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TWENTY ONE PILOTS - Scaled And Icy (2021)
Par CHIPSTOUILLE le 24 Avril 2022          Consultée 819 fois

Je n’aime pas le rap

Combien de fois ai-je répété cette phrase-là ? Combien de fois l’ai-je entendue dans la bouche de mes proches (ou toute déclinaison moins polie) ? Depuis la déconfiture ressentie à la découverte de l’Ecole du micro d’argent (1) de IAM, j’étais persuadé de ce fait. Nul genre musical n’a autant divisé que le hip-hop ces dernières années (précisons que le terme 'rap' ne qualifie que la façon bien particulière de 'chanter'). Certains ne jurent que par lui, d’autres considèrent à peine qu’il s’agit de musique. J’étais donc installé dans le fauteuil de la seconde catégorie, malgré quelques incursions en territoire Big Beat qui se trouvaient à la lisière du genre. J’ai pourtant bien tenté quelques trucs ci et là. Parmi les groupes de hip-hop qui avaient trouvé le plus grâce à mes oreilles, on trouve OUTKAST, le 113 (léléla), les BLACK EYED PEAS ou CHILDISH GAMBINO. Mais comme dirait le père de Donald Glover, j’ai toujours eu l’impression d’être trop vieux pour ces conneries, même quand j’avais 14 ans. La solution était pourtant simple pour me faire adhérer au truc, il suffisait de moins tourner en rond et d’y ajouter un peu plus de mélodies.

Voilà donc bien 6 ans que j’écoute du TWENTY ONE PILOTS, qui est donc enfin parvenu à mettre de l’eau mélodique dans cette piquette rythmique, et ce avec un plaisir non feint. A l’heure du bilan, j’ai même dû me rendre à l’évidence : Blurryface, 4ème album du groupe, s’est fait une place hautement méritée dans mon top 10 de la décennie 2010. 6 ans donc, et je ne sais par quel bout aborder la chose sur Forces Parallèles. J’ai espéré durant tout ce temps qu’un petit jeune vienne nous rejoindre pour parler de cette coqueluche de la génération Z. Qu’est ce qui a pu faire changer d’avis le métalleux fan de musique classique et d’électro que j’étais ? Surtout à 35 berges passées ?

Soyons clairs cependant, TWENTY ONE PILOTS ne fait pas du hip-hop. Pas vraiment, et encore moins sur ce dernier cru. Pop, rock, émo, screamo, funk, hip-hop, reggae, country, électro, balade à l’ukulele : tout se mélange et TWENTY ONE PILOTS rejette la moindre étiquette depuis ses débuts. Parcourir leur discographie a d’ailleurs quelque chose de déroutant. Nous sommes clairement partis de MUSE sur le premier album. Qui a-t-on envie de citer depuis pour les décrire ? EMINEM bien sûr, entre autres artistes de la scène hip-hop que je serais bien incapable de vous identifier. Sur ce 6ème album, on trouvera plus de MIKA, toujours un peu de MUSE, de fait QUEEN et Elton JOHN, de même qu’un peu plus de Britpop qu’auparavant. Impossible de vous sortir tout l’arbre généalogique tellement on brasse large ici.

Attendez… MUSE ? MIKA ? EMINEM ? Quel est le rapport ? Aucun, et pourtant tous sont là. C’est la grande force de TWENTY ONE PILOTS. Dans le genre, STUPEFLIP m’a également converti à la cause depuis, mais passe d’un hip-hop hardcore samplant de la musique classique à de la pop bubblegum à la SUPERBUS sans grand rapport, pour enfin terminer sa course dans les claviers ambiants de Laurent BOUTONNAT (Mylène FARMER). J’ai beau délirer sur leurs albums, les transitions me sont parfois difficiles. TWENTY ONE PILOTS tout au contraire, arrive bel et bien à fusionner tous ces genres, pouvant toutefois, parfois, donner la part belle à l’un ou l’autre en fonction des titres. L’ensemble se tient néanmoins parfaitement. Les mélodies, la voix, la production et la batterie servent de liant, et portent toujours plus fort que les différents genres auxquels le groupe fait plus qu’emprunter. Comme QUEEN et MUSE l’avaient fait à leurs apogées respectives, finalement.

A piocher dans autant de références évidentes, j’imagine qu’ils cumulent les détracteurs. J’ai cité MUSE et QUEEN, je pourrais tout autant vous parler de CRADLE OF FILTH, DREAM THEATER ou RHAPSODY pour étayer cet argument. TWENTY ONE PILOTS fait partie de ces groupes "passerelle" aux influences évidentes, que les intégristes des genres auxquels ils empruntent auront vite fait de dénigrer. Leurs influences sont trop prononcées et trop connues. Le procès d’intention est toujours le même, et je ne l’ai jamais bien compris. Bien des noms reconnus ont, on le sait, pompé sans vergogne sur des artistes qui l’étaient beaucoup moins. METALLICA chez DIAMOND HEAD, NIRVANA chez KILLING JOKE, BACH chez BUXTEHUDE… On ne compte plus les emprunts chez DAFT PUNK. Que l’influence soit connue ou non, cela n’empêche pas ces artistes d’être bons. Bien au contraire. Peu importe donc si TWENTY ONE PILOTS gagne des NRJ Music Awards ou prend régulièrement des premières places dans les charts. Il y a vraiment là un groupe de qualité à découvrir.

Quid de ce 6ème album, maintenant qu’on a abordé les contours indéfinis du groupe ? Il est beaucoup plus pop que les deux précédents. On serait même tenté de parler de variété. TWENTY ONE PILOTS ne fait pourtant pas qu’emprunter quelques caractéristiques des genres qui colorent sa musique. Scaled and Icy est plus « commercial » serait-on tenté de dire ? J’ai toujours abhorré cet adjectif, tellement il ne veut rien dire sur le plan musical. Disons que l’album est surtout plus facile à appréhender pour les plus réfractaires au hip-hop. Il demande néanmoins toujours un minimum d’ouverture d’esprit pour être complètement apprécié.

Mais il n’y a qu’à écouter "Shy Away", single de cet album, pour se convaincre de lui donner une chance. C’est enlevé, super mélodique, ça groove, même si c’est un peu passe-partout. "Shy Away" est un de ces earworms que le groupe sait pondre au kilomètre, et qui fait l’effet d’une bombe à retardement. Certains allergiques à l’émo pourraient craindre ici de retomber sur certains travers du style chez Tyler Darden. Matthew Bellamy et Gerard Way (MY CHEMICAL ROMANCE) ne font pas l’unanimité, on le sait. Mais depuis ses débuts, le chanteur a réellement trouvé une façon bien à lui de poser sa voix, parfois à fleur de peau, sans jamais tomber dans le maniérisme trop appuyé de ses principaux influenceurs. Mieux, il passe d’un registre à l’autre avec une façon déconcertante. Voyez "The Outside" pour l’exercice de style, qui nous fait autant profiter des qualités du flow propre au hip-hop qu’à celle d’un refrain catchy pop et bien sucré.

Malheureusement, des titres comme "The Outside" qui parviennent à combiner les qualités du hip-hop et de la pop, comme nous en avions eu tant sur les précédentes livrées, Scaled and Icy en manque un peu. On trouve "Choker", bien sûr, autre pépite de cet album enjolivant une fois de plus sa première moitié. Mais si les mélodies sont toujours prenantes, comme sur la superbe "Mulberry Street", on se demande ce que TWENTY ONE PILOTS apporte réellement à la scène musicale ici, notamment sur la deuxième partie de l'album. Le groupe continue de brasser les genres, mais tangue un peu trop depuis Blurryface, qui était parvenu à trouver le juste milieu idéal avec son "hip-pop" mélodique. Trench m’avait semblé trop hip-hop à sa sortie, chose qui s’avère moins évidente avec les années et les écoutes approfondies. Scaled and Icy me donne l’impression exactement inverse, et de manquer de hip-hop en définitive. Seule la fin de l’album revient plus nettement dans ces territoires, de façon péremptoire à la manière de STUPEFLIP, sans renouer avec le dosage si subtil et homogène de Blurryface. Le virage de fin un peu trop serré pourra donc troubler les plus réfractaires au hip-hop. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit dans l'ensemble d’une porte d’entrée idéale à emprunter pour les plus récalcitrants.

C’est arrivé à cette conclusion que je reste troublé. En quelques années, TWENTY ONE PILOTS est parvenu à me faire réclamer plus de hip-hop dans leurs albums. Pour quelqu’un qui était quasi allergique au genre avant de les avoir découverts, j’en reste abasourdi. Chapeau les artistes ? Vivement le prochain album, dans tous les cas.

(1) Si tu mets des respirations de Darth Vader dans ton disque, j’écoute, c’est la règle, c’est comme ça.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Tyler Joseph (guitare, chant, etc.)
- Josh Dun (batterie, percussions)


1. Good Day
2. Choker
3. Shy Away
4. The Outside
5. Saturday
6. Never Take It
7. Mulberry Street
8. Formidable
9. Bounce Man
10. No Chances
11. Redecorate



             



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