AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La synthwave s’alimentant copieusement sur les BO synthétiques des films de science-fiction des années 1980, il était normal qu’elle finisse par accoucher de ses propres films. Je ne vous parle ici ni de Drive, de Stranger Things, ou de Kung Fury qui mettent de la synthwave dans leur BO. Non, je vous parle de films poussés par les compositeurs eux-mêmes. Après le Blood Machines made in CARPENTER BRUT en 2020, WAVESHAPER nous propose The Phantom Machine, un autre film émergeant de la scène synthwave et ayant vu le jour en 2021.

Fatalement, l’aura de WAVESHAPER n’étant pas celle de CARPENTER BRUT, "The Phantom Machine" sent plus encore la contrainte budgétaire. L’habitat futuriste est fait dans le même parpaing superbement aligné que celui de mon sous-sol. Les habitants de ce monde post-apocalyptique ont profité des bienfaits du Biactol. Le smartphone fixé au chatterton sur l’avant-bras de notre héros ne fait pas plus illusion que les guirlandes de noël plantées dans le décor à l’improviste. Enfin, le robot faisant office de menace constante dans ce métrage, a définitivement quelque chose de mou derrière sa carlingue en métal. Bref, question production, nonobstant l’usage immodéré d’After Effect pour tous les effets de lumière, The Phantom Machine ne nous emmène pas très loin. A côté de ce que le duo Seth Ikerman a été capable de produire pour le compte de CARPENTER BRUT, The Phantom Machine ne provoque aucun regret.

Petite réussite cependant, volontaire ça je ne saurais dire, la voix du protagoniste principal ressemble étrangement à celle de David Hayter, doubleur de Solid Snake, héros de la saga Metal Gear Solid, lui-même inspiré de Snake Plisken, celui de New York 1997 et Los Angeles 2013 de vous-savez-qui.

Mais la production cheap n’a jamais empêché la science-fiction d’arriver à faire de la qualité (quelques épisodes de la série originale de Star Trek, par exemple). Sauf que WAVESHAPER n’a rien à raconter. Donc c’est du cosplay, tout ce beau monde se met sur la figure, pouvoirs à l’appui, comme dans un match d’Overwatch. Ce qui n’a donc aucun intérêt. Si seulement quelqu’un pouvait avoir l’idée d’adapter Dans les murs d’Eryx de Lovecraft…

Mais ce n’est pas bien grave, puisque nous sommes ici pour parler musique. La BO de The Phantom Machine ne commet pas l’erreur fatale de celle de Blood Machines. Ce bourre-pif futuristico-fantaisiste tient plus du long clip que du métrage d’ailleurs, ce qui permet à la musique de se tailler la part du lion. Malheureusement, celle-ci s’articule autour du titre introductif de l’album Mainframe, que nous connaissons déjà par ailleurs.

En guise de « DLC », nous avons donc une introduction avec discours de circonstance sans grand intérêt musical (quelques notes en fond, rien de folichon). L’outro "Reconnected" est un peu plus réussie, bien qu’elle se contente de nouveau de nappes qui ne mènent au final pas bien loin. Un décorum qui allonge inutilement l’ensemble.

C’est donc la version film edit du titre The Phantom Machine qui présente un réel intérêt. En fait de version alternative, nous avons en réalité 2 parties distinctes. La première n’est autre que le titre original « boosté » en saturations. Celui-ci fait désormais office de rampe de lancement pour la seconde partie, plus énergique, faite d’arpèges survitaminés saupoudrés de claviers à la "The Final Countdown" d’EUROPE. Ça fait un peu pouet pouet, mais il s’agit du seul véritable intérêt de cette BO. La fin refait référence au titre d’origine après un gros ralentit qui tâche. On va dire que ça passe...

En définitive, cette BO tient plus de l’EP bancal qu’autre chose. Au moins, apprécions le fait qu’elle aille à l’essentiel et ne souffre pas des tares usuelles d’une BO. Si le titre éponyme n’avait pas déjà introduit Mainframe, nous aurions sûrement été un peu plus généreux avec la notation. Malheureusement, WAVESHAPER n’est pas avare en singles par ailleurs, qui eux possèdent souvent l’avantage d’être exclusifs, et ne réclament pas de débroussaillage préalable avant de dévoiler leurs qualités. Si vous avez apprécié Mainframe, vous trouverez là un bonus de taille. Dans le cas contraire, allez directement à la case Exploration 84 et ne touchez pas 20 000 F.