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LORN - Ask The Dust (2012)
Par CHIPSTOUILLE le 8 Février 2022          Consultée 733 fois

Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu redeviendras poussière.

Il s’agit d’un passage de la Bible, de la genèse plus précisément, après la chute d’Adam. Mark Zuckerberg aura beau investir tout son pognon (le nôtre, en fait) dans la cryogénisation (1), nous y sommes tous condamnés. Ask the Dust, second album de LORN, nous y renvoie de même. Son titre provient plus précisément du roman semi-autobiographique et éponyme de John Fante. L’album et le livre n’ont cependant qu’un rapport très diffus, Marcos Ortega ayant précisé l'avoir repris parce qu’il sonnait bien. Nous n’avons pas de précision sur le fait qu’il ait un jour lu le bouquin.

Mais les deux renvoient bien à la vacuité de l’existence et à l’inutilité de nos vies. Si Nothing Else avait été conçu comme une fin (2), Ask the Dust pourrait être perçu comme un bilan. Son portrait, légèrement jauni par le temps (3), est un album de photos souvenirs, une vie brisée que l’on a tenté de reconstituer par la musique. On vous renvoie aux chroniques des clips de Diamond (4), Weigh me Down et Ghosst(s), pour de plus amples explications à propos de la vie de l’artiste. L’album est à l’évidence l’aboutissement musical d’une introspection de son auteur. Ask the Dust est une crise existentielle mise en musique.

Depuis Nothing Else, l’artiste conserve son rythme prévalent : percussions complexes et sons graves, saturés et abrasifs restent les vedettes de ce deuxième essai transformé, et réussi. Son abstract hip-hop traîne un peu plus des pieds, ce qui se conjugue parfaitement à sa mélancolie omniprésente. Exception faite de "Weigh me Down", où la tristesse fait place à la colère sur un rythme plus brutal. Les basses sont d’une lourdeur omnisciente, la gravité du ton est de mise. La contrebasse de la conclusion est mortelle, au sens propre comme au figuré. LORN poursuit dans son impressionnisme noir et brut.

Dans les interstices, on trouve cependant plus de nappes qui s’immiscent, plus d’instruments et plus de mélodies. Outre le chant et la contrebasse sur les titres qui ont déjà leurs chroniques dédiées, on note un piano sur "The Well". Sur "Everything is Violence" et "Dead Dogs", un certain J. Gribble vient remplacer la boîte à rythme programmée par une véritable batterie. "The Gun" et "I Better" sont elles aussi dotées de lignes de chant suaves.

Le chant donc, bien que minoritaire, est plus présent que partout ailleurs dans l’œuvre de LORN. Ce qui confère à Ask the Dust une certaine accessibilité. "I Better" fait, comme les deux versions de "Ghosst", référence à un fantôme. "The Gun" parle-t-il quant à lui de mariage ? Une alliance ratée ? Si oui, la Lady mentionnée est-elle sa femme ou la grande faucheuse ? En reliant les points, on se dit que le (s) supplémentaire de "Ghosst(s)", réuni Marcos Ortega à son père. Deux êtres à l’existence moribonde se font ainsi amèrement écho. Le double visage du clip, qui tourne en rond sur lui-même, au travers de cet album désabusé, prend donc tout son sens. "The Gun" évoque bien, dans la même tirade, de nouvelles cicatrices et des gènes idiots…

Ask the Dust et son portrait reconstitué parle autant de vie que de mort. Une vie qui, tel des souvenirs, s’évanouit dans le temps. Quel est ce visage, d’ailleurs, qui nous toise sur sa pochette ? Est-ce un album-photo ou un ossuaire, que Marcos Ortega nous invite à parcourir ? La réponse est dans la question suggérée par le titre de l’album.

Les sermons de l’église anglaise (Ashes to ashes, dust to dust) rapprochent la poussière et les cendres. Les aspirations insistantes de "Chhurch" et ses étranges claviers nous invitent également à faire quelques parallèles religieux avec cet album. Saviez-vous que les cendres d’un défunt, du fait de la couleur des os et d’une combustion complète, sont plutôt blanches, à l’image de cet album ? Saviez-vous que la France est un des pays au monde doté de la réglementation la plus stricte à ce sujet ? Il est interdit de les conserver chez soi dans une urne. Depuis 2008, il est en revanche autorisé de les disperser, dans un cadre très délimité. Avant la préparation de cette chronique, j’étais persuadé avoir transgressé la loi à ce sujet. Naturellement, les jeter à la figure de médecins haut gradés et de représentants de l’industrie pharmaceutique, en pleine réunion autocongratulatoire à base de petits-fours et mignardises, comme le collectif Act Up l’avait fait, est également interdit. Mais dans l'éventualité (minime, certes) où je me trouverais à proximité de Mark Zuckerberg et une urne funéraire, il est possible que je commette moi aussi un délit...

(1) Si vous vous demandez pourquoi lui n’est pas parti dans l’espace, son dada à lui est l’immortalité… Vaste programme. Je ne suis pas certain que les frigos perpétuels polluent beaucoup moins que les fusées…
(2) Mais pas tout à fait, nous vous renvoyons une fois de plus à la chronique du clip d’Until there is no end.
(3) Une très légère teinte, qui en fait la pochette d’album la plus colorée de l’artiste. Ambiance.
(4) Diamond Dust…

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Marcos Ortega
- J. Gribble (batterie sur 6 et 9)
- B.p. Clarck (contrebasse sur 12)


1. Mercy
2. Ghosst
3. Weigh Me Down
4. This
5. Diamond
6. Everything Is Violence
7. The Well
8. The Gun
9. Dead Dogs
10. Chhurch
11. I Better
12. Ghosst(s)



             



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