Extrait du Press Kit accompagnant Tiny Little Ice Cubes, le nouveau single de Gilles SNOWCAT : Un dimanche matin, je chine au marché aux puces. À la recherche d'une batterie de vieille TSF en état de marche, de cartes routières datant des années 70 ou alors d'un joyau perdu en vinyle 33 tours. C'est là que je tombe sur un lot de CDs, dont l'un attire mon attention. D'une couleur orange si vive, tout à fait comme mon album You've Been Unboxing que j'ai enregistré voilà quelques années. Et il se trouve que c'est LUI, mon CD Unboxing. Dans un marché aux puces. Tout en revêtant la curiosité et l'ignorance feinte, je demande au vendeur de quoi il s'agit. Il lève les mains au ciel et répond : Ce mec doit être riche à présent, sans doute échappé sur une île, savourant son fric dans des cocktails et autres bons fruits de la nature... Il n'a plus rien sorti depuis, vous voyez ?
Je voyais. Je ne me remémorais guère mon escapade sur cette île mais je savais de source sûre que je n'avais pas fichu grand-chose depuis au moins deux ans. Une ou deux sessions par-ci par-là, maximum syndical. Cet instant a donc retenti comme une sonnerie de réveil. Il était peut-être temps de se remettre en selle, re-rentrer dans le jeu, etc. Bouger mes doigts là où ces petits cubes glacés reposent agréablement (mes talents de barman, vous voyez).
(traduction approximative de l'anglais)

Voir ses propres créations revendues (foi d'auteur, comme de musicien), en vrai ou par Internet, est un drôle de sentiment, à plus forte raison quand on se situe à des années-lumière des ventes-records de nombreux artistes (chose que même le fait d'oeuvrer pour de bonnes causes, en reversant ses bénéfices, n'a rien changé). Il vaut mieux le surmonter assez rapidement, et Gilles SNOWCAT, couramment philosophe, détient en prime une belle arme appelée humour. Cet épisode tragi-cocasse du marché aux puces rappelle au moins qu'à toute chose malheur est bon. Pour preuve, le single Tiny Little Ice Cubes qui vient joliment nous titiller les oreilles en cette fin d'été 2024, comme première livraison d'envergure du Chat-des-Neiges depuis un certain temps il est vrai. Le titre est une image directe et agréable des glaçons épousant les limoncellos, vodkas martinis et autres cocktails tant affectionnés par notre artiste belge au coeur est-asiatique. Il en profite d'ailleurs pour évoquer ses dégustations diverses suivant le cours de sa vie, aussi bien sur la côte vietnamienne à Saïgon/Hô Chi Minh-Ville que dans un palace à New York ou encore, plus James-Bond-tu-meurs (encore de quoi plaire à l'animal), dans les bars-rooftops classe supérieure de Monaco.

Le morceau-titre est un de ces reggaes soft aux consonances fin d'années 70, claviers en avant et son chaleureux. Les bongos joués par Seb 'SOUSBOCK', ami-musicien régulier au cours de cette carrière discographique, s'accordent parfaitement à l'ambiance, de même que la guitare électrique de Hetpampa (déjà croisé notamment sur You've Been Unboxing..., 2020) ainsi que le clavecin électronique du SNOWCAT. Mais l'apport le plus brillant, aux côtés de la voix masculine caractéristique entre douceur et raucité crooneuse, c'est la belle clarté sensuelle doublée d'une puissance certaine offerte par Adriana DATH, qui a pu être vue au début de l'année dans un épisode des auditions 'à l'aveugle' pour la saison 11 de The Voice Belgique. Déjà testé précédemment (pour le single "Someday" en 2022) ce duo atypique, de nos jours à plus forte raison, est garanti sans Auto-Tune ni autres atrocités de l'ère IA, idem des choeurs fantomatiques et très plaisants bidouillés par Ketih Walsh et qui se baladent sur certains refrains.

Le son reste d'ailleurs artisanal, plus spatial toutefois que celui d'anciens enregistrements de Gilles SNOWCAT et la chanson, déjà une réussite en elle-même, offre le plaisir supplémentaire des couplets chantés séparément, d'autres phrases alternatives et des refrains en commun. Et ce monologue r'n'b de DATH pour la fin, bien que court, là aussi c'est plein de leçons musicales à redonner. Le télé-crochet soi-disant vecteur de talents a eu beau faire la sourde oreille, "Tiny Little Ice Cubes" vaut de l'or et marque sans doute l'intervention féminine auprès du SNOWCAT la plus mémorable depuis Irène Csordas (ex-NARCOTIC DAFFODILS) sur "How Many L Were in Your Name" en 2010. En comparaison, la version 'radio edit' proposée plus loin est moins marquante car plus sectionnée, notamment dommageable pour l'intro et le final, ici en fondu plutôt rapide. Cela dit, comme pour tant d'autres singles, elle ne fait qu'accompagner.

Et, fidèle à son habitude, travaillant bien son format de single à qui il veut donner autre chose que l'identité 'face A' des plus basiques, après celle-ci (qui n'est donc pas bassement basique), Gilles SNOWCAT concentre tout le plus gros de l'intérêt sur la vraie face B, à savoir "Welcome/Faith". Il s'agit d'une relecture d'EARTH WIND & FIRE avec un groupement de deux titres peu connus de ce groupe qui l'a beaucoup été : "Interlude Faith" et "Welcome" (album Heritage, 1990), composés par Billy B. Young, aidé de Maurice White et de Ralph Johnson. Un registre totalement différent, piano conducteur et voix solo simplement, avec quelques percussions tardives et synthétiseurs discrets en résonances. Le barman laisse son service à la chanteuse pour un moment et va tâter du clavier qui servait un peu trop de repose-pintes jusque-là, afin d'entonner cette ballade débordante de passion sensuelle, mieux chantée que maints efforts similaires par le passé. Mieux écrite/interprétée musicalement aussi avec d'étonnantes idées (dans le bon sens) dans les notes coulées et interrompues nettement, dans certaines progressions harmoniques, et joliment ornées par les synthés, cordes Mellotron comprises ajoutées en conclusion pendant que les bongos reviennent. Comme d'habitude, Gilles SNOWCAT s'exprime là où il se sent le plus confortable, quand il use d'un petit comité pour accompagnement et révèle ses identités diverses, pour la meilleure façon ici, juste histoire de faire durer un peu l'été, ses plaisirs simples, ses beaux couchers de soleil en galante compagnie.