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BUFFALO SPRINGFIELD - Buffalo Springfield (1966)
Par LE KINGBEE le 28 Septembre 2022          Consultée 999 fois

Formation pionnière dans les domaines du Folk Rock et du Country Rock Psyché, la naissance de BUFFALO SPRINGFIELD pourrait à elle seule faire l’objet d’un biopic, leur rencontre sur Sunset Street à bord d’un corbillard pour les uns et d’une Cadillac pour les deux autres aurait pu servir de trame aux scénaristes hollywoodiens. Si le groupe n’a enregistré que trois albums, Neil YOUNG et ses compagnons peuvent se targuer d’avoir servi de campagne de déchiffrage à diverses mouvances musicales. Les curriculums vitae de trois de ses membres pourraient remplir un bottin soixante ans après leurs débuts.

Revenons brièvement sur la naissance d’un quintet improbable : la présence de trois Canadiens plus ou moins en situation d’échec, d’un New-Yorkais et d’un Texan ne laissait rien présager de bon. Stephen STILLS fait équipe avec Richie FURAY, les deux hommes sont rejoints par Neil YOUNG et le bassiste Bruce Palmer en provenance des Mynah Birds. A la recherche d’un batteur, le choix se porte sur un autre Canadien, Dewey Martin * un musicien de session entendu auprès de Patsy CLINE, Faron YOUNG, The STANDELLS. En fin de contrat avec The Dillards, Dewey rejoint Buffalo SPRINGFIELD à l’instigation de Doug Dillard et de Jim Dickson, manager des BYRDS.
Le quintet prend le nom de BUFFALO SPRINGFIELD, curieux blaze inspiré par la Buffalo Springfield Roller Company, un fabriquant de rouleaux compresseurs industriels. Après avoir enthousiasmé le public du Troubadour sur West Hollywood, la formation enchaîne une tournée californienne en première partie des BYRDS et des Dillards. Le combo devenu le groupe attitré du Whisky A Go Go décroche un juteux contrat avec Ahmet Ertegun, patron du label Atlantic. Buffalo SPRINGFIELD enregistre sous la bannière d’Atco (filiale d’Atlantic) deux singles en aout 66. Seul "Nowadays Clancy Can’t Even Sing" connaît un mince succès principalement sur la Côte Ouest. Atco passant à la vitesse supérieure décide de leur faire enregistrer un premier album publié en mono suivi d’une édition en stéréo.
Fin novembre, Stephen Stills compose "For What It’s Worth". Enregistrée le 5 décembre 1966, la chanson paraît en single deux jours avant Noël. Au printemps, contre toute attente, elle se classe au 7ème rang des charts US. Dans la foulée, Atco décide de sortir un troisième pressage, avec "For What It’s Worth" en remplacement de "Baby Don’t Scold Me", titre jamais paru en single.

En préambule, signalons que cette chronique est le fruit du 3ème pressage, le plus répandu et le plus connu. Hormis les deux premières éditions, "Baby Don’t Scold Me" sera incorporée dans un coffret publié par Rhino en 2001.
Groupe exceptionnel, Buffalo SPRINGFIELD n’a curieusement connu et commis qu’un seul hit durant ses deux années d’existence. Etrangement, plus d’un demi-siècle après sa sortie, l’inconscient collectif ne se souvient que de cette diatribe composée par Stills, chanson qu’on entend aux génériques de nombreux films et séries télés.
"For What It’s Worth" est inspirée par les émeutes du 12 novembre 66 découlant d’un couvre-feu imposé par les autorités sur Sunset Strip à Los Angeles ; à l’appel de plusieurs stations de radios et via une distribution de flyers, plus d’un millier de manifestants (dont Jack Nicholson et Peter Fonda) se rassemblent au Pandora’s Box. La manifestation se poursuit le lendemain et de nombreux jeunes considérés comme fauteurs de trouble sont conduits manu militari aux postes de police. Présentée à Ahmet Ertegun sous le titre "For What It’s Worth", le big boss d’Atlantic aurait ajouté le sous-titre (Stop, Hey What's That Sound) figurant entre parenthèses. Le tout étant traduisible par Pour ce que ça vaut (Arrête, hé, c’est quoi ce bruit). Le titre repris à moult sauces (The STAPLE SINGERS, CHER, Miriam Makeba jusqu’à Ozzy OSBOURNE) semble toujours d’actualité, le countryman Dale Watson venant de le mettre dans sa besace. Suite aux reprises des STAPLE SINGERS, Lou Rawls, Clara Ward ou The Voices Of East Harlem, elle est largement utilisée lors de marches pour la défense des droits civiques. La chanson se voit aussi utilisée lors de manifestations contre la guerre au Vietnam. Stephen Stills affirmait lors d’une interview radio que de nombreux Américains en font l’amalgame avec la fusillade de Kent, tragédie postérieure durant laquelle la Garde Nationale de l’Ohio tua délibérément quatre étudiants et en blessa une dizaine d’autres. Si les paroles demeurent tristement intemporelles comme en témoignent de sempiternels faits divers, la chanson est au générique d’un épisode de la série télé Mannix, mais aussi dans les Muppet Show (chanté par l’opossum) avant d’intégrer de nombreuses bandes originales (Forrest Gump, Full Metal Jacket, Born on the Fourth of July. There's something happening here - But what it is ain't exactly clear - There's a man with a gun over there - Children, what's that sound ?.

Ramener ce disque à son tube serait toutefois réducteur. Atco incorpore ici les quatre faces des deux premiers singles. Toutes les influences de Stephen Stills et Neil Young, les seuls pourvoyeurs du groupe en matière d’écriture, sont clairement identifiables bien qu’éclectiques.
Plusieurs titres s’inscrivent dans les domaines du Folk Rock ou du Country Rock. "Go And Say Goodbye", future reprise de POCO, pourrait figurer dans un album des Charlatans. "Nowadays Clancy Can’t Even Sing" évoque certains passages des BYRDS. Avec un jeu de guitare plus strident, "Flying On The Ground Is Wrong" marche lui aussi sur les traces des BYRDS, le chant de Richie Furay contribuant à amener un peu de douceur. "Burned", leur premier single, pourrait provenir d’un album des MONKEES. "Pay The Price" demeure annonciateur du futur CROSBY, STILL, NASH. Changement de cap avec "Leave". Interprété par Stephen Stills, le titre accélère la cadence, Young semble appuyer sur le champignon pour un titre en corrélation avec QUICKSILVER MESSENGER SERVICE. Enfin "Out Of My Mind" pourrait être la parfaite synthèse entre les BYRDS et le futur trio Folk anglo-américain AMERICA.

A contrario, et bien que le système avec deux guitares rythmiques, une lead, une basse et une batterie s’apparente aux productions Folk Rock, certaines chansons lorgnent du côté de la British Invasion et plus particulièrement vers les BEATLES comme en attestent "Sit Down I Think I Love You". Même impression avec "Hot Dusty Roads". "Everybody's Wrong" rappelle une mixture entre les Fab Four liverpuldiens et les MONKEES. Sur "Do I Have To Come Right Out And Say It", le timbre de Furay et la mélodie nous renvoient à la croisée des chemins entre BEE GEES et BEATLES, les harmonies devenant plus importantes.

Avec douze pistes qui ne s’éternisent à aucun moment, Buffalo SPRINGFIELD signe ici l’un des disques précurseurs des mouvement Folk et Country Rock californiens. Le jeu des trois guitares, une qualité de textes largement au-dessus de la moyenne, la symbiose des harmonies vocales confèrent au disque une qualification de référence. Le public américain de l’époque succombe aux BYRDS, aux MONKEES, à la British Invasion et à la vague Flower venue de la même région. Deux ans après sa formation, Buffalo SPRINGFIELD disparaît, succombant à l’ego de certains de ses membres. Neil Young fonde The Rockets (futur Crazy Horse), Stills monte CSN, tandis que Richie Furay rejoint POCO alors que Dewey Martin se produit au sein de Medicine Ball, parfois avec Bruce Palmer, et dans deux variantes New Buffalo Springfield et Buffalo Springfield Revisited. Bruce Palmer est décédé en 2004 d’une crise cardiaque, rejoint en 2009 par son comparse Dewey Martin.

*Parfait homonyme avec l’acteur ayant joué dans "La Captive aux yeux clairs" d’Howard Hawks.

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- Neil Young (guitare, piano 8-9, chant 4-6-7-9-11)
- Stephen Stills (guitare, chant)
- Richie Furay (guitare, chant)
- Bruce Palmer (basse)
- Dewey Martin (batterie)


1. For What It's Worth(stop, Hey What's That Sound)
2. Go And Say Goodbye
3. Sit Down I Think I Love You
4. Leave
5. Nowadays Clancy Can't Even Sing
6. Hot Dusty Roads
7. Everybody's Wrong
8. Flying On The Ground Is Wrong
9. Burned
10. Do I Have To Come Right Out And Say It
11. Out Of My Mind
12. Pay The Price



             



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