En vrac, COSMIC PSYCHOS, BIRTHDAY PARTY, HARD ONS, CELIBATE RIFLES, SCIENTISTS, EXPLODING WHITE MICE... Tout ce rock 'high energy' des eighties bat son plein en Australie durant les années 80, où certains pensaient que le punk 'préfabriqué' d’un MIDNIGHT OIL ou le rock 'racoleur' d’un INXS n'illustraient que la scène australienne. Tous ces combos underground, loin des jérémiades 'mainstream' des deux groupes cités, se réclament ouvertement de RADIO BIRDMAN qui a allumé la mèche dès 1974, empruntant aux STOOGES, aux 'garage bands sixties' comme 13TH FLOOR ELEVATORS (que les membres de la 'radio de l’homme oiseau' ont repris magistralement), et au MC5.
Mais, je ne le répéterai jamais assez : beaucoup de rock critiques underground ou des fanatiques du 'garage rock' oublient un peu trop vite les influences indéniables qu’ont eues aussi les DOORS ou BLUE OYSTER CULT (deux formations séminales qui échappent souvent au logiciel, j’ai remarqué, de mes amis 'garagistes') sur ce sauvage sextet des antipodes.

Ce second disque (un pressage australien de 95 en ce qui me concerne, offert par une amie de retour d’Australie) s’avère à la réécoute encore une fois de haute volée. "Do The Movin' Change" est en effet très influencé par la bande du 'roi lézard' ainsi que "Breaks My Heart". La voix de Rob Younger évoque indéniablement une sorte de JIM MORRISSON ultra-punk. "Smith And Wesson Blues" sonne aussi comme du DOORS speedé. Sans parler d’un "Alone In The Endzone" avec son orgue que l’on jurerait joué par RAY MANZARETH, et son refrain faramineux.
"Time To Fall" montre par contre la référence au 'culte de l’huître bleue' ainsi que la plupart des parties de guitare entendues ici et là, sans peut-être atteindre la dextérité d’un Buck Dharma (l’une des idoles de ce cher Erwin) lui-même marqué à jamais par JEFF BECK.
Sinon, on trouve bien d’autres portées auditives dans ce 'skeud'. "Tpbr Combo" sonne comme un croisement du MC5 de "Back in the USA" et du rock'n'roll 'fifties'. L’ombre du sauvage groupe de Détroit se retrouve de même sur "Burn My Eyes’78’" avec son refrain mémorable.
"Iskender Time" s’avère plus punk dans sa construction. "Alien Skies" est un démentiel instrumental psychédélique et oriental . "Crying Sun" avec son orgue sixties, ses chœurs pas loin des LORDS OF THE NEW CHURCH et, encore une fois, sa fantastique rengaine, est à mettre au-dessus du panier.
Mais le brulôt qui retient le plus notre attention est certainement "455 Sd". Une bombe plutôt speed quasi garage/ métal du plus bel effet. Un must absolu préfigurant les sonorités 'grunge' à venir.
Par rapport au fait que RADIO BIRDMAN soit visionnaire malgré un enrobage paradoxalement 'rétro', "More Fun" annonce les HARD-ONS, le côté hardcore en moins. D’ailleurs, Rob produira une de leurs oeuvres ultérieurement. Et on parie que les compatriotes de DIED PRETTY ont dû écouter plus de cent fois le très bon "Hanging On".

"Livin Eyes" est sorti en 1981, trois ans après le premier split de RADIO BIRDMAN, mais a été enregistré au Pays de Galles en 1978, dans un Royaume-Uni ravagé par le typhon punk. Cependant, on l’a déjà écrit, nos Australiens aux cheveux longs ont été mal accueillis par les 'keupons rosbifs', habitués aux crachats punk de rigueur (en gros les deux accords à la RAMONES) et peu sensibles aux subtilités illustrant la maxime 'faire du neuf avec du vieux' de nos amis du continent austral.
La suite de RADIO BIRDMAN ? Des tensions ont lieu entre les principaux protagonistes de cette belle aventure, accentuées par les éternels problèmes d’ego et les sempiternelles divergences musicales. Mais l’histoire continue, tant bien que mal, lorsque Denis Tek, Rob Younger et Warwick Gilbert puis Chris Masuak s’associent avec leurs héros, Ron Asheton, le guitariste fou des STOOGES qui a aussi joué avec la belle NIAGARA au sein des 'arty garage' DESTROY ALL MONSTERS et Dennis Thompson, le batteur du MC5. Tout ce beau monde hors-normes va former une sorte de supergroupe 'destroy' dénommé NEW RACE et donnera plusieurs concerts immortalisés sur disque, perpétuant la geste 'proto punk' qu’il a largement créée. Il y aura ensuite les excellents NEW CHRISTS, à l’ambiance nettement plus stoogienne, avec Rob au chant.
L’œuvre de RADIO BIRDMAN est certes référencée mais d’une classe folle. Cette synthèse éblouissante de 'heavy garage', d’envolées psychédéliques et d’agressivité punk qui, je le redis définitivemnt, pouvait paraitre 'à l’ancienne' en 78, préfigure les vagues 'grunge' et 'stoner' à la MUDHONEY.