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2021 Mainframe

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WAVESHAPER - Mainframe (2021)
Par CHIPSTOUILLE le 24 Février 2022          Consultée 713 fois

Encore un 3/5 en Synthwave, certains pourraient se plaindre. Vous n’imaginez pas le nombre de trucs sans saveur qu’il me faut cumuler pour vous dégoter un bon petit WAVESHAPER comme celui-là. Combien d'E.P foireux comme le dernier de VECTOR HOLD ? Combien de clones à la con de PERTURBATOR ai-je du me taper ? Combien de OCCAMS LASER m’ont fait espérer le temps d’une piste pour finalement me faire lâcher prise ? J’ai surtout passé des heures à écouter des mix improbables sur Youtube en espérant trouver un tube au milieu qui me fasse lever le sourcil. Cette méthode, j'ai fini par l'abandonner, elle ne porte aucun fruit. Sur BandCamp, il y a un type qui se surnomme palehorse666. Il possède 1302 albums dans sa collection, majoritairement de la Synthwave. Il a rédigé un commentaire pour la plupart d'entre eux, et à chaque fois – achat oblige je présume – celui-ci est positif. Je ne comprends pas comment on peut aimer la Synthwave à ce point-là. Je vous l’annonce d’emblée, je vais m’épuiser avant d’arriver à 1302 albums, c’est une garantie.

Le problème avec les types comme palehorse666 et les sites comme NewRetroWave qui nous placent ce Mainframe en 6ème position de leur top 10 2021, au milieu des groupes fadasses qu’ils produisent eux-mêmes, c’est qu’à la fin on n’arrive plus à faire le tri. On ne sait plus dire qui est vraiment bon et qui ne l’est pas. Je sais qu’il y a des gens talentueux qui doivent se planquer au milieu des Jean-Michel Compositeurs-du-dimanche. WAVESHAPER fait a priori partie de ceux-là, et m'encourage donc à persévérer dans mes recherches. Les ingrédients de la Synthwave sont bons, reste à trouver les bons cuisiniers. Mais avec la Synthwave (enfin plus généralement l’électro, soyons francs), j’ai parfois l’impression de devoir me taper tous les restos chinois bas de gamme du XIIIème arrondissement de Paris avant de tomber sur le bon.

WAVESHAPER c’est donc bien, c’est même parfois mieux que bien. Si cette chronique doit servir à quelque chose, c’est à vous faire découvrir "The Engineer", tube électro se trouvant sur l’album Exploration 84 (2015). Tout suédois qu’il est, Tom Andersson est un des rares artistes à parfois toucher du doigt cette fameuse 'french touch' indéfinissable. Mainframe n’atteint jamais tout à fait ce niveau-là, certes. Mais comme depuis Exploration 84, le niveau des albums n’a fait que baisser jusqu’à l’éprouvant Lost Shapes, ici on respire enfin. Dans le petit monde surproductif et underground de la Synthwave, ça tient presque du miracle de tomber sur un Mainframe réussi, et qui parvient à sortir la tête du sable comme ça. WAVESHAPER semble donc en avoir terminé avec sa traversée du désert. Espérons que cette bonne dynamique perdure.

Mainframe est coloré, comme la majorité des albums de Synthwave, mais pour une fois le contenu est raccord avec la qualité de la pochette. Il a donc ce côté exploration spatiale animée dans le son. Rien de très obscur provenant des tréfonds des années 80, comme Albator ou Cobra. Bien que la Synthwave passe son temps à regarder dans le rétroviseur, ici on a dépassé cela depuis longtemps. Mainframe assume également les années 2000 (les vraies) et même un peu de son époque. Cherchez plutôt les couleurs d’un Space Dandy dans les claviers. S’il y a bien du Leiji Matsumoto ici, on en revient à celui de Interstella 5555. Pour les adeptes de la 'french touch', rendez-vous sur "The Hive", qui a donc très clairement révisé le Discovery de DAFT PUNK (bande-son du précité Interstella 5555, rappelons-le) avant de voir le jour.

Mais l’impression que me laisse parfois Mainframe avec ses nappes, son arpégiateur et son rythme posé, c’est celle de l'exploration spatiale d'un jeu-vidéo. Pas celle d’un Mass Effect, cherchez plutôt du côté du Japon et de son espace déluré version Phantasy Star Online. Voyez le titre de "Save Room", pour le clin d’œil confirmé à la sphère vidéo-ludique (1). Toute salle rassurante qu’elle est, elle a quelque chose de claustrophobique. En fait de salle de sauvegarde, on a plutôt l’impression d’être coincé dans un tutoriel. On en prend plein la poire, on vient d’acheter le jeu et on veut partir à l’aventure, mais une restriction nous est cependant imposée. A l’image d’un Final Fantasy XIII, et bien des jeux de l'ère Dreamcast/Playstation 2/Game Cube, l'album se traverse comme un grand couloir. Les notes ésotériques et colorées sont magnifiques, mais nous sont exposées derrière un rythme redondant et une certaine artificialité. C'est à l'image du mur invisible et infranchissable qui sépare le lieu dans lequel se déplace notre avatar et le monde qu'il est sensé pouvoir explorer. On ne profite donc du voyage qu’au travers d’une couche de plexiglass. Voyons-nous ces planètes derrière les hublots trop étroits de notre vaisseau ? Sommes-nous contraints de garder nos casques dans ces forêts extra-terrestres aux feuilles géantes, roses et bleutées ? Il y a dans Mainframe, malgré cette matière organique dans les claviers, quelque chose d’artificiel qui nous empêche de pleinement en profiter.

Ce sont les ficelles un peu trop apparentes dans la musique de WAVESHAPER que l’on regrette ici. Il y a ce rythme constant, abusif pourrait-on dire, pour commencer. A croire que WAVESHAPER persiste à vouloir singer le "Nightcall" de KAVINSKY depuis ses débuts. Les albums intermédiaires nous ont démontré que ce n’était pas le cas. Dès qu’il a cependant cherché à varier le rythme, WAVESHAPER s’est égaré et s’est perdu.

Alors en toute logique, Mainframe est revenu aux ingrédients essentiels, à commencer par son rythme quasi constant, sans toutefois faire demi-tour. On repère de même trop facilement quelques 'trucs' utilisés dans l’ensemble de la discographie de WAVESHAPER (ne devrait-on pas plutôt parler de 'digitalographie' aujourd’hui ?). Les mélodies peuvent être superbes, mais nous sont parfois simplement rabâchées. Avec Mainframe, je parviens bien à décoller. Mais parfois, au milieu du voyage, je vois un geek dans son bureau à Stockholm, avec un synthétiseur branché sur son PC et un Protool d’ouvert, en train d’user et d’abuser des facilités que procurent les outils musicaux d’aujourd’hui. Bien moins que chez d’autres certes, mais tout de même trop.

Mainframe est un bon album, bien fait, joliment réalisé. Certains l’acclament comme l’un des meilleurs de sa catégorie. Ce qu’il est indubitablement, compte tenu du faible niveau apparent de la concurrence. Sans doute suis-je trop enclin à faire de l’analyse ici, plutôt que de me laisser simplement transporter. Mais comme dans une visite de musée nous exposant une abondance de tessons de poterie dans les vitrines, je reste un peu sur ma faim. La poterie c’est plus joli quand c’est intact, et ça s’apprécie également au toucher. La musique aussi, c’est supposé toucher, un peu plus que ça. Si la 'french touch' a quelque chose d’indéfinissable et qu’elle est si appréciée de par le monde, c’est que ce n’est pas qu’une question d’ingrédients et de style, à mon avis.

(1) WAVESHAPER a, comme CARPENTER BRUT et LORN, fait partie des artistes qui figurent sur la bande-son du jeu-vidéo Furi. Vu la brochette de musiciens talentueux qui y figurent, je vais sans doute finir par craquer pour le jeu, malgré ses critiques mitigées. A noter que le Tom Andersson de WAVESHAPER ne semble pas être le Thomas Andersson, directeur créatif, de chez DICE (Battlefield, Mirror's Edge...). C'est comme pour les Paul Anderson dans le cinéma, il y a des homonymes, et il ne faut surtout pas les confondre !

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Tom Andersson


1. The Phantom Machine
2. Friends Again
3. Signals In The Night
4. Save Room
5. Lost In The Cloud
6. The Hive
7. Artificial Promises
8. A Sense Of Something



             



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