Pour son deuxième effort discographique, le groupe MERMAID KISS a choisi de réunir une poignée de chansons pour un EP. A la base trio, il est de nouveau trio, ayant perdu un membre pour en récupérer un autre. La chanteuse Evelyn Downing a préféré se retirer le temps d'obtenir son diplôme de Musique Populaire et d'Enregistrement, et le groupe accueille Nigel Hooton en tant que lead guitariste.

MERMAID KISS, avec un nom aussi débordant de poésie féminine, serait donc devenu entièrement masculin ? Pas exactement. En fait, Salt on Skin est l'occasion d'entendre trois voix assez différentes, celles des trois chanteuses qui ont alors figuré au sein du groupe depuis ses débuts. Pour des raisons scolaires (les "A levels", équivalent du bac, ou autre diplôme), aucune n'est comptée comme membre officiel. La voix d'Evelyn Downing, plutôt plaintive, on la connait déjà grâce au premier album, et outre quelques choeurs, elle s'est réservée en termes de chant lead "Volcano" et "Hollow". La plus présente sur Salt on Skin est celle de Kate Emerson, la plus grave et profonde, pour les chansons "The Blushing Bride", "A Hard Row" et "I Go to Sleep". On termine avec, pour "Walk Away" et "Human Zoo", Kate Belcher, à la voix délicieusement douce, fragile et veloutée, ma préférée incontestablement.

Le fait de rencontrer trois voix différentes peut facilement dérouter, mais il ne s'agit que d'un EP, avec sept chansons dont une qui n'atteint même pas les deux minutes, donc rassurez-vous (ou non). De plus, les chansons sont aussi dissemblables que les voix. Un disque court, mais un disque de MERMAID KISS, ce qui rime avec délisse, grandes qualités. On commence avec "The Blushing Bride", une chanson pop-rock au refrain particulièrement charmeur. Pour renforcer le côté rougeoyant, Paul Davies de l'ex-groupe Karnataka (à présent dans Panic Room) vient amener un peu de sa puissante guitare. "Walk Away" lui est parfaitement opposée, plus calme, avec un fort caractère jazzy mais traité version trip-hop. Chanson très agréable où les synthés-trompette soutiennent joliment la voix divine de Kate Belcher. "Hollow" arrive ensuite avec une introduction sombre, pour continuer sur une chanson où le piano et les claviers dominent, doté d'un peu d'inspiration nocturne.

"Human Zoo" se fait très proche de "The Blushing Bride" pour le genre pop-rock, mais elle est aussi plus incisive. C'est un vrai plaisir que d'entendre Kate Belcher dans cet autre registre, ainsi que la guitare de Nigel Hooton qui se lache complètement. La flûte d'Evelyn Downing illustre superbement la rêverie que nous offre "A Hard Row", avec ses percussions bien placées ainsi que ses claviers toujours forts et ambiancés. "Volcano" nous propose une Evelyn Downing perdue dans un monde sombre et bouillonnant (NON, je ne pense pas au "Dance on a Volcano" de Genesis), dominé par les claviers encore une fois. Les séquences sont bien choisies et les guitares envoient la sauce qu'il faut par rapport à l'atmosphère recherchée. Enfin, "I Go to Sleep" vient clôturer le tout telle une splendide berceuse, portée par une rythmique très fine et des claviers comme on les aime. Le final me fait un peu penser au "Secret Garden" de Bruce Springsteen, ce qui n'est pas un maigre compliment...

Un mini-album vraiment très beau, qui permet de savourer divers timbres de voix féminines dans divers types de chansons. Bien que créditées comme membres additionnels, les filles arrivent à laisser une forte empreinte sur chaque chanson, ce dont on ne se plaindra pas.