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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1975 Crack The Sky

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1978 Live Sky

CRACK THE SKY - Crack The Sky (1975)
Par LE KINGBEE le 30 Août 2021          Consultée 783 fois

Cet éponyme de CRACK THE SKY mérite un petit détour alors que la formation américaine a été injustement mise sous l’éteignoir, la faute à un label, un contrat et un distributeur largement déficients. Mais il arrive parfois que les histoires se terminent bien dans le monde de l’Industrie du Disque, une sphère bourrée de requins et d’incompétents.

Revenons brièvement sur cette formation originaire de Weirton, au Nord de la Virginie Occidentale, à deux pas de la rivière Ohio. A l’orée des années 70, Rick Witkowski fait la rencontre de John Palumbo dans le magasin d’instruments de musique et de disques où il travaille. Les deux hommes sympathisent et décident de monter un groupe sur les cendres de Sugar et Uncle Louie, formations dans lesquelles ils jouent respectivement. Les deux musiciens sont ainsi rejoints par le batteur Joey D’Amico, le bassiste Joe Macre et le guitariste Jim Griffiths. En 1973, les cinq musiciens qui se produisent sous le nom d’Arcangel signent un contrat avec Tommy West et Terry Cashman, deux rigolos qui viennent de monter le label Lifesong. Si le groupe transformé en CRACK THE SKY connaît une forte notoriété principalement en Pennsylvanie, dans l’Ohio et dans Maryland, son contrat avec Lifesong peut faire figure d’un caillou particulièrement aiguisé dans une chaussure.

Le groupe enregistre à New York dans les studios de la CBS. Les membres rodés par de nombreux et excellents concerts sont au Top de leur forme. CBS décide de placer le groupe sous la houlette de Donald Puluse, un ingé-son renommé qui vient d’enregistrer avec succès des artistes aussi variés que SLY & The FAMILY STONE, DYLAN, MOONDOG, Moby Grape, Jim Croce ou The Flock. Tout semble réuni pour faire un carton, hormis peut-être la pochette peu porteuse de Bob Heimall, graphiste attitré du label Elektra qui vient d’atterrir chez Arista. Le répertoire provient de l’imagination créative de John Palumbo. D’entrée, on se retrouve comme entraîné dans une spirale infernale avec "Hold On", un Rock Prog aux confins de STYX, KANSAS ou GONG. Les différents instruments s’offrent une superbe farandole, la virtuosité des différents musiciens semblant couler de source. Ajoutons-y des effets bien sentis, une mélodie accrocheuse, un refrain moins complexe que celui de nombreux titres du même registre et surtout un titre qui ne s’éternise pas (tout juste 3 minutes) pour se perdre en route et vous avez entre les mains une obscurité qui aurait mérité de grimper dans les charts. Second coup de semonce avec "Surf City", un Rock Prog mélodique qui pourrait pleinement s’inscrire dans "The Grand Illusion" de STYX (encore eux). La symbiose entre les différents instruments étonne encore une fois, la mise en place entre le chant, les chœurs et les effets frisant le sommet. La formation sait laisser reposer les accus quand le besoin s’en fait sentir, "Sea Epic" une longue ballade pourrait s’intercaler entre "Point of Know Return" (KANSAS) et un titre des BEATLES période post Revolver. Seul petit hic, le morceau aurait selon nous mérité d’être écourté d’une bonne minute. Troisième petit coup de canon avec "She’s A Dancer", titre entraînant, épicé d’une bonne section cuivre avec le saxophoniste David Sanborn et les frères Brecker. Si le morceau s’avère dansant, il offre également de belles nuances. Un titre à ranger entre STELLY DAN et BLOOD SWEAT & TEARS. Cette face A somptueuse se termine avec Robots For Ronnie, un Rock Prog plus doux qui pourrait prendre sa source dans le Kilroy Was Here (STYX), opus qui paraîtra huit ans plus tard.

La face B s’ouvre sur "Ice", la guitare acoustique de Jim Griffiths nous renvoie encore une fois vers KANSAS et un phrasé que ne renierait pas Kerry Livgren. Tout semble millimétré, les breaks, les changements de ton avec un vrai passage d’Opéra Rock. Les guitares de "Mind Baby" durcissent, piste qui évoque à la fois BAD COMPANY et 10 CC, mais n’allez pas croire que Crack the Sky draine inutilement la foudre. Une section cuivre vient nuancer l’ardeur du groupe en apportant un léger grain de sel. "I Don’t Have a Tie" reprend la recette des chansons du début avec une légère pointe de Pop des plus agréables. Pour le final, "Sleep" propose le plein d’alternances. Si la guitare oscille à mi-chemin de KANSAS et de CROSBY, STILLS & NASH, la flûte, le hautbois de George Marge et le trombone de Tom Jones (rien à voir avec le Sir Gallois) font naître un bon contraste quasi ésotérique.

Si les deux premières pistes s’annoncent imparables, grimpant au sommet du Rock Prog US mid 70’s, les autres titres font naître une créativité et une subtilité traversées sans cesse par des fluctuations sonores pleines d’imagination et de virtuosité. La revue Rolling Stone classa en son temps cet éponyme comme le meilleur album de l’année. Paradoxalement, le disque ne connaît pas le succès commercial escompté, la faute à un label complètement à côté de la plaque et à de gros problèmes de distribution. Quarante après sa sortie, le toujours très en vue Rolling Stone classait ce disque parmi les 50 meilleurs albums de Rock Prog de tous les temps. S’il convient de prendre un peu de recul avec ce genre de classification, Crack the Sky flirte avec les voies du ciel dans cette galette pleine de foudre.
Malgré le départ de John Palumbo qui jette l’éponge en 1977, lassé par l’incompétence de Lifesong, le groupe tente de faire perdurer l’aventure. Suite à diverses tracasseries contractuelles et financières avec Terry Cashman, les membres vont dissoudre le groupe. Crack the Sky se produit lors de concerts réunions, les différents membres s’étant liés d’une solide amitié malgré les difficultés. Cependant, au fil des ans, et malgré de petits changements de personnels, le groupe renaît de ses cendres pour enregistrer une quinzaine d’albums édités par de petits labels. En 2021, Crack the Sky sort "Tribes", un dernier bébé salué par la presse spécialisée, un opus dans lequel Palumbo, D’Amico et Witkowski, encore de la partie, témoignent d’une jeunesse étonnante. Ce disque a été réédité en format CD par Lifesong en 2012, il se vendrait environ 90 €. A ce prix, nous conseillons vivement aux lecteurs fans de Prog de s’orienter vers le circuit vinyle d’occase ou neuf. Ce groupe méconnu mérite une seconde chance. De l'excellent Rock Prog pâtiné d'un soupçon de Pop.

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- John Palumbo (chant, guitare, claviers)
- Rick Witkowski (guitare, percussions)
- Jim Griffiths (chant, guitare)
- Joe Macre (basse, choeurs)
- Joey D'amico (batterie, chœurs)
- George Marge (flûte, hautbois 3-5-9)
- David Sandborn (saxophone 4-7)
- Michael Brecker (saxophone 4-7)
- Randy Brecker (trompette 4-7)
- Tom Jones (trombone 9)


1. Hold On
2. Surf City
3. A Sea Epic
4. She's A Dancer
5. Robots For Ronnie
6. Ice
7. Mind Baby
8. I Don't Have A Tie
9. Sleep



             



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