus près de nous Bnois ou Chris Thomas, sans oublier les chanteuses Mary Jewel et Nora Lee, je n’ose pas évoquer The King Brothers afin de ne pas perdre trop de monde en route.

Le King dont il est question ici est nettement moins connu, ayant percé sur le tard.
Willie Earl KING est né en 1943 à Prairie Point, un bled rural du Mississippi proche de l’Alabama. Il débute la guitare dans la plantation où il travaille. En 1967, il tente sa chance à Chicago afin de trouver un job mais revient rapidement s’installer en Alabama. En dehors de la musique, Willie s’intéresse à la politique sociale et au Mouvement des Droits Civiques. Pendant deux décennies Willie King va accumuler tout un tas de métiers officiant dans le monde agricole et aussi dans le domaine du militantisme. Il va se spécialiser dans les struggling songs (chansons de lutte). Remarqué dès 1987 par Jim O’Neal, patron du label Rooster, Willie KING n’émerge qu’en 2000 avec « Freedom Creek » traduisible par « Le Ruisseau de la Liberté ». Ce bluesman édenté, considéré comme activiste, n’avait enregistré qu’un autoproduit passé complètement inaperçu.
La carrière de Willie décolle donc à l’orée du nouveau millénaire. En 2003, il apparait brièvement dans « Feel Like Going Home », l’un des volets de la série de Martin Scorcese. L’année suivante, la revue américaine Living Blues le consacre au titre de bluesman de l’année. Une reconnaissance bien tardive mais qui va profiter au musicien, Willie est placé en deux coups de cuillères à pot sous les projecteurs des plus grands festivals, programmé entre autre au Cognac Blues Passion qui figurait alors comme l’une des plus grosses manifestations bluesistiques d’Europe. Cette subite renommée ne changera pas notre bonhomme. En 2007, le guitariste était l’acteur principal de « Down In The Woods », un documentaire stupéfiant sur l’Amérique des laissés pour compte. Tourné en Alabama et au Mississippi, ce document retraçait la misère sociale des habitants, noirs ou blancs. Ce film tourné par une équipe néerlandaise suivait l’artiste dans ses pérégrinations ; Willie King était filmé auprès de sa communauté de Freedom Creek, dans les bars, les hospices, les écoles, les juke joints, sans oublier quelques-uns de ses passages dans les gros festivals Blues US. L’Amérique des oubliés, celle où personne ne met les pieds, une Amérique bien éloignée d’Hollywood, de Wall Street et du Rêve Américain.

Véritable pavé dans la marre, « Freedom Creek », édité en 2000, était la preuve qu’il existait encore de véritables bluesmen à l’ancienne, ceux-là même qu’on croyait disparus, des musiciens issus d’une époque révolue. Pur produit du Northwestern Alabama Blues, Willie KING & The LIBERATORS nous invitent au cœur du Down-Home Blues de l’Alabama. Le répertoire entraîne l’auditeur dans l’atmosphère des juke-joints crasseux, une impression torride gorgée d’hypnotisme. Musicalement, le guitariste s’appuie sur des riffs simples, reposant souvent sur un accord, ici pas d’esbroufe, aucune recherche de virtuosité, pas de guitariste jouant avec la guitare dans le dos ou alignant de brefs soli « avé » les dents. Willie KING ne fait pas de cinéma, mais propose un phrasé brut de décoffrage, à l’image de R.L. Burnside ou de certaines productions Fat Possum.
Le répertoire s’annonce cependant plus dansant que celui des grands guitaristes ruraux du Mississippi. Le message de KING est rempli d’espoir. Si l’ambiance se révèle bouillonnante, elle diffuse néanmoins des zestes issus du folklore jamaïcain, rappelant dans une certaine mesure Bob MARLEY. « Second Hand », « Stand Up And Speak The Truth » ou « Clean Up The Ghetto » en sont les parfaits exemples.
«Uncle Tom » pourrait s’apparenter à un boogie hookerien, le chant de Willie Lee Halbert répétant inlassablement le texte chanté par le leader contribue à alourdir l’intensité dramatique. « Pickens County Payback », un Country Blues dynamique, s’avère aussi simple qu’ensorceleur. Même impression avec « Pickens County Blues » titre comportant une nuance Folkblues plus marquée. On retrouve aussi de larges références à Howlin’ WOLF comme en atteste « Let’s Come Together », le chant du second chanteur parvient à ancrer celui de Willie, à l’instar de certains chants gospel où les textes chantés en voix de tête sont réitérés sous forme de transe.
Le bref passage du guitariste à Chicago se retranscrit sur « Twenty Long Years », un vrai morceau de Chicago Blues à la sauce rurale. « The Sell Out » privilégie l’ambiance ardente des juke-joints, les textes renforcés d’une trame poétique évoquent le travail des champs et des plantations.
Terminons cet éventail par « My Boss Man And My Baby », titre débutant sous forme de Live, un Boogie Rock qui monte crescendo à mi-chemin entre HOOKER et Howlin’ WOLF qui finit par happer l’auditoire. L’album se conclut sur un monologue parlé dans lequel KING nous parle de sa vie, de sa communauté, du racisme et de ses espoirs.
Ancré dans un décor frustre, local et sans fioriture, Willie KING délivre ici un message puissant sur le quotidien de ses concitoyens, quotidien amplifié par une voix parfois gutturale et des rythmes lourds, mais entraînants, le tout débouchant sur un climat narcotique et envoûtant. Cet album s’inscrit résolument parmi les plus marquants de la décennie 2000. Ce bluesman humaniste nous a quittés en 2009, le jour de ses 66 ans, victime d’une crise cardiaque. Instigateur du Freedom Creek Festival, l’œuvre de Willie KING perdure encore de nos jours grâce aux efforts de la Rural Members Association et des anciens accompagnateurs du guitariste. Le Festival se déroule à Aliceville, une bourgade figurant sur le parcours de l’une des trois marches de Selma.

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   LE KINGBEE

 
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- Willie Earl King (chant, guitare)
- Aaron T. 'hard Head' Hodge (guitare rythmique)
- Willie James Williams (batterie)
- Willie Lee Halbert (contrechant)
- Mike Mccraken (basse)
- Johnnie B. Smith (basse)
- Al Kinnanam (basse)


1. Second Coming.
2. Uncle Tom.
3. Pickens County Payback.
4. Let's Come Together (as One Community).
5. Pickens County Blues.
6. Twenty Long Years.
7. Stand Up And Speak The Truth.
8. The Sell Out.
9. Clean Up The Ghetto.
10. My Boss Man And My Baby.
11. Why The Good Lord Sent Us The Blues.



             



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