Certaines chanteuses pop des années 90-2000 n'ont pas trop attendu avant de publier un album de Noël. Kylie MINOGUE, en 2015, est à son quatorzième effort. Après de grands changements les deux dernières années, manager (Terry Blamey travaillait avec elle depuis ses débuts) et maison de disques, même si un contrat exceptionnel d'un album unique est signé en vitesse avec Parlophone.

Certains des titres proposés ("Let It Snow", "Santa Baby") avaient déjà été repris pour former un single au début des années 2010, et ils apparaissent ici sans différence notable. Bref, dans cette période de transition pour l'Australienne, le Christmas album est une solution de facilité qu'on peut difficilement lui reprocher, sachant que le résultat s'inscrit dans une plutôt bonne moyenne.

Certes, avec la belle Australienne, il faut s'attendre moins à des démonstrations vocales à la Mariah CAREY qu'un jeu de séduction tout en légèreté. L'armada orchestrale swing et chorale est pourtant bien là, dès les premières secondes de "It's the Most Wonderful Time of the Year", tube d'Andy WILLIAMS (1963). Tout est léché, jusque dans les envolées instrumentales, dans les paroles pleines de 'candy', de sucre. Cela se poursuit avec "Santa Claus is Coming to Town", premier standard international et en duo virtuel avec Frank SINATRA. La formule ne brille vraiment que sur le final avec les derniers couplets en commun.

C'est que Kylie MINOGUE possède un joli filet de voix et sexy à son image entière. Ce genre de disque (comme pour d'autres chanteuses) a au moins le mérite et l'intérêt de la sortir de son registre pop-dance habituel, et de voir combien elle se prète bien à l'exercice. Sur "Winter Wonderland" ainsi que les tout aussi imparables "Let It Snow" et "Santa Baby", elle aguiche l'auditeur et on aurait tort de se priver du plaisir, même si la recette est facile, vue et revue.

S'extrayant de la masse soul ou swing, les soli de saxophones sur "White December" (chanson qu'elle a co-écrite, de belle facture) et "I'm Gonna Be Warm This Winter" (Connie FRANCIS) demeurent rares sur ce disque, chose que l'on regrette. La seconde surtout prouve que dame Kylie et sa voix sont parfaitement taillées pour un registre pin-up/twist (tout comme plus loin, "Christmas Isn't Christmas 'til You Get Here", rhythm'n'blues et autre composition originale). Dommage qu'elle n'ait pas continué plus avant dans cette voie, hors Noël !

Les ballades sont tout aussi honorables, avec Kylie dans un registre plus suave et féérique : "Have Yourself a Merry Little Christmas" pour compléter la liste des standards, "Only You" (du groupe synth-pop YAZOO) en duo avec James CORDEN ou encore "2000 Miles" des PRETENDERS.

Mais l'Australienne ne peut se retenir d'être 'branchée', même sur un disque comme celui-là, et "Everyday's Like Christmas" (en partie écrite par Chris Martin de COLDPLAY) sonne plus électro. Un beau moment, malgré quelques samples contestables. Idem pour la funky "Christmas Wrapping" du groupe new-wave The WAITRESSES (et déjà reprise par Gabriella CILMI, compatriote Aussie, en 2008), où Iggy POP ne sert pas à grand-chose. En revanche, le tempo est prenant, tout comme les attaques de cuivres en décalé sur les refrains, le pont exotique, le riff de guitare nerveux…

Fait de bric et de broc, en apparence du moins, Kylie Christmas bénéficie peut-être bien au final de l'expérience de MINOGUE, ce qui le rend égal en qualité d'un bout à l'autre !