Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

1966 Projections

ALBUMS LIVE

1966 Live At The Café Au Go Go

The BLUES PROJECT - Projections (1966)
Par LE KINGBEE le 5 Novembre 2021          Consultée 527 fois

Nous sommes en novembre 1966 quand le second disque du BLUES PROJECT apparait dans les bacs des disquaires. Le premier opus capté en Live lors de plusieurs concerts n’a pas révolutionné l’industrie du disque et il semble presque évident qu’à part Tom Wilson, producteur brillant, personne chez Verve Folkways ne croit que le groupe puisse accéder à une plus grande notoriété. A partir de là, lorsque la plupart des éléments semblent converger vers des parties négatives, il ne faut pas aller plus loin pour trouver les raisons de l’échec d’un disque.
En musique, on vous le dit souvent sur le site, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Et justement c’est ce que le titre semble signifié, le groupe veut indiscutablement aller de l’avant, se projeter comme on dit maintenant dans certaines entreprises. Verve ne semble guère intéressé par la créativité artistique du groupe mais semble davantage préoccupé par les retombées financières que pourrait générer le disque, un disque commercialement voué à l’échec dès le départ, puisque pratiquement sans la moindre promotion, hormis deux titres édités sur deux singles qui passeront totalement inaperçus. Autre bémol, hormis deux titres, les sept autres pistes dépassent largement les 4 minutes en termes de durée, ce qui ne leur permet pas de passer sur les ondes, les pistes ne correspondant pas aux formats radio du moment. Ceci est tellement frappant que Verve édite en single une version raccourcie de "Steve’s Son".

Si le groupe s’est fait les dents lors de nombreux concerts rassemblant aussi bien un public intellectuel, que des étudiants, de nouveaux bobos newyorkais et une assistance hippie, il a surtout énormément progressé à l’image de l’organiste Al Kooper. Même topo au niveau de l’originalité, cette fois le groupe apporte quatre compos venues des plumes d’Al Kooper et Steve Katz. En guise d’ouverture le quintet nous assène le tonitruant "I Can't Keep From Crying" un Rock aussi bluesy que Psyché, une compo de Kooper fortement inspirée par "Lord I Just Can't Keep from Crying" enregistré en 1928 par le guitariste évangéliste et aveugle Blind Willie Johnson. Comme l’annonce l’adage, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et avouons qu’il faut plus que tendre l’oreille pour percevoir l’essence même du morceau. Les guitares distillent ici une forte odeur Psyché marquée au beau milieu par un passage d’orgue complètement hallucinant. Un titre bien plus fun que l’ennuyeuse version de Red Foley, beau père de Pat BOONE, en Country Gospel. Seconde compo, "Steve’s Song" nous expédie dans un premier temps au Moyen Age, les claviers proches du clavecin et la flûte impulsent une atmosphère que ne sauraient renier GENTLE GIANT ou PENTANGLE, on se croirait dans la cour royale ou au château de Buckingham avant de plonger dans une ambiance à la DOORS, Kalb prenant des intonations rappelant Jim Morrison. Avec "Watch Me, Shake Me" * on replonge dans une atmosphère complètement Psyché, l’orgue de Kooper offrant une sonorité entre l’orgue de Ray Manzarek et un petit farfisa, instrument lié au Garage. Si la flûte demeure l’un des instruments caractéristiques du Rock Psy, elle endosse le premier rôle dans le curieux « Flute Thing ». Si cet instrumental de 6 minutes instaure un décor bigarré entre Rock Psy et Jazz évoquant parfois IF, débouchant sur un climat d’une profonde quiétude, il servira également de catalyseur en 94 au "Flute Loop" des BEASTIE BOYS, célèbre groupe Hip Hop de New-York. Enfin dernière compo avec "Fly Away" ֍, création singulière avec touche d’harmonica pour une ambiance à mi-chemin entre les BYRDS, KALEIDOSCOPE et It’s A Beautiful Day.

Au chapitre des reprises, le groupe étire son répertoire avec "You Can’t Catch Me", titre gravé dix ans plus tôt par Chuck BERRY alors au sommet de sa forme. La rythmique nous offre ici un travail de métronome pour une version moins sauvage que celle de Love Sculpture, groupe de Dave Edmunds. Une version cependant plus rythmée que celle des STONES. Enregistré par Muddy WATERS au tout début des fifties, "Still a Fool" connaitra de nombreuses relectures sous le titre de "Two Trains Running". Popularisée quelques semaines avant par Paul BUTTERFIELD, la chanson s’étire pendant plus de 11 minutes avec d’inévitables effilochages risquant ainsi de perdre en route certains auditeurs. Un titre de Jam Session typique. En dehors de l’original, on conseillera aux amateurs de Blues les versions d’Eddie C. CAMPBELL, Magic SLIM ou Willie Buck. Petite curiosité avec "Cheryl’s Going Home" du guitariste Folk Bob Lind. La reprise de cet inusité est gorgée d’une coloration psyché se démarquant de la pièce d’origine et marque une heureuse rupture avec la cover "gnangnan" du duo SONNY & CHER. Avec un tel nom de scène, la formation ne pouvait pas ne pas délivrer un Blues authentique, c’est chose faite avec "Caress Me Baby", petit hit de Jimmy REED. Là, Danny Kalb use la corde jusqu’au fil du rasoir avec une version longue dépassant les 7 minutes, une version qui se déguste comme du petit lait, sans le moindre temps mort.

Si le disque ne connaitra guère de succès lors de sa sortie et entrainera au printemps 67 le départ d’Al Kooper parti fonder BLOOD SWEAT & TEARS, il est aujourd’hui souvent cité par de nombreux spécialistes de la mouvance Blues Rock Psyché. Le répertoire propose un solide éventail de Rock Psyché, registre dans lequel le groupe incorpore diverses nuances comme le Folk, le Beat et le Blues. Si cette galette ne s’est pas vendue, elle le doit à un manque de promotion et aussi au manque d’intérêt du label. "Steve’s Song", la composition de Steve Katz, aurait dû s’appeler "September Fifth", mais Jerry Schoenbaum, chargé de superviser le disque s’est mélanger les pinceaux, ce qui en dit un peu plus sur la volonté du label de ne pas négliger le disque. Signalons une pochette peu porteuse issue d’une photo de Jim Marshall, pourtant auteur de nombreux visuels de Jazz. Enfin pour conclure signalons que devant le peu d’empressement du label Verve que Tom Wilson tirera sa révérence laissant sa place de producteur à Billy James, accrédité ici sous le nom de Marcus James pour motif contractuel. Contrairement au premier disque rangé dans le tiroir du Blues, celui-ci sera classé sur l’étagère du Rock Psyché. Ah dernière chose, comme il n'y a pas de mal à se faire du bien avec trois fois rien, le label publiera un an plus tard une seconde édition sous l'étiquette de sa filiale Verve Forecast. Comme on dit l'argent n'a pas d'odeur! Un disque qui vaut un bon 3.



*Titre homonyme à ceux des Coasters et des Four Tops.
֍Titre homonyme à ceux de John Denver, Don Williams, Michael Jackson et Lenny Kravitz.

A lire aussi en ROCK PSYCHÉDÉLIQUE par LE KINGBEE :


DONOVAN
The Hurdy Gurdy Man (1968)
Malgré le titre, pas une seconde de vielle à roue




SPIRIT
The Family That Plays Together (1968)
Un classique de rock psy west coast


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Danny Kalb (chant, guitare)
- Al Kooper (claviers, chant)
- Steve Katz (guitare, harmonica, chant, basse 7)
- Andy Kulberg (basse, flûte)
- Roy Blumenfeld (batterie)


1. I Can't Keep From Crying
2. Steve's Song
3. You Can't Catch Me
4. Two Trains Running
5. Wake Me, Shake Me
6. Cheryl's Going Home
7. Flute Thing
8. Caress Me Baby
9. Fly Away



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod