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POST-PUNK  |  STUDIO

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1977 Marquee Moon
1978 Adventure
1992 Television
 

- Membre : Richard Hell & The Voidoids

TELEVISION - Adventure (1978)
Par K-ZEN le 20 Août 2021          Consultée 901 fois

Toute période dorée connaît par la suite une anfractuosité marquée.

Les 30 Glorieuses sont entrées dans l’histoire moderne par la grande porte. Instant où joie et espoir se retrouvent après le marasme de la guerre. Il s’agit de cette ère exceptionnelle de trois décennies entre les années 50 et 70, dont sont issus nos parents, pour les plus jeunes d’entre nous. Trente années fertiles en termes de naissances (le fameux baby-boom dont les représentants ont été renommés parfois avec mépris boomers aujourd’hui) et d’économie culminant à près de 5% de croissance.

La société des individus prend son essor via les loisirs, la culture et le sport, en même temps que progrès technologique et extension des congés payés permettent d’ouvrir de nouveaux horizons. L’inédite reine-télévision diffuse en continu des publicités où voitures, avions et électroménager destinés à l’épanouissement de la femme au foyer sont vantés. Une ménagère disposant de leviers inédits lui permettant de prendre sa vie en main : droit de vote, de disposer de son corps à sa guise, de travailler. Un instantané de liberté en somme, on se souvient des slogans brandis pendant l’embrasement de Mai 1968, où les carcans se désintègrent et le rapport au sexe se transforme, l’influence anglo-saxonne ou américaine légèrement défoncée et hippie se faisant ressentir.

Une croissance finalement logique, les périodes post-guerre étant propices à l’économie et l’emploi, avec des villes, infrastructures, industries à complètement rebâtir voire repenser, a fortiori lorsque vous avez le puissant soutien initial du plan Marshall également à votre disposition.

On connaît moins les 30 Piteuses qui ont directement suivi les 30 Glorieuses, expression employée par Nicolas Baverez pour nommer son livre publié en 1998 en opposition à celui de Jean Fourastié, une décélération régulière de la croissance à partir de la décennie 1970. Elle débute lors du premier choc pétrolier en 1973 puis s'accentue lors du second survenu en 1979, provoquant une inflation dans les prix de l'essence et des produits quotidiens, causant ainsi la chute du pouvoir d’achat. De nombreux spécialistes soutiennent que l’économie commençait déjà à s’essouffler avant cet évènement, mais il est indéniable qu’il fut un catalyseur, à l’image du Covid actuellement, un accélérateur/révélateur de crise.

Le groupe américain TELEVISION avait réussi à devenir essentiel et emblématique dès son premier essai en signant un chef-d’œuvre hors de tout temps et mode. Pas vraiment punk, ni réellement glam, Marquee Moon marque les générations au fer bleu par ses mélodies délicates et son côté arty assumé, allant même jusqu’à indiquer l’ordre des soli au sein du livret accompagnant l’album. La comparaison avec les DIRE STRAITS qu’Oncle Viande avançait dans sa critique me paraissait quelque peu audacieuse au départ, mais je dois reconnaître qu’elle a du sens pour son aspect ovniesque à l’instant T et son travail aux guitares. Après tout, peut-être que TELEVISION est au punk ce que la créature menée par Mark KNOPFLER est au blues.

Le problème de tout ravager dès son premier essai suppose ensuite de trouver des leviers pour assumer et succéder à un tel monument, car il faut avancer coûte que coûte. Quand on a été au sommet d’une montagne, on ne peut qu’en descendre. C’est ce que Adventure se propose de faire, bien abrité à l’ombre tutélaire de son grand frère.

Une dépression post-apogée, c’est un peu le parfait portrait de ce second jet finalement, album qui aurait été remarquable si l’étalon n’était si invraisemblable, sens de la critique composée par Robert Christgau dans Village Voice.

La première face sème un instant le doute. L’écriture semble moins acérée et immédiate ; plus calculée, convenue. "Glory" est empreint d’un romantisme certain. "Days" présente les premières lueurs de l’aube. "Foxhole" se veut très rock, trop ? "Careful" et ses chœurs piqués aux WHO. Tout cela est bien joli, vif, mais somme toute bien vite désuet, oublié.

Mais cette humeur maussade, ce repli sur soi déboulant de la face B, nous rassure. Dans un sens, certes.

L’énigmatique "Carried Away" constitue un excellent diptyque avec le magnifique "The Fire", irradiant d’émotion par cet extraordinaire second solo et cette inoubliable ambiance nous plongeant au cœur d’une vieille Italie. Des images contradictoires défilent, des pièces sur une table, des cartes en l’air, un visage continuant à sourire dans la fenêtre. Le feu a-t-il été allumé volontairement ou seulement attendu, avec inquiétude ? Le résultat reste le même, nous restons enfermés, attendant, regardant, tombant. Seule la pure préméditation du geste suicidaire est en question.

En bout de course, l’éthéré "The Dream’s Dream", curieuse réminiscence méditative de "Torn Curtain", fin apparemment mais faussement dénuée de toute angoisse, tente la poursuite du rêve, s’y accrochant tant bien que mal via un riff alambiqué canonique, alors qu’à l’horizon déjà la fin de carrière de TELEVISION première époque se profile.

L’interruption momentanée des programmes durera jusqu’en 1992, avant une singulière remise en route.

3.5/5 objectivé par cohérence en incontestable 3.

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- Billy Ficca (batterie)
- Richard Lloyd (guitare, chœurs)
- Fred Smith (basse, chœurs)
- Tom Verlaine (chant, guitare, piano)


1. Glory
2. Days
3. Foxhole
4. Careful
5. Carried Away
6. The Fire
7. Ain’t That Nothin'
8. The Dream’s Dream



             



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