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CHICKEN SHACK - Forty Blue Fingers, Freshly Packed And Ready To Serve (1968)
Par LE KINGBEE le 9 Janvier 2022          Consultée 1192 fois

Un historique sommaire figurant dans la chronique de "100 Ton Chicken", on ne reviendra pas sur le parcours de ce groupe anglais qui végétait depuis plus de deux ans avant de se faire remarquer au Festival de Windsor. En aout 68, lors du 8ème Jazz and Blues Festival, événement basé sur le champ de courses de Sunbury On Thames, une trentaine de fans montés sur un toit en tôle se retrouve aux urgences à l’hôpital d’Ashford pour cause de chutes impondérables, alors que la Baraque à Poules se produit sur scène. Rassurez-vous, il n’y a que des blessés légers. Les journaux rapportent que plus de 2000 habitants ont signé une pétition pour se plaindre du bruit occasionné par ces jeunes aux cheveux longs.

A part ça, tout va bien chez les Rosbeef : trois chalutiers viennent de sombrer au fond de l’eau, occasionnant le décès d’une cinquantaine de marins. Il faut que les épouses et filles des disparus montent au créneau pour que le gouvernement prenne des mesures. Globalement, le pays échappe aux événements de mai 68, même si la prestigieuse London School of Economics and Political Science, située au cœur de Londres, connaît quelques heurts avec le renvoi de délégués syndicaux étudiants. La guerre du Vietnam préoccupe davantage la jeunesse anglaise, alors qu’au même moment le député Enoch Powell frappe les esprits contre les vagues d’immigration et les relations raciales.
Pendant ce temps-là, la scène Blues bouillonne à fond à tel point que les BEATLES composent "Yer Blues", titre figurant sur le double-album blanc.

Alors que l’industrie phonographique anglaise vient de publier quelques disques dits de référence : Electric Ladyland (JIMI HENDRIX EXPERIENCE), Beggars Banquet (ROLLING STONES) ou Wheel of Fire de CREAM, albums qui feront parler d’eux durablement, CHICKEN SHACK enregistre son premier opus dans un registre nettement moins spectaculaire mais, pour autant, largement aussi sincère et authentique.

En 1968, le label Blue Horizon de Mike Vernon est sur le point de signer un accord de distribution avec CBS. Seul petit hic, hormis des 45-tours américains, que réédite l’entreprise, et quelques sessions de FLEETWOOD MAC et d’Eddie Boyd, le label n’a pas grand-chose à mettre sous la dent. Richard et Mike Vernon rappellent alors en studio le groupe dirigé par Stan Webb, déjà auteur de deux microsillons prometteurs.

Enregistré à Londres dans les studios de la CBS, Forty Blue Fingers, Freshly Packed And Ready To Serve se fait remarquer par son long titre, traduisible par 40 doigts bleus fraîchement emballés et prêts à servir, et par sa pochette dont la boîte de conserve lorgne sur certaines œuvres Pop Art d’Andy Warhol, contrastant nettement avec le visuel dorsal en noir et blanc tiré d’une photo de Robert Dowling *.

Le disque s’ouvre sur "The Letter", titre mineur de BB KING et modeste face b de "3 O’Clock Blues", en respectant les codes de l’original. Le jeu de guitare de Stan Webb transverse l’Illinois dans la Tamise. Epaulé par une sobre section rythmique, le guitariste étonne par un excellent jeu de guitare, tandis que le chant tombe dans les aigus.
Si le premier titre reprend BB KING, c’est bel et bien vers un brassage des jeux de guitare de Freddie KING et de Buddy GUY auquel nous convie Stan Webb. Preuve en est avec trois reprises du colosse texan : "Lonesome Whistle Blues" est distillé ici sans le moindre chœur mais épicé de cuivres, tandis que le jeu de guitare respecte scrupuleusement la version d’origine. Aussi étonnant que cela puisse paraître, pendant trente ans, Chicken Shack restera le seul repreneur du morceau. Une version bien plus sobre que la récente reprise bien bavarde de Joe BONAMASSA.
Instrumental emblématique du répertoire de Freddy KING ¤, "San-Ho-Zay" est lui aussi interprété dans une approche respectueuse. Seul changement par rapport à l’original, la ligne de basse se fait moins présente et moins ronde. Une version convaincante et sans chichi qui vaut les futurs essais de Debbie Davies ou Willie Mitchell.
Dernier clin d’œil au Texan avec "See See Baby" ; bien qu’épicé de cuivres, la guitare efface toutes les fragrances R&B de l’original.
Deux autres reprises agrémentent l’album : "King Of The World" º, un inusité de John Lee HOOKER interprété sous forme d’un excellent blues lent. Toutes les aspérités frustes et rugueuses de la version originale s’estompent au profit d’un groove imprimé par une rythmique efficace et une guitare souvent flamboyante de simplicité. Une version, selon nous, plus intéressante et moelleuse que celle de Cuby + Blizzard.
Dernière cover avec "First Time I Met The Blues", une proche variante d’un titre du pianiste Little Brother Montgomery popularisée au début des sixties par Buddy GUY. Là encore, Chicken Shack nous assène une pépite de Slow Blues, la corrélation entre la guitare, la rythmique et le piano flirtant avec la symbiose. Seul le timbre de voix tombant dans l’aigu risque de heurter certains auditeurs.

Quatre originaux complètent le recueil : l’instrumental "Webbed Feet", titre le plus court de l’album, s’annonce comme un shufle de remplissage et c’est la rythmique cette fois qui endosse le premier rôle.
Seconde compo de Webb avec "What You Did Last Night", un énième blues lent bien calibré, sans la moindre fausse note.
Christine PERFECT, future Madame McVie, apporte son obole avec deux originaux : une perle de Blues métronomique avec "When The Train Comes Back". Si FLEETWOOD MAC reprenait quelquefois le morceau sur scène, on conseille la version des Norvégiens de Nurk Twins. Dernier apport de la pianiste avec "You Ain’t No Good", un Blues lent qui se boit comme du petit lait.

Avec sa pochette qui met en appétit, Chicken Shack propose ici un premier album cohérent et crédible. Le répertoire, s’il met en avant le jeu de guitare du leader, propose une plongée dans un Chicago Blues revu et corrigé à la sauce anglaise. Contrairement à de nombreuses productions du même genre, ce disque produit sans surenchère va à l’essentiel. Contre toute attente, cette galette grimpe lors de sa sortie à la 12ème marche des classements anglais. Afin de casser une ambiance qui aurait pu paraître trop linéaire et monotone, Mike Vernon a la judicieuse idée d’incorporer une section cuivre à plusieurs pistes.
Ce disque qui allait lancer la carrière d’un groupe et d’un guitariste largement sous-estimé a été publié par Epic avec une pochette différente et a fait l'objet de plusieurs rééditions au format CD. En 2013, le label anglais Talking Elephant en proposait une version CD avec trois titres bonus.

Note réelle 3,5.


*Robert Dowling est aussi l’auteur de plusieurs pochettes de PINK FLOYD.
¤ Freddy King deviendra Freddie King après la sortie de l’album Let's Hide Away and Dance Away with Freddy King.
ºTitre homonyme à celui de Steely DAN.

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   LE KINGBEE

 
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- Stan Webb (guitare, chant)
- Andy Silvester (basse)
- Dave Bidwell (batterie)
- Christine Perfect (piano, orgue, chant)
- Dick Heckstall-smith (saxophone)
- Johnny Almond (saxophone 6)
- Alan Ellis (trompette)


1. The Letter
2. Lonesome Whistle Blues
3. When The Train Comes Back
4. San-ho-zay
5. King Of The World
6. See See Baby
7. First Time I Met The Blues
8. Webbed Feet
9. You Ain't No Good
10. What You Did Last Night



             



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