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Billy BRANCH - Romancing The Bluestone (1985)
Par LE KINGBEE le 2 Mars 2022          Consultée 957 fois

En préambule, signalons que les albums de THE SONS OF BLUES sont classés dans la discographie de Billy BRANCH pour une meilleure cohérence et une plus grande visibilité, l’harmoniciste étant l’un des principaux fondateurs du groupe. D’ailleurs quelque soit le concept de ses tournées, l’orchestre qui l’accompagne porte le nom de Sons Of Blues, raison pour laquelle le site regroupe les deux entités sur la même étagère.

Formé au milieu des années 70, The Sons Of Blues a vu ses premiers fondateurs (Lurrie et Carrey Bell, Freddie Dixon) partir aussi vite qu’ils étaient arrivés. En fait Billy BRANCH est devenu la figure tutélaire de cette formation à géométrie interchangeable. Nous sommes maintenant en 1985, BRANCH n’avait enregistré qu’une poignée d’albums se comptant sur les doigts d’une main, une discographie riche à laquelle il convient d’ajouter des titres figurant dans trois compilations dont celles dédiées à l’American Folk Blues Festival 1982. Concrètement il fallait se lever de bonne heure en 1984 pour dénicher "Where’s My Money ?" *, album publié par Red Beans, micro label du pianiste Erwin Helfer.

Au risque de se répéter, les labels français Blue Phoenix et Black & Blue ont souvent su mettre à leur profit les enregistrements de bluesmen américains de passage en France. Simplement déposés en studio, échappant aux délires mégalos de producteurs ou de directeurs artistique à la mord moi le nœud, sans la moindre contrainte, ni donneurs d’ordres excessifs, ces nombreux artistes ont souvent gravés sur le sol français quelques-unes de leurs plus belles pièces. Ne voyez là aucun chauvinisme de ma part, même si cela reste bien évidement subjectif.

De passage sur le territoire, Billy BRANCH est convié à une session d’enregistrement au Sysmo Studio, à deux pas de la Butte Montmartre, sous l’œil attentif de Dominique Samarcq. Profitant de la venue à Paris de Buster BENTON, une seconde session est programmée au lendemain le 24 mai. Si l’on examine la pochette issue d’une photo d’Alain Schuster, on s’aperçoit que le panneau bleu fait référence à une interdiction bureaucratique, Billy et ses trois équipiers sont devant l’aéroport d’Orly. Cette photo pourrait résumer à elle seule l’état d’esprit d’un groupe composé de gens heureux.

S’il n’est pas un grand chanteur, Branch ne s’illustre guère dans le domaine de l’écriture, ses domaines de prédilections sont l’harmonica et la capacité à gérer un petit orchestre. Par rapport au précédent disque, "Romancing The Blue Stone" voit l’arrivée du guitariste Carlton Weathersby (un ancien protégé d’Albert KING) en lieu et place de Carlos Johnson, sans oublier l’apport du regretté François Rilhac au piano. Branch peut toujours s’appuyer sur une section rythmique efficace avec le batteur Mose Rutues (fidèle coéquipier pendant 35 ans) et J.W. Williams (ex Buddy GUY, Junior WELLS, Phil Guy) un bassiste également doué en matière de composition. A eux deux, Williams et Branch sont les auteurs de cinq nouveaux titres. "You’ve Stayed Away Too Long" se dévoile comme un bon Chicago Blues à la frontière du Rockin’ Blues dans un style proche de Little WALTER et Walter Horton. S’il n’est pas un chanteur puissant, Billy BRANCH met ici assez d’enthousiasme pour noyer le poisson. Seconde compo de l’harmoniciste, "Baby Can I Make You Change Your Mind ?" se révèle plaisant et a l’avantage de ne pas s’éterniser. J.W. Williams se montre habile dans la construction de titres lents ; si "I Haven’t Been To Long" demeure agréable, il ne révolutionnera pas les annales. Par contre "The Band Ladies Have The Blues", un long slow Blues de plus de six minutes demeure envoutant, si la rythmique imprime un rythme de sénateur, Branch nous livre une solide prestation alternant harmonica diatonique et chromatique, tandis que Weathersby nous assène quelques beaux solos aériens tout en feeling. Troisième compo du bassiste, "In My Lonely Room" s’avère plus nerveux, le chant monte en gamme tandis que l’harmonica vient contraster avec le groove de la rythmique tandis que la guitare sans démonstration excessive semble toucher la cible à chaque tir.

Quatre covers viennent agrémenter le tableau. En ouverture l’humoristique "I’m Going Fishing Baby", un inusité de David Dee, nous entraine pendant huit minutes dans le West Side, un titre qui pourrait s’inscrire dans un album de Lowell Fulson ou Magic SAM. Le combo s’attaque à "As The Years Go Passing By", accrédité à Deadric Malone (alias Don ROBEY) mais œuvre probable de Peppermint Harris. Si Albert KING a popularisé la chanson via une version dantesque dans l’album mythique "Born Under The Bad Sign", Billy BRANCH et ses compagnons tirent leur épingle du jeu. La rythmique avec une basse terriblement ensorceleuse, une guitare flamboyante, les volutes de piano parfument le fumet concocté par l’harmonica. Tout simplement l’une des meilleures versions avec celles de Mighty Joe Young et Willie Kent. Autre passage savoureux avec l’intemporel "Rock Me Baby", standard dont s’est accaparé BB KING en 1961. Si le Blues a engendré bon nombre de pompages plus ou moins déguisés, on doit la première forme de cette chanson à Big Bill BRONZY avec "Rocking Chair Blues". Arthur "Big Boy" CRUDUP la transformera avec l’éclatant "Rock Me Mama". Après-guerre, Lil’Son Jackson voguera vers le succès avec "Rockin’ And Rollin’" avant que Muddy WATERS s’en attribue la paternité en 1951 avec "All Night Long", titre rebaptisé cinq ans plus tard "Rock Me" par le même grigou. Au fil des ans, les variantes du hit de BB KING allaient se succéder à vitesse grand V. Slim HARPO, Whispering Smith, Hound Dog Taylor, Louis Myers, Johnny WINTER ou Tina TURNER en délivreront des versions excellentes avec de différents ingrédients. Le titre sera même repris en Zydeco par Beau JOCQUE et Chubby CARRIER. Tout cela pour dire que Branch et ses compagnons distillent une orchestration groovy à souhait, une version qui nous semble plus sincère que les multiples duos interprétés par BB KING avec certaines vedettes de la Pop Rock. Concluons ces lignes avec "In The Ghetto" **, une compo de Buster BENTON au groove monstrueux dans laquelle l’harmonica ouvre d’énormes brèches superbement secondée par une rythmique obsédante et un chant capable de mettre en transe le premier malentendant venu. Cet excellent disque de Chicago Blues sera réédité par Black And Blue en format CD avec un titre bonus.



*L’album sera réédité sous format CD en 1995 par le label Evidence.
**Titre homonyme à celui de Mac Davis chanté par Elvis Presley.

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- Billy Branch (harmonica, chant 2-5)
- Carlton Weathersby (guitare, chant 7)
- Buster Benton (guitare 9, chant 9)
- J.w. Williams (basse, chant 1-3-4-6)
- Mose Rutues (batterie, chant 8)
- François Rilhac (piano)


1. I'm Going Fishing Baby
2. You've Stayed Away Too Long
3. The Band Ladies Have The Blues
4. In My Lonely Room
5. Baby Can I Make You Change Your Mind?
6. As The Years Go Passing By
7. I Haven't Been Too Long
8. Rock Me Baby
9. In The Ghetto



             



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