Il n’aura fallu finalement que trois mois et demi à GREEN DAY pour sortir ses trois albums intitulés respectivement !Uno !, !Dos ! et !Tré !. En effet, suite à l’annulation de leur tournée pour cause de 'pétage de plomb' de Billie Joe Armstrong lors d’un concert à Las Vegas, suivie d’une cure de désintoxication fort à propos, le groupe a avancé la sortie de ce troisième volet d’un mois.
Si !Uno !, et !Dos ! étaient assez similaires, tout au plus pourrait-on arguer que ce dernier est un tantinet moins prévisible que son devancier, !Tré ! marque lui un réel changement. Moins punk-rock que ses deux prédécesseurs il présente la facette la plus calme et par la même la plus commerciale du groupe. Conçu comme devant être un disque 'd’après fête', ce onzième disque des Californiens débute en effet par une série de morceaux posés et relativement doux. Ainsi, "Brutal Love" porte très mal son nom. Ce titre mou du genou est à mille lieux du punk-rock entraînant et festif auquel le groupe nous avait habitués. Et ce ne sont pas les dispensables "Missing You" et "8th Avenue Serenade" qui vont changer la donne. Pour le reste, GREEN DAY nous propose un rock de facture assez classique qui souffre de la comparaisons avec les grandes heures de gloire du groupe. Alors soit, le son est bon, les mélodies sont facilement assimilables et le chant est particulièrement soigné (pour ce genre musical), mais il serait vain de s'attendre à y trouver beaucoup de profondeur et de surprises.
Les morceaux défilent, se laissant écouter sans déplaisir. On peut même se surprendre à hocher du bonnet au détour d’un "99 Révolutions" au tempo un peu plus enlevé, mais il faut vite se rendre à l’évidence, tout est trop facile, téléphoné et superficiel. Au détour d’un "Dirty Rotten Bastards", on pense avoir trouvé un peu plus de caractère, mais ce n’est qu’un feu de paille et l’on retombe rapidement dans les mêmes travers : interprétation impeccable, ritournelles immédiates, mais absence de frisson, d’âme, le fond étant touché avec "The Forgotten", un titre d'une mièvrerie gluante de sentiments factices.

Le projet de GREEN DAY qui visait à proposer trois disques sur un délai hyper court était très ambitieux et le fait qu’il soit parvenu à sortir autant de titres en un délai si court est à saluer. Mais un peu plus de temps de maturation et une sélection un tantinet plus sévère de la trentaine de titres proposée en quelques mois auraient certainement permis au groupe d’accoucher d’un (voire de deux) disques de référence. Et de fait, à l’écoute de ce troisième volet, on reste tiraillé entre deux sentiments opposés. D’une part, la sensation que le compte n’y est pas réellement en termes de qualité. Et d’autre part, l’impression que le groupe a tout de même proposé avec ces trois disques une tripoté de très bons titres. Comme pour les Use Your Illusion de GUNS & ROSES, c'est le type de projet qui nécessite un peu de recul et de temps pour être évalué à sa juste valeur. Mais près de dix ans plus tard, force est de constater que si la doublette du groupe d'Axl Rose fait encore débat, et est pourvoyeuse de bon nombres de classiques de GUNS & ROSES, cette triplette est loin d'avoir marqué la carrière de GREEN DAY.
Parfois, le trop est l'ennemi du bien.