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NéO-CLASSIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

1991 La Double Vie De Veronique
Décalogue
 

- Style : Henryk Gorecki , Arvo PÄrt
- Membre : Bande Originale De Film

Zbigniew PREISNER - Décalogue (1991)
Par AIGLE BLANC le 22 Octobre 2022          Consultée 745 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Sous quelque angle qu’on l’aborde, la carrière de Zbigniew PREISNER (prononcé ‘Zbigniev’) reste éminemment singulière et atypique.
Il est un des rares compositeurs polonais de musiques de films d'obédience internationale, sans que sa carrière jouisse pour autant d’une renommée équivalente à celle des plus célèbres Ennio MORRICONE, John WILLIAMS, Hans ZIMMER ou Howard SHORE… Cela tient probablement à sa personnalité des plus humbles et discrètes.
De plus, contrairement à la solide formation ‘classique’ de ses confrères, il n'a suivi aucun cursus musical, se présentant lui-même comme un autodidacte, un peu à la manière de VANGELIS, si ce n'est que le compositeur grec, en véritable homme-orchestre, assumait à lui seul la plupart des instruments. Z. PREISNER quant à lui confie toujours cette charge à un orchestre et à des solistes, n'étant ainsi jamais crédité de la moindre participation à l'interprétation de ses oeuvres. De là à envisager la probabilité qu'il ne joue d'aucun instrument, il est un pas que rien ne nous interdit de risquer.
Contrairement au claviériste d'APHRODITE'S CHILD, Z. PREISNER n’a pas beaucoup composé de musiques en dehors du cadre cinématographique : un Requiem à la mémoire de son ami cinéaste Krzysztof KIESLOWSKI décédé en 1996, et intitulé Requiem For My Friend (1998), un recueil de pièces pianistiques (10 Easy Piano Pieces (1999), un Oratorio pour orchestre, choeur et solistes d’après des textes tirés du Livre de Job en collaboration avec la chanteuse portugaise Teresa Salgueiro, (Silence, Night, and Dreams, 2007) et deux collaborations avec Lisa GERRARD (Diaries of Hope, 2013 et Melodies of My Youth, 2019). Même si ses travaux pour le septième art (ou la télévision) constituent l'essentiel de sa carrière (une cinquantaine environ), ils sont loin d'atteindre la pléthorique production habituellement en vigueur dans ce domaine.

Au moment de la diffusion, à la télévision polonaise, du Décalogue, entre décembre 1989 et juin 1990, le compositeur césarisé de Rouge, 1995 (troisième volet de la trilogie Bleu/Blanc/Rouge lui ayant ouvert les portes de l'international), est encore un inconnu. Son ami Krzysztof KIESLOWSKI, co-scénariste et metteur-en-scène de tous les épisodes de la série, lui offre ainsi l'honneur exceptionnel de débuter sa carrière discographique en collaborant à un projet conceptuel d’envergure : illustrer par dix histoires indépendantes, se déroulant toutes dans la Pologne de la fin des années 80, chacun des dix Commandements bibliques.
Aujourd'hui consacrée dans le monde entier, cette série de dix téléfilms d'une heure chacun est entrée dans les annales non seulement de la télévision polonaise mais également du cinéma qui en a produit deux épisodes allongés au format de long-métrage, Tu ne tueras point (Décalogue V) et Brève histoire d'amour (Décalogue VI) ayant été présentés à Cannes avec succès.

Parue en 1991, la bande originale du Décalogue ressemble peu ou prou à un condensé de toute la matière travaillée par Z. PREISNER au cours de la série.
En effet, en un seul CD de 50 minutes environ, sont concentrées les musiques des épisodes I à IX, chacun représenté par deux ou trois titres, à l’exception des épisodes V et VI qui bénéficient de 4 titres (peut-être parce que ce sont les deux dont il existe également une version cinéma), ce qui totalise 25 pistes. Le caractère apparemment incomplet du disque est souligné par l’anonymat des 25 pistes, toutes portant la mention numérotée “Part 1”, “Part 2”, “Part 3” sans que cette numérotation suive forcément l’ordre chronogique. Ainsi, le Décalogue I est représenté par les pistes “Part 6 et 5”, le Décalogue V par les pistes “Part 1, 6, 9 et 12” comme s’il s’agissait pour chaque épisode de la série d’une sélection musicale.
Par ailleurs, l’absence du Décalogue X ne manque pas d’étonner, le format CD contenant encore assez de place pour ajouter ses deux ou trois pistes supplémentaires. Le dernier épisode de la série serait-il dépourvu de musique ? C’est possible.
Pourtant, il n’existe pas d’autres éditions plus complètes du Décalogue. Que cette B.O couvre l’intégralité des musiques de la série ou n’en propose qu’un simple échantillon importe peu en définitive. L'essentiel réside dans l’impact émotionnel que suscite cette musique, d'emblée d'une singularité d'autant plus évidente quand on la replace dans le contexte des B.O qui lui sont contemporaines. Rares sont en effet les musiques de films aussi dépouillées et aussi proches dans l'esprit des oeuvres de Arvo PÄRT, voire de GORECKI. Le compositeur polonais est un adepte du minimalisme sans qu'on puisse l'enfermer pour autant dans ce courant musical emmené par Philip GLASS et John ADAMS. Ici, le minimalisme ne s'exprime jamais mieux que dans l'effectif réduit que valorisent la plupart du temps les arrangements : à chaque épisode, Z. PREISNER concentre son attention sur un thème fort, que sa simplicité rend aisément poignant, et qu’il décline en autant de variantes que le lui permet la magie des arrangements.
Par conséquent, la force de sa musique s’appuie aussi bien sur l’intimité de ses thèmes, tous beaux et profonds, que sur la qualité d’interprétation des musiciens sollicités. En effet, le compositeur, dès cette B.O originelle, a trouvé des instrumentistes au diapason de la transcendance visée par sa musique, autant d’artistes au style caractéristique dont l’auditeur aura le loisir de reconnaître le talent dans la plupart de ses oeuvres ultérieures. Accordons-leur tout le mérite qui leur revient en les sortant d’un relatif anonymat  : à la flûte à bec solo (instrument des plus inhabituels), Jacek Ostaszewski* insuffle la poésie requise par la musique de Z. PREISNER. Sans avoir recours à la moindre virtuosité, il confère à son jeu une expressivité étonnante qui fait tout le prix du thème à l’introspection poignante du Décalogue I. L’humanité qui s’en dégage est des plus saisissantes.
Grâce à la densité de son jeu à la guitare acoustique, Andrzej Modrzejewski imprime au magnifique thème du Décalogue VI une délicatesse bouleversante inversement proportionnelle à la simplicité de son exécution. Là encore, le compositeur réserve à ce thème une version guitare solo qui n’a aucune peine à imprégner de sa profondeur l’espace sonore.
Signature la plus remarquable de son auteur, la soprano Elzbieta Towarnicka débute une collaboration artistiquement fructueuse avec Z. PREISNER. Cette artiste lyrique particulièrement rare (Discogs ne lui connaît qu’un seul enregistrement discographique en dehors de ses interventions sur les B.O de PREISNER) dispose d’un timbre vocal très original : de sa voix cristalline et dans le même temps d’une profondeur saisissante, elle imprime au thème du Décalogue IX un recueillement quasi religieux, même si sa technique de chant ne semble pas des plus orthodoxes. Ce subtil décalage explique sans doute l’étrangeté de ses interventions qui se signalent toutes par leur originalité, le pic émotionnel de sa collaboration avec le compositeur se trouvant indéniablement dans le sublime Concerto en Mi mineur du film La Double Vie de Véronique.
Bien que l’orchestre symphonique de Katowice, autre nom de l’orchestre national de la radio télévision polonaise, soit sollicité à plusieurs reprises, la dimension orchestrale apparaît limitée à l’exécution d’un nombre réduit de cordes, allègement ayant la faveur de Zbigniew PREISNER dans la plupart de ses B.O, à quelques exceptions près (certains passages de la B.O de La Double Vie de Véronique et de Bleu où la charge orchestrale devient subitement puissante dans une déflagration au lyrisme échevelé).

Toutes les caractéristiques de la musique du compositeur polonais sont déjà réunies dès Le Décalogue. Elles seront évidemment développées et approfondies dans ses travaux ultérieurs, pour un résultat parfois impressionnant de profondeur spirituelle.
Ce disque a sa place dans toute discothèque à côté de ceux de Arvo PÄRT.

*Jacek Ostaszewski : paradoxalement, le flûtiste de Zbigniew Preisner est bassiste de formation

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   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Zbigniew Preisner (compositeur)
- Jacek Ostaszewski (flûte à bec)
- Andrzej Modrzejewski (guitare acoustique)
- Konrad Mastylo (piano)
- Elzbieta Towarnicka (soprano)
- Michal Poltorak (violon)
- The Symphonic Orchestra Of Katowice
- Zbzislaw Szostak (chef d'orchestre)


- décalogue I
1. Part 6
2. Part 5
- décalogue Ii
3. Part 1
4. Part 2
- décalogue Iii
5. Part 2
6. Part 3
- décalogue Iv
7. Part 1
8. Part 2
- décalogue V
9. Part 1
10. Part 6
11. Part 9
12. Part 12
- décalogue Vi
13. Part 1
14. Part 2
15. Part 3
16. Part 4
- décalogue Vii
17. Part 6
18. Part 8
- décalogue Viii
19. Part 1
20. Part 4
21. Part 7
- décalogue Ix
22. Part 3
23. Part 7
24. Part 12
25. Part 13



             



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